La Chanson du laboureur

La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 307-308).


LA CHANSON DU LABOUREUR


Ohé ! mes bœufs, toujours, encore !
Ohé ! Grivel ! Ohé ! Goubeau !
Il fait clair et le temps est beau ;
L’alouette éveille l’aurore.
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !

Fouillez la plaine tout entière !
Éventrez-la jusqu’au nombril !
Vous boirez l’eau de mon baril,
Vous aurez mon foin pour litière.
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !

Le soleil est père du monde,
Importe peu s’il cuit nos reins !
C’est lui qui fait germer les grains,
C’est ma sueur qui les féconde.
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !

Le grain sera de la farine,
La farine du sang nouveau,
Qui coulera dans mon cerveau
Et dans le cœur de Catherine.
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !

Que deviendra le sang de France ?
Il deviendra trois forts lurons,
Trois filles que nous marierons :
L’Amour, la Force et l’Espérance !
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !


Là-bas, au bout du territoire,
Le Coq a chassé le Corbeau…
Ohé ! Givel. Ohé ! Goubeau !
Pour la moisson ! Pour la victoire !
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !

Maurice Boukay.


(Georges Ondet, Éditeur, 83, faubourg St-Denis Paris.)