La Catastrophe de la Martinique (Hess)/37

Librairie Charpentier et Fasquelle (p. 224-236).


XXXVII

L’HISTOIRE OFFICIELLE DE LA MARTINIQUE PENDANT ET APRÈS L’ÉRUPTION


Elle est dans les télégrammes envoyés au gouvernement, d’abord par M. Mouttet, ensuite par M. Lhuerre.

Ces télégrammes, communiqués par les services de presse du ministère, ont été publiés.

Je n’y reviendrai pas.

Mais comme aujourd’hui l’on discute sur cette question de savoir si l’administration pouvait être rassurée au point de maintenir… comme elle l’a fait… de force, ses fonctionnaires à Saint-Pierre, et par cela même les habitants ;

Comme on prétend même que tout ce que le public savait était de nature à l’engager à demeurer sous le volcan, dont les menaces ne pouvaient être prises au sérieux ;

Sans chercher preuves du contraire dans des renseignements, dans des entretiens qui pourraient être niés, je reproduirai simplement les dépêches qui ont été affichées à la porte des bureaux du câble français à Fort-de-France, puis imprimées par le Journal officiel de la colonie.


Fort-de-France, 3. — La nuit dernière, l’éruption volcanique de la Montagne Pelée a pris de grandes proportions. La ville de Saint-Pierre et les campagnes environnantes ont été couvertes par une épaisse couche de cendres grisâtres. De nombreuses détonations ont été entendues, et on a remarqué que le sommet de la montagne était sillonné d’éclairs.

Enfin, vers 2 heures du matin, le cratère a vomi des flammes et projeté des pierres d’un assez fort volume, dont quelques-unes sont tombées sur le quartier dit « Montagne d’Irlande », près du Prêcheur, qui est situé à plus de 2 kilomètres à vol d’oiseau du cratère.

Ce matin, la route du Prêcheur est presque interceptée par une épaisse fumée et de très fortes odeurs de soufre.

À Saint-Pierre, un brouillard intense empêche la circulation du tramway de Fonds-Coré. Une forte panique règne et les quartiers du Prêcheur, Morne-Rouge, Sainte-Philomène, sont désertés par les habitants.

À Fort-de-France, les toits des maisons et les rues sont couverts d’une légère couche de cendres.

Saint-Pierre, 8 heures du matin. — Nouveaux renseignements fournis par M. Sully : Au Prêcheur, on constate des trépidations bien marquées et des grondements souterrains. À Saint-Pierre, la pluie de cendres, qui avait cessé un instant, a repris avec plus d’intensité. Il est probable que l’éruption va augmenter de violence.

L’épaisseur de cendre tombée cette nuit est de 1 millimètre au Mouillage et de plus de 2 millimètres au Prêcheur. La population est très émue.



Fort-de-France, 4. — L’éruption volcanique de la Montagne Pelée continue. Hier, jusqu’à 6 heures du soir, la brise entraînait la pluie de cendres vers l’Ouest, ce qui formait un nuage noir très opaque se prolongeant jusqu’à l’horizon. De 6 heures 30 à 9 heures du soir, cette pluie de cendres s’est abattue sur Saint-Pierre et les environs, et un bruit sourd a été entendu toute la nuit.

Ce matin la pluie de cendres continue mais ne tombe plus sur Saint-Pierre.

Saint-Pierre, 9 heures du matin. — Nouveaux renseignements fournis par M. Sully :

L’éruption continue avec la même intensité ; les cendres continuent de tomber en abondance sous le vent des cratères. Un nouveau cratère s’est ouvert au nord de ceux déjà existants.

À Saint-Pierre, il est tombé 2 millimètres de cendres, au Fonds-Coré, 12 au Prêcheur très fortes quantités.

La Rivière-Blanche dont le cours avait considérablement augmenté est complètement desséchée.



Saint-Pierre, 5. — Renseignements fournis par M. Sully sur l’éruption volcanique :

Ce matin, période d’accalmie, cendre continue à tomber au Prêcheur et autres endroits sous le vent des cratères. Cendre tombée cette nuit à Saint-Pierre, 3 dixièmes de millimètre. On compte aujourd’hui en totalité 4 millimètres de cendres tombées à Saint-Pierre, 5 centimètres au Prêcheur et 25 à 30 centimètres sur les pentes moyennes de la montagne. Campagnes abandonnées par population ; pénurie complète de vivres et d’eau ; animaux meurent de faim et de soif ; branches arbres se brisent sous le poids des cendres. La nuit dernière, intensité de l’éruption avec déploiement considérable d’électricité atmosphérique, éclairs, tonnerre, langues de feu. Les habitants de Fonds-Coré désertent l’endroit.

La nuit dernière, les cendres tombaient également en abondance sur Macouba.

En dernière heure, on annonce que la Rivière-Blanche déborde d’une façon extraordinaire menaçant l’usine Guérin. M. Guérin déménage et gagne la ville avec toute sa famille.



Saint-Pierre, 5 mai 1902, dernière heure.

12 h. 35. — Rivière-Blanche devenue torrent furieux roulant de la lave boueuse. « Rivière-Sèche » qui était à sec ces jours derniers roule des eaux noirâtres en petite quantité.

1 h. 22. — À l’instant, très forte poussée d’éruption ; la mer monte, un magasin a, dit-on, été envahi, des bateaux sont à la côte. On ferme tous les magasins ; c’est un raz de marée et les quais sont brisés. Le « Rubis » est à la côte, cela est dû, sans doute, à une secousse souterraine ; faits très graves, panique épouvantable.

1 h. 27. — Mer se retire de 25 à 30 mètres pour revenir au rivage avec dépassement niveau normal de plusieurs mètres ; formation nombreuses fumeroles et crevasses dans vallée de Rivière-Blanche depuis l’embouchure jusqu’à cratère volcan. Situation très grave, panique épouvantable.

1 h. 35. — À 1 h. 10, une coulée de laves, échappée de l’étang sec avec fumées énormes, est descendue à la mer en moins de trois minutes par la vallée de la Rivière-Blanche. Il y a très probablement des victimes.

Saint-Pierre, 3 heures du soir. — Vers une heure, une coulée de laves s’est précipitée du cratère et s’est dirigée vers vallée de la Rivière-Blanche. Usine Guérin en partie effondrée ensevelissant sous ses ruines tout le personnel de l’usine.

Victimes, vue soudaineté du désastre, semblent être très nombreuses.

La lave, arrivée à la mer, a produit une action de retrait qui très accentuée, des flots sont revenus ensuite vers le rivage en produisant une lame énorme qui a englouti les deux chaloupes à vapeur de l’usine Guérin. Panique épouvantable. Habitants se retirent vers les hauteurs.

Saint-Pierre, 3 heures 29 soir. — Le volcan fume très fort, la terre tremble légèrement ; le raz de marée est terminé, il n’a pas duré plus d’un quart d’heure. Les bateaux sur rade n’ont pas souffert ; la poussée de la mer les avait simplement rapprochés du rivage.

En ce moment, les bateaux paraissent se préparer à lever l’ancre.

5 mai, 8 heures (soir). — L’usine Guérin n’existe plus. Sur un parcours de plus de 600 mètres tout a été couvert par environ 10 mètres d’épaisseur de lave boueuse. Une tranchée énorme a été ouverte par le passage de la lave.

8 heures 30. — La route du quartier de la Rivière-Blanche n’existe plus ; elle est recouverte par une couche de boue d’environ 28 mètres.

9 heures 30. — On annonce de Fonds-Coré que la distillerie Isnard, le morne Saint-Martin, l’usine de la Rivière-Blanche et les magasins de la distillerie Furnon ont complètement disparu. La distillerie Bernard est fortement endommagée. Le postillon de Fonds-Coré, Sainte-Philomène et Prêcheur ne pouvant continuer a dû revenir sur ses pas.

Le départ du steamer américain Korona a été renvoyé à jeudi 8 courant.



Fort-de-France, 6. — Renseignements fournis par M. Sully.

Nuit dernière, éruption a continué très fort. Vers 3 heures du matin, un fort grondement, dû probablement à un débordement du cratère, s’est fait entendre pendant environ vingt minutes. Ce matin le débordement de boue assez abondant.

Renseignements fournis par M. Landes :

La Montagne Pelée était partiellement découverte ce malin. La digue de l’Étang sec brisée aux pieds du Petit-Bonhomme n’existe plus. Nous voyons rouler, de la hauteur, sur le côté du Petit-Bonhomme, faisant face au Morne à la Croix, des blocs et de la lave incandescente. Quelques instants après chute de nouvelles laves et blocs énormes venant du Morne-la-Croix qui remontent la paroi du Petit-Bonhomme.



Tout cela faisait un ensemble de phénomènes effrayants.

Si effrayants que l’on ne permettait plus le 7, d’afficher autre chose que des communications rassurantes. Cela est prouvé, cela est avoué…

Et l’on faisait dire à M. Landes :


« À mon avis, la Montagne Pelée ne présente pas plus de danger pour la ville de Saint-Pierre que le Vésuve n’en offre pour Naples. »


Et à M. Sully :


« D’après les apparences extérieures, l’intensité de l’éruption est en décroissance marquée. La hauteur de la colonne de cendre qui, dans la nuit de dimanche à lundi, atteignait 5,600 mètres n’arrivait plus dans la matinée d’aujourd’hui qu’à 2,500 mètres. L’éruption de boues fumantes dans la vallée de la Rivière-Blanche n’arrive plus à la mer.

Beaucoup de touristes se sont dirigés vers le cratère. »


Puis comme ces notes ne suffisaient pas, comme on se rappelait qu’en 1851 la population n’avait été rassurée que par des déclarations de savants réunis en commission, le 7 on affichait :


Fort-de-France, 7, 10 heures matin. — Le Gouverneur vient de nommer une commission à l’effet d’étudier les caractères de l’éruption volcanique de la Montagne Pelée. Cette commission est composée de MM. le lieutenant-colonel Gerbault, directeur de l’artillerie, président ; Mirville, pharmacien major des troupes coloniales ; Léonce, sous-ingénieur colonial des Ponts-et-Chaussées ; Doze et Landes, professeurs de sciences naturelles au Lycée de Saint-Pierre.

Les résultats des travaux de la commission seront portés à la connaissance du public.


Et c’était ensuite la suprême ironie du destin…!

Deux heures après l’anéantissement de Saint-Pierre, alors que l’on ne savait encore rien de la catastrophe on affichait ceci à Fort-de-France :


La commission nommée par l’administration de la Martinique pour étudier les phénomènes volcaniques de la Montagne Pelée s’est réunie le 7 mai à Saint-Pierre, à l’hôtel de l’Intendance sous la présidence d’honneur de M. le Gouverneur. Après examen des faits constatés depuis le commencement de l’éruption, elle a reconnu :

« 1o — Que tous les phénomènes qui se sont produits jusqu’à ce jour n’ont rien d’anormal, et qu’ils sont au contraire identiques aux phénomènes observés dans tous les autres volcans ;

« 2o — Que les cratères du volcan étant largement ouverts l’expansion des vapeurs et des boues doit se continuer comme elle s’est déjà produite sans provoquer des tremblements de terre ni des projections de roches éruptives ;

« 3o — Que les nombreuses détonations qui se font entendre fréquemment sont produites par des explosions de vapeurs localisées dans la cheminée et qu’elles ne sont nullement dues à des effondrements de terrain ;

« 4o — Que les coulées de boue et d’eau chaude sont localisées dans la vallée de la rivière Blanche[1] ;

« 5o — Que la position relative des cratères et des voilées débouchant vers la mer permet d’affirmer que la sécurité de Saint-Pierre reste entière ;

« 6o — Que les eaux noirâtres roulées par les rivières des Pères, de Basse-Pointe, du Prêcheur, etc., ont conservé leur température ordinaire et qu’elles doivent leur couleur anormale à la cendre qu’elles charriaient.

« La commission continuera à suivre attentivement tous les phénomènes ultérieurs, et elle tiendra la population au courant des moindres faits observés. »


Y a-t-il quelque chose de plus tragique… et savez-vous quelque chose de plus macabre que cette pièce officielle aux six considérants officiels d’encouragements officiels… rédigée par des savants officiels sous la présidence d’honneur du gouverneur.

Quand ils écrivaient cela ils avaient peur….

Quand ils affirmaient que les phénomènes du volcan n’avaient rien d’anormal ils sentaient qu’ils sombraient dans l’inconnu et ils avaient peur…

Et ils mentaient… !!



La métropole témoigna de suite quel vif intérêt elle porte à la Martinique et combien douloureusement avaient retenti en France les échos de la catastrophe où quarante mille Martiniquais, quarante mille français avaient trouvé la mort.

M. Decrais ministre des colonies et interprète officiel de la douleur française adressa au gouverneur par intérim toute une série de télégrammes que l’Officiel de la Martinique a publiés.

Voici le premier.


Paris, 10 mai 1902.
Gouverneur Fort-de-France (Martinique).

C’est avec la plus poignante douleur que le Gouvernement a appris la catastrophe dont la population et la ville de Saint-Pierre viennent d’être les victimes. Je vous prie de transmettre à nos infortunés concitoyens de la Martinique l’expression de la profonde sympathie qu’éprouve pour eux dans cet immense malheur la Nation tout entière. Jamais la Métropole n’a senti avec plus de force la puissance des liens qui l’attachent depuis des siècles à ses vieilles et fidèles colonies antillaises. Demain matin, le croiseur d’Assas partira avec une mission chargée par le Gouvernement de s’entendre avec vous pour la distribution d’une somme de 500.000 francs qu’elle apporte.

Decrais.


Puis, après les télégrammes arriva la pensée vivante du ministre, M. Maurice Bloch, le chef des comptables du Pavillon de Flore. Il apportait 500.000 francs et des consolations à bord du croiseur d’Assas.

J’ai assisté à son arrivée. Je ne l’ai pas vu distribuer les 500.000 francs. Mais je l’ai entendu verser les consolations.

C’était à la mairie de Fort-de-France, devant la Commission de secours, et voici quel fut ce discours… de consolation :


Messieurs, a dit l’éloquent interprète de la pensée ministérielle, je viens, au nom du gouvernement de la République, vous apporter le témoignage de douloureuse et profonde sympathie de la France.

À la nouvelle de la terrifiante catastrophe qui, en s’abattant sur une de nos plus anciennes et plus chères colonies, anéantissait une population de près de trente mille âmes et rayait une cité grande et prospère de la carte du monde, la stupeur et l’angoisse s’emparèrent du pays fout entier.

Dès qu’il apprit la destruction de Saint-Pierre, M. le ministre des Colonies, qui se trouvait dans la Gironde, rentra précipitamment à Paris, décidé à aller lui-même à la Martinique distribuer les secours et les consolations nécessaires ; mais les devoirs impérieux de sa charge, l’importance même des mesures à prendre, qui commandait sa présence dans la capitale, triomphèrent de son ardent désir et il dut me déléguer le grand honneur de le représenter, en me confiant le soin d’apporter quelque soulagement à tant de misères. Toutefois, pour bien marquer quelle part personnelle il prenait à vos souffrances, le ministre a tenu à m’adjoindre son secrétaire particulier, dépositaire de sa pensée, intime confident de son douloureux souci.

Je n’ai pas l’éloquence de M. Albert Decrais, je ne possède pas le charme inimitable de sa parole, je ne saurais trouver les mots qu’il aurait su vous dire, mais je puis au moins suivre ses instructions et donner toutes mes forces et toute mon âme à l’adoucissement des infortunes que je vais rencontrer ici. Je ne faillirai pas, croyez-le, à ce pieux devoir.

Messieurs, j’ai appris au cours de ce voyage qu’un superbe mouvement d’émotion et de confraternité s’emparait des nations qui accourent en foule à votre aide, et, s’il était possible de concevoir aujourd’hui quelque compensation à vos souffrances, il faudrait la chercher dans cette magnifique et puissante manifestation de solidarité humaine.

Avant de terminer, Messieurs, je tiens à donner au nom du gouvernement, en mon nom personnel aussi, un dernier salut à ceux qui ne sont plus. J’adresse donc l’adieu suprême à M. le gouverneur Mouttet, mort victime de son devoir, à Mme Mouttet, cette femme gracieuse et forte, cette femme française qui allait au danger en toute simplicité pour partager avec son mari les risques de sa haute mission, comme elle en partageait les honneurs.

J’adresse l’adieu suprême au colonel Gerbault et à sa femme qui, comme Mme Mouttet, n’a pas voulu, à l’heure du combat contre la nature révoltée, se séparer du compagnon de sa vie.

Je m’incline devant M. Michon, le directeur de la Banque, devant les sœurs de charité, les prêtres, les officiers, les magistrats, les fonctionnaires de tout rang, devant la jeunesse de nos écoles, aujourd’hui fauchée, devant les enfants et les femmes, devant tous nos concitoyens, devant tous les chers disparus ; je m’incline et je pleure, confondu par la grandeur du désastre et par cette désolation.

Je suis venu ici vous présenter les condoléances émues du gouvernement. La nation tout entière a ressenti une poignante douleur à la nouvelle de cette catastrophe qui, en quelques instants, a fait de la cité florissante de Saint-Pierre, le centre le plus important de la colonie, un amas de décombres et de ruines.

Dès mon arrivée, on m’a rendu compte de tout le dévouement dont on fait preuve, dans les secours apportés aux sinistrés et leur sauvetage, les officiers et leurs troupes, les fonctionnaires et les magistrats municipaux qui, comme des soldats à l’assaut, ont été les premiers au danger.

Je n’ai pas besoin de rappeler la conduite héroïque du Suchet et de son admirable commandant ; le souvenir de tout ce qui a été fait dans la circonstance par l’équipage de ce navire est trop présent dans les esprits.

Je n’ai pas non plus besoin d’insister sur la courageuse attitude de votre dévoué sénateur, qui, oubliant ses malheurs de famille et ses intérêts particuliers, s’est immédiatement porté au secours de ses concitoyens en détresse.

Enfin, puisque M. le maire de Fort-de-France est devant moi, qu’il me permette aussi de lui rendre hommage pour l’activité et l’esprit de sacrifice vraiment admirables qu’il a montrés dans les douloureuses circonstances que nous traversons. Il donne à l’administration de la colonie le concours le plus entier, le plus absolu.

M. le Gouverneur, grâce à ses brillantes qualités d’administrateur et à sa sollicitude toujours en éveil, a su trouver les ressources nécessaires pour parer aux besoins les plus urgents des malheureuses victimes du 8 mai. Au nom du gouvernement, j’adresse à M. Lhuerre qui, brusquement privé de son chef dans une période critique sans précédent, a su assurer sans faiblesse tous les services de la colonie, ainsi qu’au maire de Fort-de-France, mes plus sincères félicitations.

De mon côté, je m’efforcerai d’apporter un soulagement à toutes les infortunes et à toutes les douleurs dont nous sommes les témoins attristés. Je suis chargé par le ministre des Colonies de distribuer, à titre de secours, une somme de 500.000 francs. Si ces fonds sont insuffisants, j’en ferai part à la Métropole, et je suis convaincu que son cœur ne restera pas insensible à mon appel.

Je vais vous laisser, Messieurs, à vos travaux. Je serais heureux de venir parfois au sein de votre commission. Vos infortunés compatriotes peuvent compter sur tout mon dévouement.


Est-ce beau !

Les infortunés Martiniquais pouvaient compter sur tout le dévouement de M. Maurice Bloch…, lequel n’avait, par ailleurs, mandat de rien… de rien que de consoler.

La mort fige le rire. Un décor de tombes ne convient pas à la satire…

Mais, vous conviendrez avec moi que pour la blague macabre, le susdit Maurice Bloch et son seigneur notre Ex-Excellence Albert Decrais détiennent le record…

J’avais chez un nègre de mes amis plaisanté la diarrhée verbeuse qui caractérise les gens des Antilles. J’ai revu ce nègre après le discours Bloch. « Ne croyez-vous pas que nous soyons réhabilités !… » — « Oh ! si… »

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Passons. Passons.

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  1. Cela était un mensonge officiel de la commission officiellement présidée par le gouverneur.

    Le 6 (je cite plus loin un article du journal les Colonies et des lettres privées qui le disent) il y eut des coulées de boue et d’eau chaude dans la Rivière des Pères et dans la Roxelane, c’est-à-dire dans Saint-Pierre même. Le gouverneur le savait, le maire le savait, tous les membres de la commission le savaient… et cependant, pour maintenir les électeurs, ils disaient le contraire. Abominable mensonge !