CLVI

JÉZABEL VEUT VENGER SES PRÊTRES
ÉLISÉE PROPHÈTE

(Même année, 802 ans avant J.-C.)



La détestable Jézabel, ayant appris par Achab tout ce que venait de faire le prophète Élie, et le massacre de tous ses prêtres, entra dans une colère effroyable, et envoya dire à Élie que, dès le lendemain, elle s’emparerait de lui, et le traiterait comme il avait traité ses prophètes à elle.

Élie, effrayé de cette menace, s’enfuit aussitôt dans le désert. Après avoir marché longtemps, il se trouva accablé de tristesse et de fatigue, et il s’endormit en priant Dieu de le faire mourir.

Henriette. Comment ! il s’enfuit parce que Jézabel veut le faire mourir, et il demande à Dieu de le faire mourir ? il n’avait qu’à rester tranquillement chez Achab ; on l’aurait fait mourir tout de suite.

Grand’mère. Chère petite, Élie le demandait à Dieu dans un accès de découragement et d’épuisement ; il aurait bien voulu mourir tout doucement, en dormant, mais il craignait la mort cruelle dont le menaçait la méchante Jézabel. Au reste, Dieu a peut-être permis cet instant de faiblesse dans un si grand prophète, pour bien faire voir que la force de l’homme ne lui vient que de Dieu, et que, livré à lui-même, il n’est rien et ne peut rien.

Le Seigneur n’abandonna pas son fidèle serviteur ; il lui envoya un Ange qui l’éveilla, et lui dit : « Bois et mange. » Élie mangea le pain et but l’eau que lui présentait l’Ange, ensuite il se rendormit. Une seconde fois l’Ange le réveilla, et l’engagea à boire et à manger, parce qu’il avait encore une longue course à faire. Il obéit à l’Ange, et il se leva ensuite, se sentant plein de force et de courage. En effet, cette nourriture miraculeuse l’avait tellement fortifié, qu’il marcha pendant quarante jours et quarante nuits.

Valentine. Ah ! mon Dieu ! Mais il devait avoir les pieds en sang après une si longue marche,

Grand’mère. Non, pas du tout ; il était soutenu par le pain merveilleux que lui avait envoyé le bon Dieu, et il ne ressentait aucune fatigue ni aucune faim. Ce pain miraculeux était la figure du véritable pain du ciel qui devait un jour être donné aux hommes ; c’était la figure du saint sacrement de l’Eucharistie.

Élie était arrivé au mont Horeb ; le Seigneur lui apparut, et lui ordonna d’aller à Damas, en Syrie, pour y sacrer Jéhu, roi de Juda. Élie obéit, comme toujours, à l’ordre du Seigneur. Il vit en route un homme juste nommé Élisée, qui labourait avec douze bœufs et six charrues.

Le Seigneur fit connaître à Élie que c’était Élisée qu’il avait choisi pour être son prophète après lui. Alors Élie, s’approchant de cet homme, lui mit son manteau. Élisée se sentit tout transformé ; il comprit que Dieu l’appelait, il quitta ses bœufs et courant après Élie, il lui dit : « Permettez-moi, je vous prie, que j’aille embrasser mon père et ma mère, et après cela je vous suivrai. » Élie lui répondit : « Va, et reviens ; car j’ai fait pour toi ce que je devais faire. »

Élisée, étant retourné chez ses parents, prit une paire de bœufs qu’il tua ; il en fit cuire la chair avec le bois de sa charrue, et la donna à manger au peuple. Après quoi, il suivit Élie qu’il servait.