La Chasse (Gaston Phœbus)/Chapitre VII

, Joseph Lavallée
La Chasse (1854)
Texte établi par Léon Bertrand, Maison Lefaucheux (p. 49-50).
VII. Du connil et de toute sa nature

Chapitre septième.
Du connil et de toute sa nature.


Connil est assés commune beste ; si ne me convient jà dire de sa faisson ; quar pou de gens sont qui n’en ayent veu. La connille porte xxx jours et non plus ; et convient que tantost elle aille au masle ; quar autrement elle mengeroit ses connilhaus, einsi que j’ay dit du lièvre. Elle porte ore deux, ore trois, ore quatre, ore cinq laperiaux. Et qui vuelt avoir bonne garaine de connils, il les doit chassier ii ou iii fois la semaine aux espaignolz, qui s’appellent chiens d’oysiauls, et les fere encloter ; quar autrement ils vuydent voulentiers le païs se on ne les tient touzjours près de leurs plapiers[1] ou terriers, espiciaument se lièvre en[2] passe qui soit chaulde, comme j’ay dit devant. Quant le connil vuelt aler à la connille, il fiert si grant coup du pié en terre, que c’est grant merveille. Et en cela s’eschaufe et puis sault sus, et quant il a fait sa besoigne, il se laisse cheoir arrière tout pasmé et demuere un petit comme s’il estoit mort. On les prent einsi comme les lièvres et aux furons, quant ilz sont ès fousses. La char du connill est meilleur et plus saine que celle du lièvre ; quar celle du lièvre est mélenconique et sèche plus que celle du connil. Et quant à la chasse du connil, je la diray quant je parleray comment on doit chasser et prendre les autres bestes et luy. Et pource qu’on ne le chasse pas à force, combien qu’il y ait bien mestrise à le chasser, il me semble que j’ay assés parlé de sa nature.

  1. Plapiers, clapiers.
  2. En, y.