La Catastrophe de la Martinique (Hess)/39

Librairie Charpentier et Fasquelle (p. 252-254).


XXXIX

CONCLUSIONS


En serait-il besoin ?

Est-ce que de toutes ces choses vues, entendues, notées, et qu’on vient de lire, ne se dégage pas la vérité ?

Faut-il insister ?

Non.

Un point cependant.

On a dit que puisque M. Clerc avait eu la majorité au premier tour, ce n’était pas l’intérêt du gouvernement de faire voter au ballottage, et qu’en dispersant la population de Saint-Pierre, il aurait travaillé pour son ministère, tandis qu’en la maintenant sous la menace du volcan, il travaillait pour l’adversaire…

Non.

Un des deux concurrents de M. Clerc, M. Lagrosillère, d’ailleurs aussitôt après pourvu d’une situation officielle, s’était désisté en faveur de M. Percin, qui, grâce à cet appoint, aurait eu la majorité.

Ainsi tombe le seul argument des défenseurs de… l’imprudence homicide… de M. Decrais.

J’aurais voulu que cette leçon du volcan qui a tué les noirs et les blancs sans s’inquiéter de la couleur de leur peau, eût appris aux irréconciliables de là-bas, qu’en dehors de la loi républicaine à quoi ils ne veulent pas se soumettre, il y a d’autres lois devant quoi tous les hommes sont égaux, celles de la souffrance et celles de la mort…

Allez reconnaître dans le charnier de Saint-Pierre les blancs des noirs…

Allez…

Mais les passions des hommes sont plus puissantes que la raison…

L’avenir maintenant.

L’avenir que les misères du jour montrent si sombre.

Le recours à la charité ?

On ne peut plus admettre la charité. Ni les indemnités. Ni qu’on mendie. Ni politique dégradante… suivie par tous.

La mendicité qui pleure et qu’on écoute, ce n’est pas un remède, ce n’est pas une solution.

Ceux qui sont morts n’ont plus besoin de rien.

Ceux qui survivent, on ne leur doit que le droit au travail.

C’est une organisation du travail à la Martinique qui est nécessaire.

C’est de leur sol que les survivants doivent tirer leur subsistance, de leur travail par leurs bras et non de l’aumône.

La terre est clémente sous les tropiques.

On y vit sans grand effort.

Le programme est simple.

— Assurer, par une répartition des terres libres, et des avances de subsistance et de semences, les cultures vivrières qui permettent à l’homme de vivre, sur son sol, de son sol.

— Comme encouragement, comme secours, dégrever à l’entrée en France, les produits martiniquais actuellement frappés de droits.

Et c’est tout.