La Belgique martyre
Revue des Deux Mondes, 6e périodetome 25 (p. 147-154).
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VI


À ces récits, pas un honnête homme, pas un cœur droit ne peut rester insensible. Pourtant certains neutres, dans leur indignation même, penseront peut-être qu’il s’agit là, surtout quand ils se passent dans les villages, d’actes individuels, presque inévitables dans toute guerre, à l’heure où l’instinct brutal prend le dessus chez l’homme ivre de sa force. Si plusieurs des faits révélés par la Commission d’enquête doivent, être regardés comme des faits d’indiscipline, si même nous voyons parfois un officier intervenir pour faire cesser le scandale et aller jusqu’à le punir, il apparaît de toute évidence que les massacres, les pillages, les incendies, les crimes de toute sorte qui ont désolé et désolent encore la Belgique sont le résultat d’ordres donnés, les effets d’un système, les manifestations d’une organisation dure, savante, scientifique !

La science allemande en a d’ailleurs fait le célèbre aveu. « Nos soldats ne commettent aucun acte de cruauté indisciplinée[1] » (keine zuchtlose grausamheid), affirment les Quatre-vingt-treize dans leur manifeste. Les Quatre-vingt-treize exagèrent : nous reconnaissons qu’il dut y avoir quelques actes de cruauté commis sans ordre. Mais les illustres aveugles qui ont signé, sans rien vérifier, le papier de mensonge pédant et catégorique qui les flétrira devant l’avenir, ne croyaient pas exprimer, — en prétendant laver leur peuple de tant d’infamies, — une aussi effroyable vérité ! La cruauté de l’armée allemande est disciplinée. Le Nein, Razieren ! du Sommerfeld assis sur la grande place de Termonde est l’expression même de cette discipline !

« Que voulez-vous, c’est la guerre ! » disent quelquefois les Allemands honteux qui veulent faire taire leur conscience. — « Il le fallait, les civils avaient tiré ! » crient tout de suite les autres pour légitimer leurs massacres, quand ils en éprouvent le besoin. Civil hat geschossen ! c’est là, nous l’avons déjà constaté, le motif classique, obligatoire, général, le prétexte-omnibus qui à l’avance absout les pires excès, les ruines et les tueries ! Que l’on fusille un non-combattant (et encore faut-il s’entendre sur ce terme), qui se bat : les dures lois de la guerre le tolèrent. Mais le geste d’un homme ne peut excuser des représailles collectives, et d’ailleurs le civil hat geschossen qui déchaîne les brutes est invariablement la contre-vérité la plus odieuse. On a vu comment toutes les armes à feu avaient été enlevées aux habitans par les autorités belges ; on verra, en lisant les accablans rapports de la Commission, que chaque fois qu’il s’est trouvé un habitant assez courageux pour réclamer, et un oberlieutenant assez honnête pour ordonner, avant le massacre, l’autopsie du cheval tombé qui demandait vengeance, on a trouvé dans le corps du cheval une cartouche de Mauser allemand… Mais, la plupart du temps, il n’y a pas de cheval tombé. Le cri précurseur du drame ne répond à rien qu’à l’instinct collectif qui s’excite et demande sa proie, — plus souvent au geste du chef qui trouve que le temps presse, et qu’il faut en finir !

Quand la localité est grande, et que l’on sait que le carnage, peut-être plus retentissant, sera jugé, il faut sauver l’apparence. À Louvain, deux soldats allemands frappent chez M. X…, professeur à l’Université, disant : « Il y a des soldats cachés chez vous. — Vous vous trompez, visitez la maison si vous voulez ! » Aussitôt ils montent au second étage, ouvrent une fenêtre, déchargent leur revolver dans la rue. À l’appel, des kamarades arrivent de partout, entrent et pillent. « Toutes les fusillades, ajoute le professeur, commencèrent, au même moment, de tous les côtés de la ville. » Le plus souvent, l’organisation n’est pas si parfaite. Un Allemand se contente de tirer en l’air ou sur un passant inoffensif : l’alarme est ainsi donnée. Ailleurs, on cherche ingénieusement des mobiles plus variés. Un témoin de Liége en cite quelques-uns : « Il suffit qu’un pneu éclate pour que tous les fusils soient braqués prêts à tirer dans tous les sens. Ou bien on trouve une vieille cartouche, ou un coupe-papier trop aiguisé. » Ou bien encore, comme à Sittaard, on saisit comme pièces à conviction, avant de sévir, les arcs et les flèches, — les flèches empoisonnées, dira l’autorité prussienne, — qui garnissent le paisible cabaret du Roi d’une société de tir à la perche ! Ailleurs encore, ce sont les dépôts d’armes eux-mêmes faits dans les maisons communales par les particuliers, sur l’ordre des bourgmestres, qui servent de prétexte affiché. Quatre ou cinq vieux fusils de chasse, précieuses reliques de paysans conservateurs, et qu’on leur a enlevés par scrupule, se changent soudain en un redoutable arsenal !

C’est d’ordinaire le lendemain d’une défaite qu’ont lieu les massacres. Le succès des soldats belges, les pauvres paysans belges le paieront ! C’est aussi lorsqu’avant l’entrée des Allemands au village, une audacieuse patrouille de carabiniers cyclistes, — on ne dira jamais assez le téméraire héroïsme de ceux-ci, — les a attaqués et meurtris. Ces carabiniers haïssables, — ils les appellent les schwartze Teufel, les diables noirs, — vont se muer tout de suite, dans leurs accusations, en francs-tireurs coupables. Ils classeront également parmi les francs-tireurs, selon les besoins de leur colère, les gendarmes et les gardes civiques. Ils détruisent Herve, Soumagne (cent quatre-vingt-deux habitans assassinés !), Romsée, Dolhain, Hastière, Surice, Visé, d’autres villettes et villages (il faudrait nommer tous ceux qui entourent Matines et Louvain), sans autre raison qu’un prétendu coup de feu. Parfois, au cours de leurs destructions, quelque soldat troublé éprouve comme un besoin maladif de se justifier : Vous avez tiré ! vous avez tiré ! répète-t-il aux habitans qu’il tue. À Louvain, un paisible fonctionnaire se présente aux Allemands, demandant timidement de pouvoir sauver ses archives. — Non ! lui répond-on, profitant de sa présence pour l’enfermer, vous avez été armé par votre administration, et vous avez tiré !…

Souvent la décision de détruire est prise depuis le matin, — voire depuis plusieurs jours, et le franc-tireur, deus ex machina, n’apparaît qu’au moment voulu. Des destructions sont annoncées par des Allemands naïfs ou compatissans bien avant la naissance du prétexte ou le commencement de la tragédie. Le 17 août, un officier loge chez un magistrat du Luxembourg. Dans la conversation, parlant des jolies villes du pays, le magistrat nomme Dinant. — « Hélas ! répond l’officier, Dinant, ville condamnée ! » Les Allemands ne réoccupèrent Dinant et ne l’assassinèrent que plusieurs jours après. À un habitant indigné, un chef condescendant déclare dans cette même ville qu’on agit par ordre. C’est sans raison qu’Andenne fut saccagée. On allégua plus tard une prétendue agression des habitans contre les troupes d’occupation : on n’a jamais su en quoi avait consisté cette agression ! À un notable d’Aerschot qui s’empresse aussitôt de fuir, un soldat conseille à l’avance de s’en aller : « On va pulvériser la ville. » À Louvain, même chose : un soldat dit au témoin R. v. K. de partir, que la ville va être brûlée et rasée. Mieux, le mardi 25 août, le matin, — les fusillades n’éclateront qu’à la nuit, — des officiers allemands préviennent Mme R. qu’elle agirait sagement en s’éloignant, Louvain devant être incendié… Il semble se confirmer d’ailleurs que Louvain fut détruit par ordre supérieur, pour terroriser Bruxelles récemment occupée et à laquelle on n’osait pas toucher.

À toutes les horreurs résumées plus haut les officiers prennent leur part. Plusieurs fois déjà nous les avons vus apparaître. Diriger ces opérations est une partie de leur rôle. C’est sur leur commandement que les civils sont poussés devant les troupes, que les fusillades s’organisent, que les actes cruels se multiplient. Entrant à Aerschot à la tête de ses hommes bien rangés, c’est un officier qui tire un coup de revolver sur une jeune femme qui se penche à un balcon, porteuse d’un petit enfant. Ce sont des officiers qui, à Tamines, les mitrailleurs ne pouvant plus, — tant l’horreur était grande, — continuer le massacre des habitans massés, prennent la place de leurs hommes et tournent froidement la sinistre manivelle. C’est un commandant qui, le 27 août, à W., rencontre la Sœur Aldegonde : il lui demande où est le curé. — « Sans doute à la cure, » répond la religieuse. Aussitôt il prend son revolver, l’appuie sur la poitrine de la pauvre fille et lui dit : « Accompagnez-moi, et, si je ne trouve pas le curé à la cure, je vous tue et j’ordonne d’incendier le village ! » Ainsi parlent aux femmes les chevaliers allemands ! C’est un lieutenant de réserve du 163e d’infanterie qui, ayant enfermé à T. les femmes et les enfans dans un couvent où il vient d’être hébergé plusieurs jours, menace de tuer le premier qui bouge, et de tuer par surcroit des prêtres prisonniers dans une autre salle.

Ce sont les officiers qui ordonnent les incendies, qui en règlent l’ordonnance, qui en surveillent l’exécution ; qui, lorsque le corps des pionnieren, spécialement affecté à cette besogne, n’est pas présent, travaillent minutieusement à faire, sans fautes de style, une belle flambée. À Rethy, le rapport de la commission judiciaire envoyée sur les lieux, décrit les incendiaires entrant dans chaque maison, allumant avec soin, chambre par chambre, les rideaux, les vêtemens, les matelas : ce ne sont que des uhlans sans engins ad hoc. Quand la troupe est plus nombreuse, elle a ses outils et le genre de munitions qu’il faut. À Schafîen, chaque maison est enduite préalablement de pétrole et de naphte (ces liquides sont contenus dans des récipiens perfectionnés). À Tamines, ce sont des sortes de fusées que les soldats ont sur eux qui allument l’incendie. À Louvain, ce sont des bombes incendiaires qu’on jette dans les maisons pour mettre le feu ou l’activer. Ailleurs, ce sont les pastilles incendiaires (nitro-cellulose gélatinée) dont les dossiers de la Commission d’enquête contiennent une analyse chimique détaillée. Rien n’est laissé à l’improvisation ou à l’imagination. Quand l’ardeur du feu diminue, on voit les soldats, comme à Aerschot, « soulever de place en place quelques tuiles des toits pour favoriser le développement des flammes. » Quand l’ardeur des hommes se ralentit, on entend les officiers, comme à Sempst, se promener entre les maisons déjà embrasées en criant : Brent ! Brent ! Un de mes amis est témoin en Wallonnie de l’entrée de l’ennemi dans un village condamné : l’officier à cheval donne ses ordres devant chaque maison, d’après l’aspect de l’immeuble et sa grandeur : « Ici un homme ! Ici trois ! ici cinq ! » Par ce système rationnel, en une heure l’exécution est finie. On prend soin d’empêcher le sauvetage : à Louvain l’autorité allemande fait détruire, dès le début de l’incendie, les pompes et l’échelle Porta. On profite aussi du feu pour faire double besogne : à Liége, pendant que l’on brûle les maisons d’une rue, on tire sur les bourgeois qui sortent, à coups de fusils et de mitrailleuses : notable économie de temps. L’incendie est une partie de la guerre. À Averbode, le commandant allemand déclare à un témoin : « Nous ne venons pas ici pour faire la guerre, mais pour brûler le village ! » Il est des fois pourtant où l’armée combattante s’abstient de ce glorieux devoir : c’est quand les pionniers ne sont pas loin. Ils sont chargés des incendies impeccables, et leur outillage est plus complet encore. Devant eux, comme à Termonde, les autres soldats se retirent. À une femme de Termonde qui demandait qu’on sauvât son bien, un officier répondit, avant même que Sommerfeld eût parlé : « Je regrette. Madame, mais l’incendie n’est pas ma partie, c’est celle de ceux-là qui entrent. Devant eux, je dois partir. » Division du travail, dernier mot de l’industrie guerrière !

Le pillage est réglé comme l’incendie, avec froideur et méthode. On emporte pêle-mêle ce qui est précieux et ce qui ne l’est pas. Les objets inutilisables, — pour le vainqueur, — sont détruits, comme à T., où, dévalisant le couvent qui les nourrit, les hôtes reconnaissans enlèvent dans les salles d’école les ardoises, les cahiers, les buvards des enfans pauvres, en font des tas qu’ils brûlent ou couvrent d’ordures. De longs trains chargés de caisses soigneusement clouées partent pour l’Allemagne, cadeaux individuels ou butin officiel de l’Empire. Ces objets volés, — le goût pour les pianos, remarquons-le, a succédé au goût pour les pendules, — réjouiront les Gretchen aux yeux bleus, ou, négociés, enrichiront les caisses de l’État : les journaux de Cologne n’annonçaient-ils pas, il y a peu de jours, la vente publique, sur une des places de la ville, des étalons de prix ravis dans nos fermes à nos éleveurs ? Les pillards ne sont pas des soldats désobéissans ; ce sont de bons serviteurs. Ils agissent même parfois à contre-cœur. Le fantassin Klein, dont le carnet de route est sous mes yeux, termine le récit de sa participation au pillage organisé de Louvain par ces mots de dégoût : « Cette journée m’inspire un mépris que je ne saurais décrire. » Et un autre soldat, à W., apporte de l’argent à une religieuse en lui disant : « Voici, ma Sœur, pour vos bonnes œuvres… Ne me méprisez pas. Je suis obligé de piller, mais je ne suis pas un voleur ! » Pour chasser ces scrupules possibles, on leur fait commencer d’ordinaire l’ouvrage par la cave : l’excitation leur donnera plus d’entrain !

Les officiers supérieurs, que l’on pourrait croire plus discrets, ne répugnent pas au pillage. Ils le font exécuter sous leurs yeux, pour leur compte, avec cynisme et tranquillité. Ils ne sont pas moins que les officiers inférieurs, les barbares que les produits d’une civilisation plus fine émerveillent, et qui empilent pêle-mêle dans des caisses les argenteries, les chromos, les toilettes de bal et les draps de lit ! C’est le duc de Gronau qui préside, au mois d’août, après l’occupation paisible par son état-major du château de Villers-Notre-Dame, à l’enlèvement de cent-quarante-six couverts, de deux cent trente-six cuillers de vermeil, de trois montres en or, de neuf livrets de caisse d’épargne, de quinze cents bouteilles de vin, de soixante-deux poules, de trente-deux canards, de nombreuses robes de soirée, d’œuvres d’art et d’une grande quantité de linge d’enfant ! C’est Son Altesse Impériale et Royale, le prince Eitel Fritz, propre fils de l’Empereur, qui, ayant séjourné une huitaine de jours dans un château du pays de Liége, chez M. X., avec le duc de Brunswick et le baron von Mirbach, remercie ses hôtes en faisant emballer sous leurs yeux toutes les robes qu’il peut trouver dans les armoires de Mme X. et de ses filles : tissus délicats qui vont fagoter, à l’instar de Paris, les beautés rebondissantes de Potsdam et du Hanovre !

C’est, du soldat à l’officier, de l’officier au prince, du prince au chef d’armée, le même système, la même cruauté, le même goût âpre du vol. « Aucun acte de cruauté indisciplinée ! » non, mais le vol comme le crime, le pillage comme l’assassinat érigés en méthode, et commis par ordre des généraux et de l’Empereur !

Si quelque Herr Professor veut y contredire, qu’on lui fasse tenir le septième rapport de la Commission belge d’enquête, où ont été réunies les preuves les plus accablantes de cette responsabilité d’en haut, — les preuves les moins contestables aussi, puisqu’il s’agit des proclamations mêmes, brutales et sans pudeur, des von Emmich, des von Bülow, des von der Goltz…


Qu’y peut-on lire ? L’aveu atroce que les horreurs qui désolent le pays sont voulues et commandées. Le 22 août, après le sac effroyable d’Andenne, Bülow fait afficher a Liége :

« C’est avec mon consentement que le général en chef a fait brûler toute la localité, et que cent personnes environ ont été fusillées. »

Le 25 août, le même Bülow fait placarder à Namur la proclamation suivante :

« Les soldats belges et français doivent être livrés comme prisonniers de guerre avant quatre heures, devant la prison. Les citoyens qui n’obéiront pas seront condamnés aux travaux forcés à perpétuité en Allemagne. L’inspection sévère des immeubles commencera à quatre heures. Tout soldat trouvé sera immédiatement fusillé.

« Armes, poudre, dynamite, doivent être remis à quatre heures. Peine : fusillade.

« Toutes les rues seront occupées par une garde allemande qui prendra dix otages dans chaque rue. Si un attentat se produit dans la rue, les dix otages seront fusillés. »

Le 27 août, le lieutenant général von Nieber écrit au bourgmestre de Wavre pour réclamer à cette petite ville le solde d’une exorbitante contribution de guerre de trois millions de francs imposée par le général commandant la deuxième armée (toujours Bülow). Il termine sa lettre par ces mots :

« La ville de Wavre sera incendiée et détruite si le paiement ne s’effectue pas à terme utile, sans égards pour personne : les innocens souffriront avec les coupables ! »

Le 17 août, le bourgmestre de Hasselt, sur les ordres de l’autorité militaire supérieure allemande, avait été obligé d’afficher cet avis :

« Dans le cas où des habitans tireraient sur des soldats de l’armée allemande, le tiers de la population mâle serait passé par les armes. »

Le 5 octobre enfin, le feld-maréchal von der Goltz lance dans toute l’étendue de son gouvernement la proclamation suivante, plus claire encore que les autres (on sait que, fréquemment pendant la campagne de Belgique, des détachemens d’éclaireurs cyclistes ont été faire sauter, jusqu’au fond des provinces occupées, des voies de chemin de fer nécessaires aux communications allemandes) :

« Dans la soirée du 25 septembre, la ligne de chemin de fer et le télégraphe ont été détruits sur la ligne Lovenjoul-Vertryck. À la suite de cela, les deux localités citées ont eu, le 30 septembre au matin, à en rendre compte et ont dû livrer des otages.

« À l’avenir, les localités les plus rapprochées de l’endroit où de pareils faits se sont passés, — peu importe qu’elles soient complices ou non, — seront punies sans miséricorde ! »

Ainsi le mépris de la vie des citoyens, les sévices contre les prisonniers de guerre, des tragédies abominables comme celle d’Andenne, les représailles contre tous pour le geste d’un seul, — mieux, pour un fait étranger à la population, qui se passe dans les environs, tout cela est autorisé et ordonné. Tout cela se fait ouvertement sous les yeux d’un kaiser ami passionné de la Paix et « délices du genre humain ! »

  1. La traduction officielle du manifeste porte « ni actes d’indiscipline, ni de cruautés. » Il suffit de lire en regard le texte allemand pour voir qu’il s’agit là d’une de ces altérations, — il y en a quatre ou cinq, — que les Quatre-vingt-treize ont fait subir volontairement à leur texte, en le traduisant en français.