La Cathédrale de Lyon/I/5

Henri Laurens (p. 18-20).

Ressources de l’œuvre. — Après quatre siècles d’efforts persévérants, la cathédrale de Lyon était achevée. Mais, pour mener à bien une œuvre de cette importance il fallait d’abondantes ressources. Et pourtant, l’église de Lyon n’était point riche, ayant eu beaucoup à souffrir de l’invasion des barbares, de querelles intérieures et de luttes ruineuses qu’elle eut souvent à soutenir à main armée contre de puissants voisins avant la réunion du Lyonnais à la France. Aussi dut-elle faire appel aux libéralités particulières, qui affluèrent d’ailleurs bientôt, et nous voyons les archevêques Renaud de Forez en 1226, Robert II en 1232, les dignitaires du chapitre, le doyen Étienne vers 1190, le doyen Guillaume de Collonges en 1226, le précenteur Uldric Palatin et le prêtre Laurent d’Izeron en 1231, le doyen Arnauld de Collonges et nombre d’autres offrir des sommes importantes, des verrières, des orfèvreries. Des laïques suivent l’exemple : un bourgeois, Ponce, et une veuve entretiennent chacun un ouvrier pendant une année. À côté de ces dons particuliers mais incertains, le clergé métropolitain ne pouvait disposer annuellement que de 600 livres fixes pour la construction. Malgré ces généreux concours, l’œuvre n’avançait que lentement.

Le grand concile tenu par Innocent IV, pendant son séjour à Lyon en 1245, fut une bonne fortune pour l’œuvre de « la grande église ». Les nombreuses indulgences concédées par le pape à tous

Photo L. Bégule.

Côté latéral de l’abside et clocher de la Madeleine

les fidèles qui venaient en aide à la « fabrique » pour l’achèvement de la cathédrale, activèrent efficacement l’élan de générosité. Ses successeurs, Alexandre IV en 1255, Urbain IV en 1262, Jean XXII, à l’occasion de son couronnement dans la cathédrale en 1316, accordent aux donateurs de nombreux privilèges spirituels et de nouvelles indulgences. Dès la fin du xiiie siècle, pour activer les travaux, une « Confrérie de l’œuvre de Saint-Jean » fut fondée dans toutes les paroisses du diocèse, pour centraliser les aumônes et en assurer le recouvrement. Enfin, en 1393, Clément VII étendit aux bienfaiteurs de la cathédrale de Lyon les indulgences concédées jadis à ceux des églises de Latran et de Saint-Pierre de Rome.