La Chaumière africaine/Chapitre 12



CHAPITRE XII.

L’aînée des demoiselles Picard habite l’île de Safal. — Sa manière de vivre. — Souffrances qu’elle endure. — Elle cueille des fleurs qui recélaient un poison délétère. — Ses deux frères tombent malades. — Ils sont conduits au Sénégal. — Mademoiselle Picard accablée d’ennui et de tristesse, tombe malade à son tour. — Dénûment où elle se trouve. — Un nègre lui fait un bouillon avec un vieux milan. — Retour de mademoiselle Picard au Sénégal. — Sa convalescence. — Son retour à l’île de Safal. — M. Picard va habiter son île avec toute sa famille. — Description et ameublement de la Chaumière africaine. — Vie champêtre. — Bonheur du coin du feu. — Promenades de la famille. — Petit bien-être dont elle jouit.


Pendant plus de deux mois, je supportai, ainsi que mes jeunes frères, l’ardeur d’un soleil brûlant, les piqûres des insectes, des épines, et la privation des alimens auxquels nous étions habitués. Je souffrais pendant toute la journée, d’un grand mal de tête ; mais je ramassais du coton sur une terre qui nous appartenait, et sur laquelle étaient fondées toutes nos espérances. Le soir, mes deux jeunes frères et moi nous rentrions dans la chaumière qui nous servait d’asile ; les nègres cultivateurs apportaient le coton que nous avions récolté pendant le jour ; ensuite je m’occupais de notre souper. Les enfans accompagnés du vieux nègre Étienne (c’était le gardien de la plantation), allait ramasser quelques branches de bois sec ; on allumait un grand feu au milieu de notre hutte, et je pétrissais les galettes de farine de millet qui devaient servir à notre souper, ainsi qu’à la nourriture du lendemain. Ma pâte étant préparée, je déposais chaque galette sur le brasier que les enfans avaient eu soin de faire. Le plus souvent et surtout quand nous étions pressés par la faim, je les plaçais sur une pelle de fer que j’exposais sur le feu. Ce procédé très-expéditif nous procurait du pain de millet en moins d’un quart d’heure ; mais il faut convenir que ces espèces de gauffres ou galettes, quoique bien préparées et bien cuites, étaient loin d’avoir le goût de celles qu’on mange à Paris. Cependant pour les rendre un peu moins mauvaises, j’y ajoutais du beurre, quand j’en avais, ou bien nous les mangions avec du lait aigre. De ce premier plat, nous arrivions au dessert qui servait en même temps d’entrée, d’entre-mets, de rôti et de salade ; il consistait ordinairement en un plat de haricots cuits à l’eau ou en pistaches grillées. Les jours de fêtes, c’est-à-dire, les jours où mon père venait nous voir, nous oubliions nos mauvais repas en mangeant du pain frais qu’il apportait du Sénégal.

Dans le mois de décembre 1818, étant allée, un matin, avec mes jeunes frères faire une petite promenade dans le bois qui se trouvait derrière notre chaumière, je découvris un arbre chargé de fleurs aussi blanches que la neige, et dont l’odeur me parut des plus suaves. Nous en cueillîmes une grande quantité que nous apportâmes à la case ; mais ces fleurs, comme nous l’apprîmes bientôt par une triste expérience, cachaient un poison délétère. Leur odeur forte et pénétrante, nous causa de violens maux de tête, avant-coureurs des fièvres pernicieuses qui devaient nous conduire à deux pas du tombeau ; aussi deux jours après, mes deux jeunes frères furent atteints d’une forte fièvre ; heureusement mon père arriva le lendemain et les emmena au Sénégal.

Me voilà donc seule avec mon vieux nègre Étienne dans l’habitation de Safal : éloignée de ma famille, isolée au milieu d’une île déserte, dont les oiseaux, les loups et les tigres composaient toute la population ; je donnai un libre cours à mes larmes et à mes chagrins. Le monde civilisé, me disais-je, est loin de moi, un fleuve immense me sépare de mes parens. Hélas ! quelle consolation puis-je trouver dans cette affreuse solitude ? Que fais-je sur cette terre maudite ? Mais qu’ai-je dit, malheureuse que je suis ! Ne suis-je pas nécessaire à mon infortuné père ? N’ai-je pas promis de l’aider à élever ses jeunes enfans que la cruelle mort a privés de leur mère ? Ah ! oui je le sens trop, ma vie est encore nécessaire… Occupée de ces tristes réflexions, je tombai dans une mélancolie qu’il me serait difficile d’exprimer. Le lendemain, dès le point du jour, le trouble de mes pensées me conduisit sur les bords du fleuve, où, le soir précédent, j’avais vu disparaître le canot qui emmenait mon père et mes jeunes frères : là j’attachai mes yeux humides sur la plaine des eaux, sans rien y appercevoir qu’une immensité affreuse ; puis, revenue de mon trouble, je fixai la campagne voisine, comme pour saluer les fleurs et les plantes que l’aurore commençait à dorer. Elles étaient mes amies, mes compagnes ; elles seules pouvaient encore donner quelques adoucissemens à ma douleur, et rendre mon ennui supportable. Enfin l’astre du jour s’élevant au-dessus de l’horison, vint m’avertir de me rendre à mon travail.

Étant donc retournée à la chaumière, j’allai à la récolte avec le nègre Étienne. Pendant deux jours nous continuâmes nos travaux ordinaire ; mais le troisième au soir, en revenant de la plantation à la case, je me sentis tout-à-coup saisie d’un violent mal de tête. Je me couchai aussitôt après mon arrivée. Le lendemain, je me trouvai hors d’état de sortir de mon lit ; une fièvre ardente s’était déclarée dans la nuit, et m’ôtait jusqu’à l’espoir de pouvoir me rendre au Sénégal.

Cependant je manquais de tout absolument. Touché de mon état, le bon nègre Étienne prit son fusil, et alla dans le bois voisin pour tâcher de me tuer quelque gibier. Un vieux milan fut l’unique produit de sa chasse : il me l’apporta, et malgré la répugnance que je lui marquai pour cette espèce d’oiseau, il persista à vouloir m’en faire du bouillon ; environ une heure après, il me présenta une tasse de ce consommé africain ; mais je le trouvai si amer que je ne fis qu’en goûter. Mon état allait toujours en empirant, et chaque instant semblait devoir être le dernier de ma vie. Enfin sur le midi, ayant réuni le peu de forces qui me restaient, j’écrivis à mon père l’état malheureux où je me trouvais. Étienne se chargea de porter ma lettre, et me laissa seule au milieu de notre île. Le soir, je sentis un grand redoublement de fièvre, mes forces m’abandonnèrent entièrement ; je ne pus pas même fermer la porte de la case où j’étais couchée. J’étais loin de ma famille ; aucun être à figure humaine n’habitait mon île ; personne ne voyait mes souffrances ; je tombai dans une profonde léthargie, et je ne sais ce que je devins pendant cette nuit. Le lendemain, dans la matinée, étant sortie de mon état léthargique, je me sentis pressée par une personne qui poussait des cris de désespoir ; c’était ma bonne sœur Caroline ; j’ouvris les yeux, et je reconnus à ma grande surprise, que j’étais au Sénégal, entourée de toute ma famille éplorée. Il me semblait que je revenais de l’autre monde. Mon père m’apprit, qu’aussitôt la réception de ma lettre, il était parti avec le nègre Étienne pour l’île de Safal, et que m’ayant trouvée dans un fort accès de fièvre, il m’avait embarquée pour le Sénégal, sans que je m’en fusse apperçue. Revenue peu-à-peu de mon étonnement, je voulus voir mes frères qui étaient atteints de la même fièvre que moi. Notre maison ressemblait à un hôpital. Ici, un jeune enfant moribond veut qu’on ôte le monstre qu’il s’imagine voir dans son lit ; là, un autre demande à boire, puis refusant de prendre les médicamens qu’on lui offre, il remplit la chambre de ses gémissemens ; plus loin, ma voix plaintive se faisait entendre pour demander quelques rafraîchissemens, afin d’éteindre la soif qui me dévorait.

Cependant, les soins assidus qui nous furent donnés, tant de la part du généreux médecin M. Quincey, que de celle de mon père et de ma sœur Caroline, nous mirent bientôt hors de danger. On m’apprit alors que les fleurs que j’avais eu l’imprudence de cueillir dans le bois de Safal, et dont j’avais orné notre case, avaient été la principale cause de ma maladie et de celle de mes frères. Notre convalescence dura environ deux mois. Pendant ce temps, mon père fit construire deux nouvelles cases à l’île de Safal, dans l’intention d’y aller habiter avec toute notre famille. Mais comme ses affaires le retenaient encore quelques jours au Sénégal, il fut arrêté que je retournerais à Safal avec les enfans, pour continuer la récolte du coton. Nous repartîmes donc tous les trois le lendemain. Dès que nous fûmes arrivés sur le Marigot de l’île de Babaguey, nous hèlâmes le gardien de notre île pour qu’il vînt nous passer dans son canot. En attendant, je m’amusai à considérer notre petite habitation qui me sembla fort embellie depuis qu’elle avait été augmentée de deux nouvelles cases. Je trouvai aussi que la campagne était beaucoup plus verte qu’avant mon départ ; en un mot, toute la nature me parut riante et belle. Enfin, le nègre Étienne que nous appelions depuis un quart d’heure, arriva avec son canot ; nous nous y embarquâmes, et bientôt nous fûmes encore à l’île de Safal.

Arrivés à la chaumière, je commençai par examiner tous les changemens que mon père y avait fait faire pendant ma maladie. La petite case qui se trouvait à l’ouest, fut celle que je choisis pour ma chambre à coucher : elle était proprement faite de paille et de roseaux encore verts ; mais la fenêtre d’où l’on découvrait toute la plaine des cotonniers, fut ce qui me plut davantage. Je m’occupai à nettoyer le parquet de nos appartemens, qui n’était autre chose que du sable dans lequel se trouvaient plusieurs racines et quelques brins d’herbe. Après quoi, j’allai visiter la petite basse-cour, où l’on avait mis depuis peu deux canards et quelques poules. Je fus fort contente de ces petits arrangemens ; je rentrai dans la case principale, afin de préparer le déjeuner. Après ce premier repas, nous reprîmes les travaux de la récolte du coton.

Huit jours s’étaient déjà écoulés depuis notre retour à l’habitation de Safal, lorsqu’un matin nous appercûmes sur la rivière, notre chaloupe que nous reconnaissions toujours à un signal placé au haut du mât ; c’était mon père qui amenait douze nègres qu’on venait de lui louer au Sénégal, moyennant une partie de la récolte de son île. Les hommes furent aussitôt employés aux défrichemens ; les enfans et les femmes nous aidèrent dans les travaux de la récolte du coton. Mon père congédia alors les nègres journaliers, qui chaque jour venaient travailler à Safal, et repartit pour le Sénégal où ses affaires exigeaient encore sa présence.

Je m’attendais à rester long-tems sans voir mon père ; mais au bout de huit jours, je fus agréablement surprise en voyant notre bateau dans la petite rade de Babaguey ; j’envoyai de suite les nègres de l’habitation, pour débarquer nos effets ; et bientôt j’eus le plaisir de presser dans mes bras ma sœur Caroline. Mon père descendit ensuite avec ses plus jeunes enfans ; et toute la famille se vit enfin réunie sous le toît de la Chaumière Africaine de l’île de Safal. « Tu vois, ma fille, me dit mon père en entrant dans nos huttes, tu vois toutes nos richesses ! nous n’avons plus au Sénégal, ni meubles, ni maison, tout est ici avec nous ». J’embrassai mon père et mes frères et sœurs ; ensuite on s’occupa à faire décharger notre bateau. Notre chaumière fut bientôt encombrée. Elle nous servait en même temps de cave, de grenier, de magasin, de salon et de chambre à coucher. Cependant, nous parvînmes à trouver une place pour chaque objet. Le lendemain, nous commençâmes à nous créer un logement plus commode ; ma sœur et moi, nous nous logeâmes dans ma petite case de l’ouest ; mon père s’établit dans celle qui était à l’est, et la grande case du milieu fut le salon de réunion et la chambre à coucher des enfans. Autour de cette dernière, nous suspendîmes avec des cordes quelques planches destinées à recevoir notre vaisselle et divers ustensiles de cuisine : une table, deux bancs, quelques chaises, un grand canapé, de vieilles barriques, un moulin à égrener le coton, des instrumens aratoires, faisaient tout l’ameublement de cette case. Néanmoins, malgré cette grande simplicité, tous les matins, le soleil venait dorer nos lambris de roseaux et de paille. Mon père se fit de sa petite case un cabinet d’étude : ici, sur des planches suspendues par des ficelles, étaient rangés dans le plus grand ordre, ses livres et ses papiers ; là, une tablette de sapin soutenue par quatre piquets fichés en terre, lui servait de bureau ; plus loin, étaient son fusil, ses pistolets, son épée, sa clarinette et quelques instrumens de mathématiques. Une chaise, un petit canapé, une cruche et une tasse formaient son petit mobilier.

Notre chaumière était située sur le sommet d’une petite colline, dont la pente était douce. Des forêts de Mangliers, de Gommiers et de Tamariniers nous couvraient à l’ouest, au nord et à l’est. Au sud se trouvait la plantation que nous appelions aussi la plaine du sud. Cette plaine était déjà couverte d’environ trois cent mille pieds de cotonniers, dont le tiers à-peu-près, commençait à produire. Sur les bords du fleuve, et à l’ouest des cotonniers, se trouvait notre jardin ; enfin, au sud de la plaine, étaient nos champs de maïs, de haricots et de millet.

Notre petite république à laquelle mon père donnait des lois, était réglée de la manière suivante ; nous nous levions ordinairement avec le jour, et nous nous assemblions tous dans la grande case. Après avoir embrassé notre père, nous nous mettions à genoux pour remercier l’Être suprême du nouveau jour qu’il nous accordait. Ce devoir étant rempli, mon père allait conduire les nègres au travail, pendant que ma sœur et moi, nous arrangions le ménage et préparions le déjeuner. Sur les huit heures, mon père revenait à la chaumière, et l’on se mettait à table. Le repas fini, chacun prenait son petit sac et allait ramasser du coton. À onze heures, comme la chaleur devenait insuportable, tout le monde rentrait dans la chaumière ; et nous nous livrions à diverses occupations. J’étais particulièrement chargée de l’instruction de mes jeunes frères et sœurs et des petits nègres de l’habitation. Autour de ma petite case étaient suspendus plusieurs tableaux de lecture, sur lesquels je leur apprenais à lire suivant la méthode de l’enseignement mutuel. Une couche de sable étendue sur un petit banc servait aux plus jeunes pour tracer et apprendre les lettres de l’alphabet. Les autres écrivaient sur des ardoises : nous donnions deux heures à-peu-près à ces exercices ; ensuite mes écoliers s’amusaient à différens jeux. Sur les trois heures, toute la famille retournait aux cotonniers, pour n’en revenir qu’à cinq. Le dîner qui avait lieu ordinairement à six, était suivi d’une petite conversation de famille, dans laquelle les enfans étaient interrogés sur ce qu’ils avaient appris dans la journée. Quand j’étais contente d’eux, je leur promettais un conte, ou une fable pour la veillée. Quelquefois après le dîner, nous allions faire une petite promenade sur les bords du fleuve ; ensuite nous rentrions dans la chaumière où le nègre Étienne avait eu soin d’allumer un grand feu dont l’ardeur forçait les moustiques et les maringoins à céder leur place au petit cercle que décrivait notre famille assise autour du foyer. Là, ma sœur Caroline et moi, nous racontions quelques fables aux enfans, ou bien nous leur faisions une lecture dans l’Évangile ou dans la Bible, pendant que mon père, en fumant sa pipe, s’amusait à considérer toute sa famille réunie. L’heure d’aller se coucher étant arrivée, nous faisions la prière en commun, après quoi, chacun se retirait dans sa hutte pour y prendre du repos.

C’était ainsi que nos jours s’écoulaient au milieu des occupations champêtres et des récréations de famille. Les jours de dimanche tous nos travaux étaient suspendus. Quelquefois, pour passer la journée plus agréablement, et pour nous soustraire aux importunités des chasseurs qui souvent venaient dans notre île, nous nous rendions à l’île de Bokos située à l’est de celle de Safal. Arrivés là, nous nous réunissions sous un gros Baobab qui avait plus de trente pieds de circonférence. Après avoir pris notre modeste repas sous l’ombrage de cet arbre extraordinaire, mon père allait faire sa partie de chasse ; ma sœur Caroline et moi, nous cherchions à découvrir quelques plantes rares à l’aide de nos livres de botanique, tandis que les enfans s’amusaient à faire la chasse aux papillons et aux autres insectes. Charles, l’aîné des garçons, nageait comme un poisson : aussi, quand mon père tuait un canard ou une aigrette sur le fleuve, aussitôt Charles se jettait à la nage, pour aller chercher le gibier ; d’autre fois il grimpait au plus haut des arbres pour y dénicher les oiseaux, ou il s’enfonçait dans les buissons pour nous cueillir quelques fruits du pays. Alors il fallait le voir accourir tout essoufflé et joyeux pour nous faire présent de sa découverte. Nous restions à l’île de Bokos jusqu’à quatre heures du soir ; ensuite nous remontions dans notre Canot, et nos nègres nous ramenaient dans notre île.

Dans le temps des plus grandes chaleurs, pour ne pas nous trop exposer aux rayons du soleil, nous passions une partie du dimanche sous un Tamarinier fort touffu, qui se trouvait à peu de distance de notre chaumière. Ainsi qu’au bon vieux temps, seigneurs, barons et marquis se réunissaient sous l’ormeau du village, pour discuter les intérêts de leurs vassaux ; de même, mon père nous réunissait sous son arbre à Tamarin, pour régler les affaires de sa petite république, et aussi pour nous faire jouir de la vue des paysages que nous offrait son île. Nous prenions quelquefois nos repas sous le Tamarinier ; et dans ces occasions, la pelouse nous servait en même temps de table, de nappe et de siège. Les enfans se roulaient sur la verdure et faisaient mille espiègleries pour nous amuser. Nous commençâmes dès-lors à reconnaître que chaque état de la vie peut fournir ses plaisirs particuliers. Si les six jours de travail de la semaine nous paraissaient longs et pénibles, le dimanche, nous nous en récompensions par nos délassemens champêtres. Nous vécûmes ainsi quelque temps dans la plus grande tranquillité. Isolés de la société dans une île déserte, nous osâmes croire que nous avions trouvé le vrai bonheur.

Tous les mercredis, nous envoyions deux nègres au village de Gandiolle, pour nous acheter quelques provisions, comme beurre, lait, œufs, etc. ; un jour cependant, mon père se décida à faire l’acquisition d’une vache et d’une trentaine de volailles, de sorte que nous pûmes enfin avoir dans notre île, toutes les petites provisions nécessaires à notre famille. Notre basse-cour ainsi montée, nous nous crûmes aussi fortunés que les plus riches princes de l’Afrique ; et en effet, puisque nous avions une chaumière, du lait, du beurre, des œufs, du maïs, du millet, du coton, la tranquillité et la santé, que nous fallait-il davantage pour être heureux ?