L. Hachette et Cie (p. 368-370).

CXLIII

SALOMON BÂTIT SON PALAIS
LE TEMPLE DU SEIGNEUR EST CONSACRÉ

(890 ans avant J.-C.)



Après avoir fini la maison du Seigneur, le roi Salomon pensa à lui-même. Il avait habité jusque-là le palais de David, qu’il ne trouvait plus assez grand, ni assez beau. Il commença donc à se faire bâtir un superbe palais. Il fit faire des salles immenses toutes revêtues de bois de cèdre, et des galeries avec des colonnes de bois de cèdre ; la plus grande galerie avait quarante-cinq colonnes. La galerie du Trône était plus grande et plus belle encore ; il fit couler et ciseler des bronzes magnifiques, par le plus habile ouvrier de la ville de Tyr, qu’il fit venir exprès à Jérusalem.

Ensuite il fit bâtir près du sien un autre palais pour sa femme, la fille de Pharaon, et ils demeuraient tantôt dans l’un, tantôt dans l’autre.

J’ai oublié de vous dire que, lorsque le temple fut terminé, il fit transporter dans le sanctuaire l’Arche d’alliance. Elle était portée et entourée par tous les prêtres, Salomon et le grand prêtre marchaient devant, et tous les trois pas on immolait des bœufs, des brebis choisis parmi les plus beaux troupeaux d’Israël. Des centaines de mille hommes suivaient l’Arche. Elle fut apportée dans le sanctuaire du Temple le Saint des saints, et déposée sur une table d’or massif, sous les ailes des deux grands chérubins d’or.

Les prêtres fermèrent le sanctuaire ; aussitôt la nuée qui enveloppait le Seigneur remplit tout le temple. Les prêtres ne purent plus y rester, car la gloire du Seigneur les aveuglait.

Alors Salomon, se tournant vers le peuple, lui souhaita les bénédictions du ciel au nom du Seigneur, et il fit un cantique magnifique, mais trop long pour que je vous le redise.

Après avoir proclamé la gloire de Dieu, et avoir répété au peuple les promesses du Seigneur, et les devoirs des hommes envers leur Créateur, leur Sauveur, leur protecteur, le roi, aidé des prêtres, égorgea et immola au Seigneur vingt-deux mille bœufs et cent vingt mille brebis.

Jacques. Mais cela paraît impossible, grand’mère. Comment en une seule journée pouvait-on tuer, dépecer et brûler tant d’animaux ?


Grand’mère. Mais, cher petit, pense qu’il y avait plus de vingt mille prêtres et deux fois autant de Lévites ; chacun avait trois ou quatre victimes au plus à immoler, et les autels avaient été préparés d’avance avec tout ce qu’il fallait pour les sacrifices.

Valentine. Mon Dieu, quel horrible carnage ! Quels cris, quels beuglements on devait entendre ! Je n’aurais pas voulu assister à une pareille fête.

Grand’mère. Il est certain que, pour nous, cette fête eût été un affreux spectacle, et que cela ne ressemblait guère à nos Fêtes-Dieu et à nos belles premières Communions ; mais, dans ces temps-là, la vue du sang n’inspirait pas la même répugnance. Le roi Salomon fit durer la fête pendant sept jours ; tout le peuple fut nourri avec les viandes des victimes.

Armand. La viande devait être bien dure, si fraîchement tuée.

Henriette. Que tu es bête avec tes réflexions !

Armand. Écoute donc ! je pense à tous ces pauvres gens éreintés, affamés. Ils me font de la peine.

Grand’mère. Console-toi, mon enfant ; ces pauvres gens, comme tu les appelles, étaient enchantés ; ils n’étaient pas aussi délicats que nous ; ils étaient habitués à manger la viande toute fraîche ; d’ailleurs, on leur faisait aussi des distributions de pain, de galettes, de gâteaux, de miel, de fruits, de vin, et s’ils restaient, c’est qu’ils le voulaient bien.

Le huitième jour, Salomon congédia tout le monde, et chacun retourna chez soi, très-content et prêt à recommencer.