L. Hachette et Cie (p. 133-135).

XLIV

ARRIVÉE DE JACOB EN ÉGYPTE

(1694 ans avant J.-C.)



Jacob s’arrêta en route près d’un puits qui avait été creusé par son père Isaac. Il immola des victimes à cette place, qui fut appelée Puits du Serment.

Petit-Louis. Pourquoi cela ?

Grand’mère. Parce que la nuit il eut une vision ; le Seigneur lui apparut, lui ordonna d’aller en Égypte et lui renouvela la promesse de donner à ses enfants toute la terre qu’il traversait.

Henriette. Je trouve un peu drôle que le bon Dieu promette toujours et ne donne jamais cette terre de Chanaan. Depuis Abraham, ils attendent et ils n’ont rien.

Grand’mère. D’abord, on ne peut pas dire qu’ils n’ont rien, puisqu’ils sont tous fort riches et que partout ils sont bien reçus. Ensuite, Dieu a toujours dit dans ses apparitions aux patriarches qu’il donnerait, à leur race, c’est-à-dire à leurs descendants, le pays de Chanaan. Mais il n’a pas dit à quelle génération il la donnerait, ni dans combien d’années. Seulement, pour que les enfants et les petits-enfants d’Abraham ne puissent douter de voir la promesse du Seigneur accomplie, il la renouvelle à chaque génération.

Paul. Qu’est-ce que c’est qu’une génération ?

Grand’mère. Une génération veut dire le temps de la vie d’un homme. Ainsi, un grand-père, son fils, son petit-fils font trois générations. Abraham, Isaac, Jacob, ses douze fils, forment quatre générations.

En arrivant dans la terre de Gessen, qui était tout près de la ville ou demeurait Joseph, Jacob lui envoya Juda pour lui faire savoir qu’il approchait. Joseph fit aussitôt atteler des chevaux à son chariot, et il vint à l’endroit où était son père. Quand il le vit, il se jeta à son cou et l’embrassa en pleurant.

Petit-Louis. Il pleure toujours, Joseph ; il devrait plutôt rire que pleurer.

Grand’mère. La grande joie fait pleurer aussi bien que la tristesse. Tu juges combien Joseph devait être ému, en retrouvant ce père qu’il avait tant aimé et dont il était séparé depuis tant d’années ; la joie le fit pleurer, de même qu’elle l’avait fait pleurer en revoyant ses frères et surtout son frère Benjamin.

En général, les gens qui ont le cœur bon et sensible pleurent facilement, dans la joie comme dans la tristesse.

Jacob pleura aussi, et il s’écria après avoir serré dans ses bras et embrassé bien des fois son cher Joseph : « Je mourrai L’entrée d’Israël en Égypte
maintenant avec joie, puisque j’ai revu ton visage et que je vais vivre auprès de toi. »