L. Hachette et Cie (p. 216-218).

LXXIX

PRISE DE HAÏ — ALLIANCE AVEC LES GABAONITES

(Même année, 1356 ans avant J.-C.)



« À présent, dit le Seigneur à Josué, marche contre la ville de Haï, et extermine tout ce que tu y trouveras. Je suis avec vous. »

Josué envoya donc trente mille hommes pour vaincre les Amorrhéens. Ils attirèrent l’armée et le roi des Amorrhéens loin de la ville en faisant semblant de fuir. Ils se retournèrent tout à coup ; les Amorrhéens, saisis de frayeur, s’enfuirent à leur tour, et les Israélites les tuèrent tous. Ils prirent aussi le roi et l’amenèrent à Josué, qui le garda jusqu’à la fin du combat et de la destruction de la ville, après quoi il fit attacher le roi de Haï à une potence en forme de croix, où il mourut à la fin du jour. Tout le monde dans la ville fut massacré ; le butin et les bestiaux furent partagés entre les combattants Israélites ; Josué éleva un autel au Seigneur sur le mont Hébal, et on y offrit des sacrifices en actions de grâces.

Tous les rois des environs se liguèrent alors entre eux pour chasser et détruire les Israélites, excepté les Gabaonites ; ils avaient entendu parler de la puissance du Dieu d’Israël, des miracles qu’il avait faits pour sauver ou protéger son peuple ; ils cherchèrent le moyen de faire alliance avec ce peuple protégé par un Dieu si puissant, au lieu de s’en faire un ennemi. Ils nommèrent donc les plus habiles d’entre eux pour aller au-devant des Israélites. Et, pour faire croire qu’ils venaient de très-loin, les envoyés prirent des vêtements très-vieux, très-usés, des chaussures trouées, des sacs déchirés, dans lesquels ils mirent de vieilles croûtes de vieux pain, des aliments desséchés ; ils se roulèrent dans la poussière, ils arrivèrent ainsi dans le camp des Israélites, et demandèrent à être conduits devant le chef du camp.

Quand ils furent devant Josué, et qu’ils eurent expliqué le but de leur long voyage, qui était de faire alliance avec le peuple d’Israël, dont la renommée s’était répandue sur toute la terre, Josué craignit quelque perfidie, et, pour s’assurer s’ils venaient d’aussi loin qu’ils le disaient, il examina leurs vêtements, leurs chaussures, leurs provisions, et voyant que tout annonçait un très-long voyage, il résolut, sans consulter le Seigneur, de faire alliance avec eux.

Josué et les princes des prêtres jurèrent donc alliance avec les Gabaonites ; ils jurèrent de les défendre contre leurs ennemis. Les envoyés s’en retournèrent enchantés d’avoir si bien réussi.

Mais trois jours après, quand Josué leva le camp pour marcher contre les Gabaonites, il apprit que c’était le même peuple avec lequel il venait de jurer alliance contre tous.

L’armée Israélite fut très-mécontente ; elle murmura contre les princes des prêtres ; mais Josué calma le peuple en lui disant : « Parce que ces gens nous ont trompés, ils seront punis ; ils ne seront pas nos alliés, mais nos esclaves. »

Josué envoya chercher les chefs des Gabaonites et leur dit : « Vous nous avez trompés en disant que vous veniez de bien loin, et nous avons juré alliance avec vous. Nous ne pouvons manquer à notre serment, ni vous faire la guerre. Nous vous laissons donc la vie, mais vous et vos descendants vous serez nos serviteurs, vous porterez de l’eau, vous couperez du bois, et vous nous obéirez. »

Les chefs s’excusèrent en disant que c’était la frayeur qu’ils avaient eue d’un peuple si brave et d’un Dieu si puissant, qui leur avait inspiré cette tromperie, mais que, pourvu qu’on leur laissât la vie, ils étaient prêts à obéir et à servir le peuple d’Israël.