La Cathédrale de Lyon/II/11

Henri Laurens (p. 50-54).

Façade. — Construite au cours du XIVe siècle et achevée au XVe siècle, la façade constitue la dernière étape de la construction de la cathédrale.

Photo L. Bégule

La façade

Elle s’élève, large et sévère, au-dessus d’un parvis de trois marches, sur un soubassement formé d’énormes blocs de marbre cipolin veiné de vert, qui proviennent du Forum de Trajan. Elle se divise dans le sens de la hauteur, en trois étages distincts.

Le soubassement est percé de trois larges baies surmontées de profondes voussures peuplées de légions d’anges et de saints et couronnées de gables élancés décorés de rosaces aveugles. Les trente-deux grandes statues qui formaient une imposante garde d’honneur à l’entrée des trois portails et dans leur intervalle sur le devant de la façade ont disparu, mais les innombrables bas-reliefs qui animent les pieds-droits présentent un merveilleux ensemble iconographique qui demande une étude spéciale. Au-dessus des trois portails se développe, sur toute la largeur de la façade, une série d’arcatures aveugles au niveau du triforium ; elles sont coupées par le gable central. De part et d’autre de celui-ci des écussons aux armes de France et du pape Sixte IV furent placées solennellement en 1476, en mémoire des faveurs spirituelles accordées à l’Église de Lyon. Une balustrade découpée en quatre lobes et bordant une galerie de circulation termine le premier étage.

Sur cette galerie s’élève un mur en retrait, plus sobrement décoré, au milieu duquel s’ouvre la grande rose de Jacques de Beaujeu, achevée en 1392. Elle est accompagnée, latéralement, de deux groupes de quatre consoles et d’autant de dais finement sculptés qui abritaient jadis de grandes statues. Dans le groupe de gauche, on a établi le cadran de l’horloge. Aux extrémités de la façade, les tourelles à pans coupés des escaliers se détachent à l’étage supérieur où elles viennent se souder aux deux clochers.

Une seconde balustrade termine le second étage et sert de base au grand pignon et aux deux tours qui se détachent à ce niveau, en constituant la troisième division de la façade.

Les quatre faces des deux tours sont percées de grandes ouvertures à meneaux. Une balustrade avec pinacles et crête fleuronnée en couronne le sommet. Sur la plateforme de ces tours, des souches d’arêtes et, aux angles, les arrachements de quatre pinacles portant sur quatre trompes indiquent visiblement que le plan primitif avait prévu deux flèches octogonales, peu élevées à vrai dire, qui n’ont jamais été exécutées.

Le grand pignon, simple motif décoratif, ne se soutient que par son aplomb et le constructeur, pour l’alléger, l’a ajouré d’une haute et élégante baie à meneau qui, avant l’établissement du comble monumental de 1862, découpait heureusement sur le ciel la dentelle de ses ajours. À droite et à gauche de la baie, la Vierge et l’Ange de l’Annonciation et, au sommet, dominant tout l’édifice, un Dieu de Majesté remplacent les figures d’Hugonin de Navarre, taillées en 1481 et détruites par les calvinistes en 1562. Cette dernière figure qui avait été dorée en 1482 étincelait au soleil. Pourquoi, lors de sa réfection, ne pas lui avoir rendu son ancienne parure.

Malgré la sobriété et la simplicité de lignes de cette façade, qui se réduit presque à un schéma architectural, et bien qu’elle soit aujourd’hui privée de la plus grande partie de la statuaire qui l’animait, on ne peut méconnaître sa majestueuse grandeur.

Photo L. Bégule.

Retable de la chapelle de l’Annonciade