La Chasse (Gaston Phœbus)/Chapitre XII

, Joseph Lavallée
La Chasse (1854)
Texte établi par Léon Bertrand, Maison Lefaucheux (p. 75-76).
XII. Du blariau et de toute sa nature

Chapitre douzième.
Du blariau et de toute sa nature.


Blariau ou taisson est assés commune beste ; si ne me convient jà dire de sa faisson ; quar pou de gens sont qui bien n’en ayent veus ; et aussi je ne entens guères à parler de luy ; car ce n’est mie beste où il ait mestrise à le chasser, ne que on chasse par force ; quar elle ne fuit ne refuit guères longuement ; quar les chiens l’ataignent tantost où il se fet abayer et puis on le tue.

Voulentiers demeure dedans terre, ou se est dehors, n’est guères loinh de ses fosses. Il vit de toutes vermines et charoinhes et de touz fruiz et d’autres choses, comme le renart ; mes il ne s’ose mie tant aventurer de jour comme il fet, que il ne scet ni puet fuyr. Il vit plus de dormir que d’autre chose. Ils font une fois l’an comme renarts les cheauls et les portent autant comme renarts, et les font dedans les fosses comme renarts. Quant l’en les chasse ils se deffendent fort et ont la morsure venimeuse comme renart. Encore plus fort se deffendent ils que ne fet le renart. C’est la beste du monde qui plus aqueult de gresse dedans, et c’est pour le lonc dormir qui fet et son sain porte medicine comme celuy du renart. On dit que un enfant qui james n’arait chaucié soulliers, si les premiers qu’il chausse sont de pells de taysson, il garira les chevaux de farcin s’il monte sus ; mes je ne l’afferme mie. Sa chair ne vaut rien à mengier, non fet celle du renart, ne celle du lou.

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