La Capucinière, ou le bijou enlevé à la course/00-1

Chez les Marchands de Nouveautés (p. Frontisp.-vi).


Frontispice Pl. Ier.
Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges, Illustration.
Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges, Illustration.
La Capucinière

Bandeau
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A

AGLAURE.


Toi qui sais allier une gaîté charmante
Aux tendres sentimens du cœur ;
Toi qui ne fus jamais ni prude, ni pédante,
Qui te plais à sourire aux bons mots d’un conteur,
Qui lis Parny, Lafontaine, Voltaire,
Et n’en prises pas moins les écrits d’un docteur ;
De cet enfant d’une muse légère,
Reçois l’hommage volontaire.
D’avance, je m’attends que de tristes censeurs
S’en prévaudront pour critiquer mes mœurs :
Ils vont tonner ; dans leur colère,
Ils traiteront de blasphèmes affreux,
Jusques aux moindres mots de ma Capucinière ;
Mais au lieu d’applaudir à ce zèle pieux,
L’homme sage, avec nous, rira de leur folie :

Il sait qu’on peut fort bien, sans offenser les Dieux,
Se permettre parfois une plaisanterie,
Sur les prêtres, les Saints, et même sur Marie.
Il sait encor qu’on peut avoir des mœurs,
Et peindre ceux qui n’en ont guères,
Défions-nous de ces frondeurs :
Sous les dehors les plus austères,
Ils cachent le cœur le plus faux.
Défions-nous de ces belles mystiques
Qui, se pâmant sur des reliques,
De leur sexe ont tous les défauts,
Et nulles vertus en partage.
Au seul aspect d’un livre, on les voit en fureur ;
Elles voudraient brûler et l’auteur et l’ouvrage ;
Mais, tête-à-tête avec leur directeur,
Au dieu d’Amour elles rendent hommage,
Et bénissent cent fois et l’ouvrage et l’auteur.