La Bible d’une grand’mère/69
LXIX
MORT D’AARON
Le Seigneur parla à Moïse dans le Tabernacle, et lui donna encore d’autres lois concernant les Lévites, leurs devoirs, leur obéissance envers le grand prêtre, les sacrifices qu’on devait offrir, les purifications et les punitions des péchés, et beaucoup d’autres choses qu’il serait trop long de vous raconter.
Marie, sœur de Moïse et d’Aaron, mourut dans ce temps.
Les Israélites continuèrent leurs murmures et leurs révoltes pendant les quarante années qu’ils passèrent dans le désert. Au premier mois de la quarantième année, ils vinrent dans un endroit où il n’y avait pas d’eau. Le peuple commença à murmurer comme d’habitude ; le Seigneur dit à Moïse et à Aaron :
« Prends ta verge miraculeuse ; que toi et ton frère Aaron, vous assembliez le peuple. Parlez à ce rocher, qui est devant vous, il en sortira de l’eau en abondance. »
Le peuple étant assemblé, Moïse prit sa verge ; mais ni lui ni Aaron ne parlèrent au rocher…
Petit-Louis. Pourquoi donc, puisque le bon Dieu le lui avait ordonné ?
Grand’mère. Parce qu’eux-mêmes désobéirent au Seigneur ou plutôt ne lui obéirent pas entièrement. Ils pensèrent que parler au rocher ne suffirait peut-être pas, et qu’il était plus sûr de le frapper avec la verge qui avait servi à Moïse pour faire tous ses miracles.
Moïse, s’approchant donc du rocher, le frappa une fois, puis une seconde fois avec sa verge sacrée ; l’eau ne jaillit qu’au second coup ; il en coula une grande quantité, et tout le peuple put se désaltérer.
Mais le Seigneur, appelant Moïse et Aaron, leur dit : « Parce que vous n’avez pas eu confiance entière en ma parole, vous n’entrerez pas avec mon peuple dans la Terre promise. »
Ils arrivèrent ensuite à la montagne de Hor, et le Seigneur dit à Moïse :
« Prends Aaron et son fils Éléazar. Fais-les monter avec toi au haut de la montagne ; enlève à Aaron sa robe de grand prêtre, et mets-la à son fils Éléazar ; car Aaron va mourir, et c’est son fils qui sera grand prêtre à sa place. »
Valentine. Pauvre Aaron ! C’est terrible de mourir si vite.
Grand’mère. Il avait mérité cette punition, et Dieu la lui avait annoncée. Moïse fit ce que lui avait commandé le Seigneur ; aussitôt qu’ÉIéazar fut revêtu de la robe de grand prêtre, Aaron s’étendit par terre et mourut. Sa douceur et sa résignation lui valurent certainement le pardon de ses fautes.
Henriette. Je trouve que Dieu aurait dû le tuer après le veau d’or ; c’était une bien plus grande faute que de n’avoir pas parlé au rocher.
Grand’mère. Sans doute, ou du moins cela nous paraît ainsi ; mais il faut voir que depuis la grande faute du veau d’or, pour laquelle Moïse lui obtint le pardon du bon Dieu, Aaron avait été nommé grand prêtre du Seigneur, ce qui devait le rendre bien plus saint et bien plus fort contre les moindres petites fautes ; il était d’autant plus coupable de n’avoir pas obéi exactement aux paroles du Seigneur.
Quand Moïse descendit de la montagne, avec son neveu Éléazar, qu’il présenta au peuple comme grand prêtre, et qu’il leur annonça la mort d’Aaron, tout le peuple éclata en sanglots et porta le deuil pendant trente jours.
Jacques. Au lieu de sangloter et de porter le deuil, pour prouver à Aaron leur amour, ils auraient mieux fait de lui obéir de son vivant et de le respecter davantage.
Grand’mère. Sans doute ; mais les Israélites étaient peu sages et surtout peu dociles, comme tu as pu le voir dans bien des occasions ; ce ne fut qu’à la mort d’Aaron qu’ils comprirent tout ce qu’ils lui devaient et combien ils perdaient en ne l’ayant plus.