CLIV

ACHAB FAIT CHERCHER ÉLIE POUR FAIRE PLEUVOIR

(Même année, 805 ans avant J.-C.)



Achab avait envoyé de tous côtés chercher Élie pour faire cesser la sécheresse qui depuis trois ans faisait périr tout ce que devait produire la terre ; les hommes et les animaux périssaient en masse ; Achab craignait la révolte du peuple. Malgré leur idolâtrie, les Israélites attribuaient cette malédiction de Dieu à la persécution qu’exerçait la reine Jézabel contre les Prophètes du Seigneur ; elle les faisait rechercher de tous côtés et les faisait mettre à mort. Pourtant Abdias, intendant de la maison du roi, resté fidèle au culte du Seigneur, avait réussi à sauver cent prophètes, c’est-à-dire cent hommes consacrés à Dieu et occupés, comme nos religieux, à prier, à célébrer les louanges divines et à prêcher la pénitence. Il en avait caché cinquante dans une vaste caverne, et cinquante dans une autre ; il les nourrissait de pain et d’eau, n’ayant pas autre chose à leur donner, à cause de la famine et de la rareté des animaux.

Armand. Pourquoi les animaux étaient-ils rares ?

Grand’mère. Parce que la plus grande partie étaient morts de faim. La sécheresse avait détruit toutes les herbes, les légumes, jusqu’aux feuilles des arbres ; on n’avait plus de quoi nourrir les bestiaux,

Achab appela son intendant Abdias, et lui dit : « Nous allons prendre des serviteurs et parcourir tout le pays. Va d’un côté, pendant que j’irai de l’autre, pour tâcher de trouver de l’herbe dans le voisinage des fontaines et des puits taris, afin que tous nos chevaux et nos mulets ne meurent pas. » Ils se partagèrent donc tout le pays et ils se séparèrent.

Lorsqu’Abdias était en chemin, il vit venir à lui le prophète Élie. Abdias se prosterna le visage contre terre et lui dit : « Est-ce vous, Élie, mon seigneur ? »

Élie répondit : « C’est moi. Va, et dis à ton maître : « Voici Élie. »

Abdias répondit : « Vive le Seigneur votre Dieu ; il n’y a pas de nation ni de royaume où mon seigneur Achab ne vous ait fait chercher ; tous lui disant que vous n’y étiez pas, il a conjuré les rois et les peuples de lui découvrir où vous étiez. Personne n’a pu vous trouver. Et maintenant vous me dites : « Va, dis à ton maître : « Voici Élie. » Quand je lui aurai dit : « Voici Élie, » il vous fera chercher ; on ne vous trouvera pas, parce que le Seigneur vous transportera dans quelque lieu inconnu. Achab croira que je me suis moqué de lui ; il sera furieux, et il me tuera. Cependant je n’ai pas insulté le Seigneur ; je lui suis resté fidèle ; j’ai sauvé cent de ses prophètes, que Jézabel voulait faire mourir, je les ai cachés dans les cavernes où je les nourris de pain et d’eau. Et après cela, vous me dites : « Va, et dis à ton maître : « Voici Élie, » pour qu’il me tue. »

Élie lui répondit : « Vive le Seigneur des armées ; je me présenterai aujourd’hui devant Achab. »

Abdias alla trouver Achab et lui raconta ce qu’il avait vu. Achab vint aussitôt trouver Élie. Il lui dit : « N’êtes-vous pas celui qui trouble tout Israël ? »

Élie lui dit : « Ce n’est pas moi qui ai troublé Israël, c’est vous-même, lorsque vous avez abandonné les commandements du Seigneur et que vous avez suivi Baal.

« Pourtant, envoyez chercher les enfants d’Israël ; faites assembler le peuple sur le mont Carmel, avec les quatre cent cinquante prophètes de Baal et les quatre cent cinquante prophètes des grands bois, que Jézabel nourrit de sa table. »

Achab envoya chercher le peuple et les prophètes, et les rassembla sur le mont Carmel.