La Bible d’une grand’mère/162
CLXII
LES ENFANTS DÉVORÉS PAR LES OURS
MIRACLES D’ÉLISÉE
De Jéricho, Élisée vint à Béthel. En montant une colline, il rencontra un groupe d’enfants qui se moquaient de lui parce qu’il était chauve, et lui criaient : « Monte, chauve ; monte, chauve. » Élisée, les regardant, les maudit au nom du Seigneur. En même temps deux ours sortirent du bois qui longeait le chemin, et, se jetant sur cette troupe d’enfants, ils en déchirèrent et en dévorèrent quarante-deux.
Armand. Les pauvres enfants ! Je ne trouve pas que ce soit juste de punir si cruellement une méchante plaisanterie.
Grand’mère. Cher enfant, cette plaisanterie s’adressait à un vieillard fatigué, à un prophète du Seigneur auquel ils devaient du respect ; ensuite, il est probable que ces enfants étaient des enfants méchants, consacrés à Baal, c’est-à-dire au démon, qui étaient déjà corrompus et qui auraient vécu pour pécher.
Le roi Josaphat vivait encore, quand Élie monta au ciel et qu’Élisée devint un grand prophète. Il s’était allié à Joram, fils d’Achab et roi d’Israël, pour faire la guerre aux Moabites.
En traversant le désert de l’Idumée, ils furent sept jours sans une goutte d’eau ; les hommes et les bêtes tombaient morts tout le long du chemin ; le roi d’Israël dit : « Hélas, hélas ! le Seigneur nous a-t-il réunis pour nous faire périr dans le désert ? » Le roi Josaphat répondit : « N’y a-t-il pas ici un prophète pour implorer la miséricorde du Seigneur ? »
Un de ses serviteurs dit alors : « Il y a ici Élisée qui versait l’eau sur les mains d’Élie. » Josaphat dit : « La parole du Seigneur est en lui. » Alors lui et les deux rois d’Israël et d’Édom allèrent trouver Élisée.
Élisée, les voyant venir, dit aux rois d’Israël et d’Édom : « Qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? Allez-vous-en aux prophètes de votre père et de votre mère. Si je ne respectais la personne du roi Josaphat, je ne vous aurais seulement pas parlé, je n’aurais pas jeté les yeux sur vous ; mais, à cause de Josaphat, voici ce que dit le Seigneur :
« Faites plusieurs fossés le long de ce torrent. Vous ne verrez ni vent ni pluie, et pourtant le lit de ce torrent sera rempli d’eau, et vous boirez tous, vous, vos serviteurs et vos bêtes. Et de plus, le Seigneur livrera Moab entre vos mains ; vous détruirez toutes les villes et les places les plus imposantes ; vous couperez par le pied tous les arbres fruitiers ; vous boucherez toutes les fontaines, et vous couvrirez de pierres les champs fertiles. »
Le lendemain matin, à l’heure du sacrifice, les eaux vinrent tout à coup remplir le torrent, et chacun put se désaltérer à son aise.
Les Moabites, voyant quelque chose couler dans le torrent qui était à sec la veille, et sans qu’il y eut eu de pluie, crurent que c’étaient les rois d’Israël et de Juda qui avaient combattu entre eux, qui s’étaient détruits, et que c’était leur sang qui remplissait le torrent. Dans leur joie, ils coururent en désordre au camp de leurs ennemis pour le piller… Les Israélites se jetèrent sur eux, en tuèrent un grand nombre ; ils les poursuivirent et les exterminèrent en grande partie.
Les Israélites saccagèrent le pays, et détruisirent les villes et
villages, comme l’avait dit Élisée. Moab, désespéré de ne pouvoir
résister aux Israélites, offrit en holocauste, sur les murailles d’une
ville, son fils aîné qui devait régner après lui. Les Israélites conçurent
une telle horreur d’une action si barbare, qu’ils se retirèrent
sur-le-champ, et s’en retournèrent dans leur pays.