La Catastrophe de la Martinique (Hess)/41

Librairie Charpentier et Fasquelle (p. 268-272).


XLI

LA CATASTROPHE ET LES VOYANTES


Il fallait s’y attendre.

La catastrophe devait avoir été prédite par les voyantes, et surtout par la voyante.

Les créoles n’ont pas manqué de le rechercher, et le 20 mai le Courrier de la Guadeloupe publiait ce curieux article :


Une de nos lectrices nous fait tenir, avec prière de la publier, une page de prophéties de Mlle Couédon. Voici cette page extraite de l’Écho du Merveilleux du 1er août 1899 :


Bazar de la Charité et la deuxième catastrophe similaire annoncée.


3e fascicule, page 142.

Un danger du ciel menace les Champs-Élysées qui seront incendiés, détruits.

Écho, 1897, page 135.

Près des Champs-Élysées
Je vois un endroit pas élevé,
Qui n’est pas pour la piété
Mais qui en est approché,
Dans un but de charité
Qui n’est pas la vérité.
Je vois le feu s’élever
Et les gens hurler.
Des chairs grillées,
Des corps calcinés
J’en vois comme par pelletées.


Deuxième catastrophe.


L’autre n’est rien à côté
De longs voiles crêpés
J’en vois comme des milliers
Le feu va y passer
Et cela sans tarder
Une catastrophe aisée
Dont on n’a pas idée.
Des hommes vont griller
J’en vois plus d’un millier.
Et puis, comme à côté,
Je vois des chairs glacées,
Une fièvre passée,
Je vois, sera redonnée.
Je vois les flammes s’élever
Dans un endroit aisé
Qui n’est pas éloigné
De celui qui a été.

Écho, 1897, page 234 (Tilly).

Louise Polinière voit les détails de la deuxième catastrophe, les hommes se tordant dans les flammes. Un éboulement doit accompagner ce sinistre. Le nom de la rue ou de l’endroit commence par Mar…

Écho, 1897, page 257.

Marie Martel, dans un entretien dit : L’incendie du Bazarde la Charité n’a été qu’un premier avertissement. Si la France ne fait pas pénitence, un autre avertissement plus terrible lui sera donné, ce sera une catastrophe épouvantable produite par le feu encore, et où il périra beaucoup plus de monde que dans l’incendie du bazar de la Charité. Si après ce dernier avertissement les hommes ne reviennent point à Dieu, alors les grands châtiments commenceront.


Écho, 1897, page 279.

Préservez les petits enfants… Ça sera proche… quelle catastrophe… que de monde détruit ! Que sera l’autre à côté si ce n’est qu’une petite épreuve ? Avant la fin de l’année… épargnez les petits enfants ! Ce seront des petits martyrs… faites qu’ils ne souffrent pas le feu de la terre. (Louis Polinière.)

Écho, page 361, Tilly.

Ce sera encore pire… encore des petits enfants… Ce ne sera rien à côté de l’autre… Je vous supplie, épargnez-les tous… encore des petits enfants… Épargnez-les, ce n’est pas leur faute… (Marie Martel.)

Écho, 1898, page 140.

Ça vous est approché.
Des flammes vont y aller.
Un incendie s’élever,
Des enfants y seront brûlés,
L’autre ne sera rien à côté.
Je vois des mères éplorées.
C’est un, endroit aisé
Qui n’est pas haut monté.

Écho, 1897, page 14.

Le vent va y aider,
Et l’eau va manquer.
Les chairs vont s’émietter
Beaucoup de livres seront brûlés
Des parchemins aisés,
C’est une calamité
Des enfants vont y aller,
De velours habillés,
Car c’est une fête aisée,
La richesse est donnée

Dieu, on va l’accuser.
Jésus est irrité,
Jésus est blasphémé,
Il faut bien vous rappeler
Que son sang il l’a donné.


Cela fut très commenté aux Antilles, où la croyance au merveilleux est très répandue…

Si les amateurs de faits pouvant passer pour des pré-indications veulent que je leur en serve un inédit, voici.

J’avais l’intention de n’aller qu’en Haïti et à Saint-Domingue. Lorsque je prismes billets de passage à la Compagnie Transatlantique à Paris, j’avais demandé : aller Port-au-Prince — puis Port-au-Prince-Saint-Domingue — puis Saint-Domingue-Port-au-Prince — et enfin Port-au-Prince retour.

L’aller Port-au-Prince, c’est Bordeaux-Port-au-Prince ; mais le retour c’est Port-au-Prince-Le Havre.

Pour revenir par un transatlantique de Port-au-Prince en France en débarquant à Bordeaux, il faut aller prendre à Fort-de-France par l’annexe des Antilles le paquebot de la ligne de Colon-Bordeaux.

Or, sur mon billet retour de Port-au-Prince en France, billet pris à Paris en février, l’employé avait inscrit Port-au-Prince-Bordeaux… alors que j’avais la ferme intention de rentrer d’Haïti directement sur le Havre sans faire crochet par la Martinique. Connaissant cette île je croyais que jamais je n’aurais quelque chose de nouveau à y étudier…

J’avais compté sans le volcan…

Et la distraction d’un employé me libellait un billet régulier pour me faire passer par l’île au volcan..

Pensez-en ce que vous voudrez… mais bien que j’aime beaucoup ce brave Méry, ne croyez pas que j’aie l’intention de travailler concurremment avec Mlle Couesdon pour l’Écho du Merveilleux… Non…