« Ferme-toi, cercle enchanté,
Ferme-toi, mur de clarté,
Enceinte de brume,
Porte de lune,
Ferme-toi, et garde-la.
Trace à trace, et pas à pas,
Fermons l’espace,
Et que ses anges n’entrent pas. »
Dans votre palais
Je suis enfermée.
Que me voulez-vous, petites fées ?
N’ai-je pour vous, près des fontaines,
Cueilli la verveine et le serpolet ?
« Nous avons froid. »
Voici mon souffle, voici mes doigts.
Êtes-vous réchauffées ?
Et que demandez-vous encore ?
« Ton âme,
Cette petite flamme d’or. »
La voici ; je vous la donne,
Et prenez mon cœur aussi.
« Nous avions froid, tu nous as réchauffées,
Nous avions faim, tu nous as rassasiées,
Et tu nous as donné ton âme.
Veux-tu, en échange,
Des robes couleur de l’arc-en-ciel,
Comme des ailes, des robes tissues
D’azur et de lune ? »
Non, je veux rester nue,
Comme les fleurs, et comme les anges.
« Nous te donnerons, si tu veux,
Les trésors futurs cachés sous la terre,
En des grottes obscures :
Ce sont les pierres.
Il en brille dans nos cheveux,
Comme des phalènes
D’azur et de feu. »
Non, je dédaigne les choses souterraines.
« Veux-tu des yeux qui soient comme l’aube
Dans l’obscurité ? »
Non, je cherche ce qui se dérobe
Dans la clarté.
« Veux-tu que nous te changions
En un oiseau, un papillon,
En une flamme,
En une fleur, en un rayon ? »
Donnez à mon âme
D’être libre comme vous,
Comme les airs, comme le feu,
Qui souffle où il veut,
Et n’obéit pas même à Dieu.
« Qu’il soit accompli le vœu ingénu,
Le vœu adorable !
Fille humaine, sois libre,
Même de Dieu.
Dans l’invisible,
Nos chants et nos danses vont te suivre.
Trace à trace, et pas à pas,
Nous serons dans l’espace
Où tu seras.
Ouvre-toi, porte de lune,
Enceinte de brume,
Cercle enchanté,
Car voici que renaît l’odieuse lumière,
Que déjà sur la terre
Le coq a chanté. »
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