La Bonne Armelle/Cantiques sur l’amour de Dieu et de Jésus-Christ.


Vie et conversation de la Bonne Armelle
Vve Levrault (p. 61-72).


CANTIQUES

sur

L’AMOUR DE DIEU ET DE JÉSUS-CHRIST.


I.


Mél. O du Liebe meiner Liebe.
ou : Dans l’abîme de misères (Chants chrétiens, 4).

Ô Dieu ! s’il faut qu’on te craigne,
Tu veux surtout être aimé ;
Être aimé, voilà ton règne ;
Ta gloire, c’est d’être aimé.
Qu’à toi seul mon cœur se livre,
Et qu’il répète à jamais :
T’aimer, Seigneur ! c’est là vivre !
Fais-moi vivre, ô Dieu de paix !


II.


Mél. Nun ruhen alle Wälder.

1. Ah ! que ma seule affaire,
Au chemin de la terre,
Soit d’aimer le Seigneur.
Que sans hypocrisie,
Chaque jour de ma vie,
Je cherche en lui tout mon bonheur.



2. Oui, je veux pour te plaire,
Ô mon céleste père !
Te consacrer mon cœur.
Mais mon peu de sagesse,
Et ma grande faiblesse,
Toujours me jettent dans l’erreur.

 
3. Souvent, dans ma misère,
À ta loi, je préfère
Le monde qui périt ;
Je le sens, je me blâme ;
Et cependant, mon âme
Contriste toujours ton Esprit.


4. Donne-moi la prudence,
Et la persévérance ;
Grave en mon cœur tes lois.
Que mon âme, sans crainte,
Et sans aucune plainte,
Se charge toujours de sa croix.


5. Seigneur ! rends-moi fidèle ;
Sans cesse, renouvelle
Mon amour et ma foi.
Que mon âme, plus pure,
Renonce à la souillure ;
Ma paix, mon espoir est en toi.


III.


Mél. Oui, dans le ciel, etc. (Chants de Sion, 145).
ou : C’est toi, Jésus, etc. (Chants de Sion, 98).

1. La seule chose ici-bas nécessaire,
C’est de t’aimer, ô mon divin Sauveur !
Produis en moi cet amour salutaire,
Qui, des mortels, fait le seul vrai bonheur.


2. Sans toi, Jésus ! toute âme se tourmente,
Et cherche en vain la joie et le repos ;
Mais, avec toi, la paix du cœur augmente,
Et ta présence adoucit tous les maux.


3. Fais que mon âme, après toi seul, soupire,
Ô Jésus-Christ ! ô source de tout bien !
Qu’à nulle chose au monde je n’aspire ;
Car ici-bas, tout ici-bas n’est rien.


4. Comme, autrefois, la pieuse Marie,
Assise aux pieds de son divin Sauveur,
Brûlait d’ouïr la parole de vie,
Que prononçait la bouche du Seigneur ;


5. Ô bon Jésus ! en moi, fais aussi naître,
L’ardent désir de m’attacher à toi ;
Que ton Esprit enflamme tout mon être,
Et qu’à toujours je vive dans ta foi.



6. Enseigne-moi, souveraine sagesse,
À vivre bien, selon ta volonté ;
Que plein d’amour, et rempli d’allégresse,
J’agisse, en tout, avec humilité.


7. Pauvre pécheur ! qui gémit et soupire,
Où trouver grâce et prompt soulagement ?
C’est à la croix, où le Sauveur expire.
À sa croix donc, je cours incessamment.


8. Là, je me sens, ô toi ! mon bien suprême !
Tout pénétré du prix de tes bienfaits ;
Mais je ne puis, dans ma faiblesse extrême,
Sans ton secours, y répondre, à jamais.


9. Ô bon Jésus, achève ton ouvrage,
En ton chétif et faible serviteur.
Recrée, en moi, de Dieu la sainte image,
Et grave-la bien avant dans mon cœur.


10. Viens m’enseigner à renoncer au monde,
À ses attraits, à tous ses faux plaisirs ;
Qu’en toi, Seigneur ! tout mon espoir se fonde ;
Que tu sois seul l’objet de mes désirs.



11. Alors, ô Dieu ! marchant droit dans la voie,
Tu concourras, par ta direction,
À mon vrai bien, et mon cœur, plein de joie,
S’égayera dans ta Rédemption.


12. Ô bon Berger ! dans quel bon pâturage,
Tu m’as mené, moi, ta pauvre brebis !
Conserve-moi cet heureux héritage,
Auquel ont droit du Seigneur les bénis.


13. Voilà, voilà la chose nécessaire !
La part, le bien, qui ne peut être ôté !
Que ce soit donc ma principale affaire,
Mon choix, mon tout et ma félicité.


IV.


Mél. Oui, dans le ciel, etc. (Chants de Sion, 145).
ou : C’est toi, Jésus, etc. (Chants de Sion, 98).

1. Je suis à toi ; gloire à ton nom suprême !
Je suis à toi, j’ai reconnu ta loi !
Je suis à toi, je te cherche, je t’aime !
Je suis à toi, Seigneur ! je suis à toi !


2. J’errais, perdu dans les sentiers du doute,
Le vide au cœur, et la mort devant moi ;
Lorsque tu vins resplendir sur ma route.
Je suis à toi, Seigneur ! je suis à toi !



3. Jadis, j’étais sous l’empire du monde ;
Mais, aujourd’hui, Jésus-Christ est mon Roi.
Ton joug est doux, et ta paix est profonde.
Je suis à toi, Seigneur ! je suis à toi !


4. Rempli d’amour, le cœur plein de tendresse,
Ce bon Sauveur m’accueille et me reçoit :
Auprès de lui, j’accours et je m’empresse.
Je suis à toi, Seigneur ! je suis à toi !


5. En te trouvant, j’ai trouvé toutes choses,
Et ce bonheur m’est venu par la foi.
Sur mon sentier, ta main sème les roses.
Je suis à toi, Seigneur ! je suis à toi !


6. Nul ne saurait m’effacer de ton livre !
Nul ne saurait me soustraire à ta loi !
C’est ton regard qui fait mourir et vivre.
Je suis à toi, Seigneur ! je suis à toi.


7. Sur cette terre, où tu veux que j’habite,
Ô mon Sauveur ! mon Dieu ! je suis à toi !
Et dans le ciel, où ta grâce m’invite,
Encore à toi ! Seigneur ! Toujours à toi !


V.


Mél. O Gott, du frommer Gott.
ou : Hosanna ! béni soit, etc. (Chants de Sion, 20).

1. Je suivrai Jésus-Christ : de ta divine grâce,
Accorde-moi, grand Dieu ! le secours efficace ;
Soutiens mon faible cœur, enflamme mon esprit ;
Enseigne-moi, Seigneur, à suivre Jésus-Christ.


2. Je suivrai Jésus-Christ, tout m’invite et m’engage,
À renoncer à moi, pour l’avoir en partage ;
La douceur de ses lois, le don de son Esprit,
Tout m’invite et m’appelle à suivre Jésus-Christ.


3. Je suivrai Jésus-Christ ; mon âme est résolue,
De l’aimer constamment, pour sa bonté connue,
Il s’est donné pour moi, il m’aime, il me chérit ;
Pourrais-je encor tarder à suivre Jésus-Christ ?


4. Je suivrai Jésus-Christ ; animé d’un saint zèle,
Gardant de ses bienfaits un souvenir fidèle,
Je vivrai pour lui plaire, et toujours mon esprit,
S’imposera la loi de suivre Jésus-Christ.



5. Je suivrai Jésus-Christ, avec persévérance ;
Il m’acquit par son sang, il couvre mon offense.
Des suites du péché, mon Sauveur me guérit.
C’est en lui qu’est ma paix, je suivrai Jésus-Christ.


6. Je suivrai Jésus-Christ ; nul espoir, nulle crainte,
Ne me détournera, d’une route si sainte ;
Viens, dirige mes pas, Seigneur ! par ton Esprit :
Je passerai ma vie à suivre Jésus-Christ.


VI.


Mél. O Gott, du frommer Gott.
ou : Hosanna ! béni soit (Chants de Sion, 20).

1. Au monde, à ses faux biens, je renonce sans peine ;
Son bonheur est fragile, et sa joie est trop vaine :
Je préfère Jésus et l’espoir des chrétiens,
Aux plaisirs de la terre, au monde, à ses faux biens.


2. Le monde, ingrat et faux, trahit celui qui l’aime ;
Il n’a rien de constant, que l’inconstance même :
Mais Jésus est fidèle ; il couronne les siens :
J’oppose sa tendresse au monde, à ses faux biens.



3. Le monde aime l’éclat, les dignités, la pompe ;
Il suit avec ardeur un fantôme qui trompe ;
De ses vœux insensés je détache les miens ;
Pour Jésus, je renonce au monde, à ses faux biens.


4. De l’or et de l’argent, dont il fait son idole,
Le monde est enchanté ; son trésor le console :
Je connais des trésors plus réels que les siens,
Et mon cœur se refuse au monde, à ses faux biens.


5. Le monde ne saurait endurer les injures ;
Jaloux, impatient, il éclate en murmures ;
Mon plus digne modèle est le Chef des chrétiens,
Je préfère sa croix, au monde, à ses faux biens.


6. Le monde s’abandonne aux voluptés charnelles,
Perdant le souvenir des peines éternelles.
Mon désir est Jésus ; il inonde les siens,
Des plaisirs que j’oppose au monde, à ses faux biens.



7. Ô monde ! tes faux biens, tes plaisirs, tes richesses,
Ton éclat, tes honneurs, tes perfides caresses,
Ne sauraient m’attacher ; je romps tous ces liens ;
J’abandonne, gaîment, le monde et ses faux biens.


8. Je te fuis, monde vain ! et ton commerce impie ;
Désormais, à Jésus, je consacre ma vie.
Il règne sur mon cœur, en maître souverain ;
Jésus est tout pour moi : je te fuis, monde vain !