CLXVIII

JÉHU DÉTRUIT TOUTE LA FAMILLE D’ACHAB

(774 ans avant J.-C.)



Achab avait laissé soixante-dix fils. Jéhu écrivit des lettres aux principaux chefs de Samarie, aux anciens et à tous ceux qui nourrissaient les enfants d’Achab. « Choisissez, leur écrivait-il, le plus considérable d’entre les fils d’Achab pour régner sur Israël. » Ces gens furent saisis de frayeur. « Si nous choisissons un roi, dirent-ils, Jéhu le combattra, et nous tuera tous. »

Alors, ils lui écrivirent : « Seigneur, nous ne voulons pas choisir de roi. Faites ce que vous voudrez. »

Jéhu leur écrivit une seconde fois : « Si vous êtes à moi, et que vous vouliez m’obéir, coupez les têtes des fils de votre roi, et venez me les apporter demain à Jesrahel. »

Henri. Un joli cadeau qu’il demande ! Quelle boucherie !

Grand’mère. Lorsque ces gens reçurent cette lettre, ils prirent les soixante-dix fils d’Achab, et les tuèrent ; ils leur coupèrent la tête, les mirent dans des paniers et les envoyèrent à Jesrahel. Jéhu les fit mettre en deux tas à l’entrée de la porte de Jesrahel. Le lendemain, il dit : « Vous voyez comme s’est accomplie la parole du Seigneur ; elle n’est pas encore entièrement exécutée. » Alors, il fit mourir tout ce qui restait de la maison d’Achab dans Jesrahel, les grands de sa cour, ses amis, et les faux prêtres qui étaient à lui, sans qu’il restât rien de ce qui avait eu quelque liaison avec sa maison.

Jeanne. Je crois que Jéhu était aussi méchant que les autres.

Grand’mère. Non, chère petite ; c’était sans doute bien sanglant, mais il accomplissait les justices du Seigneur, il ne voulait pas laisser vivant un seul des adorateurs de Baal.

Après cette exécution, il alla à Samarie ; il trouva en route, dans une cabane, les frères d’Ochosias, roi de Juda, qui descendaient aussi d’Achab et de Jézabel par leur fille Athalie. « Qui êtes-vous, » leur dit-il ? — Nous sommes les frères d’Ochosias, répondirent-ils. Nous étions venus jour saluer les fils du roi Achab, et de la reine Jézabel. »

Jéhu dit à ses gens : « Prenez-les vivants. » Puis il les fit mener à une citerne, près de la cabane, où il les fit tous égorger au nombre de quarante-deux.

Paul. Est-il possible ?

Grand’mère. Oui, ces anciens prophètes, et même les saintes gens, avaient dans le caractère quelque chose de dur et de sauvage. C’était encore bien pis parmi les païens.

Étant parti de là, il alla à Samarie. Il fit tuer tout ce qui restait de la maison d’Achab, sans en épargner un seul, selon ce que le Seigneur avait dit par la bouche d’Élie.

Enfin, pour terminer. Il fit assembler le peuple et dit : « Achab a rendu quelques honneurs à Baal, mais je veux faire plus que lui. Qu’on me fasse donc venir tous les prophètes de Baal, tous ses ministres, tous ses prêtres. Qu’il n’en manque pas un seul, car je veux faire un grand sacrifice à Baal ; quiconque ne s’y trouvera pas sera puni de mort. »

Jacques. Comment ? Jéhu, qui adorait le vrai Dieu, va adorer Baal et lui offrir des sacrifices ? Mais c’est une action abominable ! C’est lui qui mérite la mort.

Grand’mère. Cher enfant, ce n’était qu’un piège qu’il tendait aux adorateurs de Baal pour les exterminer tous.

Valentine. Mais, Grand’mère, c’est une affreuse boucherie qu’il va faire.

Grand’mère. Sûrement, chère enfant : mais d’abord c’était l’ordre de Dieu ; ensuite, il faut voir qu’il valait mieux pour le peuple d’Israël faire périr les scélérats qui corrompaient les hommes, les femmes, les enfants, que les laisser vivre pour qu’ils continuassent à perdre les âmes de ce pauvre peuple. Si nous avions parmi nous des troupes de bandits, d’assassins, pourrait-on regretter qu’ils fussent tous massacrés ? Certainement non. Il en était de même pour ces abominables idolâtres, méchants et impies.

Jéhu dit encore : « Qu’on publie une fête solennelle en l’honneur de Baal. » Et il envoya dans toutes les terres d’Israël pour appeler les ministres de Baal. Il n’en manqua pas un seul. Ils entrèrent dans le temple de Baal, et il fut rempli depuis un bout jusqu’à l’autre.

Jéhu, étant entré dans le temple, dit aux adorateurs de Baal : « Prenez bien garde qu’il n’y ait parmi vous des adorateurs du Seigneur, mais seulement ceux de Baal. »

Ils étaient dans le temple prêts à offrir des victimes au démon. Jéhu avait donné ordre à quatre-vingts hommes choisis, de se tenir tout armés hors du temple à la porte ; et il leur avait dit : « S’il s’échappe un seul de tous ceux qui sont ici, votre vie m’en répondra. »

Après donc que les prêtres eurent offert leur holocauste, Jéhu donna l’ordre à ses officiers et soldats : « Entrez, tuez, qu’il ne s’en sauve pas un seul. »

Les officiers et les soldats entrèrent, massacrèrent tous ceux de Baal, et allèrent ensuite au temple où était l’idole de Baal. Ils tirèrent du temple sa statue, ils la brisèrent et la brûlèrent ensuite. Après quoi, ils détruisirent le temple et établirent, à la place, un lieu destiné au plus ignoble usage.

Ce fut ainsi que Jéhu détruisit le culte de Baal dans Israël. Malheureusement, il laissa subsister les veaux d’or qui étaient à Béthel et à Dan, et qui avaient des adorateurs.

Le Seigneur commença à se lasser du peuple d’Israël, et il permit que Hazaël taillât en pièces leur armée, et ruinât les tribus de Galaad, de Gad, de Ruben et de Manassé. Jéhu ne continua pas toujours à vivre selon la loi du Seigneur, et il fut puni par plusieurs défaites. Il mourut après un règne de vingt-huit ans, et fut enterré à Samarie.