George E. Desbarats, éditeur (p. 28-31).

CHAPITRE V.

PERFIDIE.


Selon l’ordre qu’il avait reçu, Sournois était venu dans l’après-midi de cette même journée, donner à l’intendant des nouvelles de Mlle de Rochebrune.

Le valet avait eu le temps de se remettre ; et lorsqu’il se présenta devant Bigot, au palais de l’intendant, ce fut avec cet air rampant qui lui était habituel qu’il aborda son maître.

— Hé bien ! Sournois, dit Bigot, comment va ton nez ? Il me produit l’effet d’être plus rubicond que de coutume. Garderait-il donc encore des marques de ma mauvaise humeur d’hier matin ?

— Oh non ! monsieur l’intendant ; d’ailleurs ce n’est point la peine d’en parler, répondit le valet, qui, en blêmissant, car sa face violacée ne savait plus rougir, porta machinalement la main à cette intéressante partie de sa figure.

Bigot soupçonna fortement son valet de chambre d’avoir mis à profit les deux jours de liberté qu’il avait eus pour visiter à son aise le cellier de Beaumanoir.

À vrai dire, ce jugement du maître était loin d’avoir rien de téméraire.

Afin, sans doute, d’avaler plus facilement la honte qu’il avait subie, Sournois avait depuis la veille absorbé une énorme quantité de vins de toute espèce. Sauterne, Bordeaux, Xérès, Rancio, Champagne et eaux-de-vie, il avait fait chanter les vins des meilleurs crûs sur tous les tons de la gamme du glouglou, en s’accompagnant des doigts sur le col poussiéreux des bouteilles.

Car Sournois dédaignait de perdre son temps à remplir un verre, et buvait ordinairement le goulot sur les lèvres.

— Comme cela, disait-il en s’essuyant la bouche du revers de sa manche, on ne perdait rien de ce divin arôme qui n’avait pas même un prétexte pour s’éventer.

Bigot, qui avait intérêt à lui faire oublier sa brutalité de la veille, ne fit aucune allusion à l’ivrognerie de son domestique ; mais changeant le sujet de la conversation ;

— Et comment se porte

Ma belle
Rebelle ?

reprit-il en chantonnant.

— Euh ! comme ça, monsieur l’Intendant.

— Qu’entends-tu dire ?

— Que la petite a l’air bien désolée.

— Elle s’ennuie de moi, sans doute ; j’irai la consoler, dit Bigot d’un air suffisant sous lequel perçait une certaine inquiétude qui n’échappa point à l’œil clairvoyant de Sournois.

— À vous dire vrai, monsieur l’intendant, je ne crois pas que votre retour la comble de joie. Car elle m’a parue bien heureuse quand je lui ai annoncé votre départ subit.

— Innocent ! pourquoi lui dire cela ?

— Dame ! monsieur ne me l’avait pas défendu.

— C’est vrai ! Allons ! je vois qu’il me va falloir démasquer toutes mes batteries pour vaincre son obstination. Que le diable m’emporte si la fillette ne se rend pas avant deux jours !

— Oh ! oh ! pensa Sournois, il parle de vaincre ! donc, il a été repoussé l’autre jour. Décidément, je vais pouvoir me venger de ce coup de poing dont le poids m’est resté… sur le nez.

— Tu lui as porté régulièrement ses repas, Sournois ?

— Certainement, monsieur.

— Mange-t-elle ?

— Oui, mais si peu que ce n’est vraiment pas la peine d’en parler.

— Hum ! et dire que je ne puis pas encore laisser la ville aujourd’hui ! Enfin, il faut en prendre son parti ; mais demain j’irai à Beaumanoir, coûte que coûte. Quant à toi, tu vas y retourner après m’avoir coiffé, toutefois ; car il n’y a que toi qui saches le faire à mon goût.

Quand Sournois eut fini de remplir son office de coiffeur, cinq heures venaient de sonner.

— Maintenant, lui dit Bigot, tu vas regagner Beaumanoir et m’y attendre jusqu’à demain soir. Mais auparavant, rends-toi à la haute-ville chez Mme Péan, et, après lui avoir présenté mes compliments affectueux, dis-lui que je ne pourrai me trouver chez elle aujourd’hui que sur les neuf heures du soir, vu que je serai des plus affairés jusque-là.

— Que vous avez d’esprit, cher monsieur ! pensa Sournois, d’aller ainsi de vous-même au devant de mon plus vif désir en m’envoyant au seul endroit où je tienne à aller.

Dix minutes plus tard, Sournois frappait à la porte de Mme Péan, sur la rue Saint-Louis.[1]

Une charmante soubrette vint ouvrir.

Comme il était toujours porteur des messages de l’intendant, le valet fut admis sans difficulté en présence de la maîtresse du logis.

On fit entrer Sournois dans un merveilleux boudoir, où tables, étagères, causeuses, du plus ravissant travail de Boule, s’étalaient sur un épais tapis de Perse.

À demi couchée sur un canapé, la belle madame Péan lisait le fameux roman de l’abbé Prévost, Manon Lescaut.

Un peu fatiguée de la soirée précédente, où l’on avait joué chez elle fort avant dans la nuit, la jeune femme ne s’était levée qu’à deux heures de l’après-midi. Et comme elle ne s’était pas sentie tout à fait bien, elle n’avait fait que passer un peignoir à dentelle pour se jeter sur le canapé du boudoir.

Ses longs cheveux noirs ruisselaient dans un superbe désordre sur ses épaules dont la blancheur rosée resplendissait sous l’élégante échancrure du peignoir, et ses yeux bleus parcouraient d’un regard languissant le livre que tenaient ses doigts effilés.

Son pied droit, chaussé d’une charmante mule de satin aurore, s’appuyait sur le dos d’un petit chien à poil blanc et frisé qui dormait sur un carreau de velours ; tandis que la jambe gauche, gracieusement repliée sur elle-même, laissait deviner ses admirables contours sous la légère étoffe de la robe diaphane.

— Diable ! se dit Sournois, dont la laideur contrastait étrangement avec cette exquise beauté, il faut que le maître soit bien dégoûté pour être infidèle à un aussi beau brin de femme ! Ah ! Sournois, mon ami, que n’êtes-vous né Bigot pour passer votre vie à genoux devant cette adorable créature !

Sournois ne manquait pas d’esprit.

Puis, élevant la voix ;

— Madame, dit-il, et il inclina sa disgracieuse personne, M. l’intendant vous fait présenter ses compliments et m’a chargé de vous dire qu’il ne pourra pas venir ce soir avant neuf heures.

C’est à peine si la belle Angélique Péan[2] avait daigné quitter des yeux son livre pour écouter le valet.

Mais quand Sournois eut cessé de parler, elle fit une petite moue et dit avec humeur, quoique sans se déranger :

M. l’intendant est donc bien affairé ces jours-ci ?

— Oui, joliment, madame !

Sournois avait su donner un accent tellement singulier à sa réponse, que la jeune femme ne put s’empêcher de tourner la tête, et regardant le valet de ce petit air dédaigneux qu’une dame croit devoir prendre avec son domestique ;

— Qu’est-ce à dire ?

— Que mon maître est, de ce temps-ci, plus occupé que madame ne le voudrait peut-être.

— Or çà, mon ami, vous oubliez avec qui vous êtes ; et vous vous permettez, je crois, de badiner avec moi.

— Pardon, madame. Les préoccupations de mon maître, au contraire, sont choses tellement graves, qu’il faut en parler très-sérieusement, surtout devant vous.

— Comment, devant moi ? Expliquez-vous plus clairement, ou sortez !

— C’est que voyez-vous, madame, fit Sournois en se frottant le nez, les choses désagréables à entendre sont toujours difficiles à dire.

— Je suis folle de m’amuser à écouter cet homme, murmura la dame ; il aura trop bu, selon son habitude. J’aurais dû y songer plus tôt.

Et jetant sur le valet un regard empreint de cette crainte instinctive que les femmes ressentent à la vue d’un homme ivre, elle se mit sur son séant pour tirer le cordon d’une sonnette et appeler quelqu’un.

Mais Sournois avait lu cette pensée dans ses yeux.

— Excusez-moi, madame, dit-il de sa voix la plus douce ; vous me croyez gris, n’est-ce pas ? Eh bien ! écoutez-moi seulement deux minutes et vous vous convaincrez du contraire. Permettez-moi toutefois de vous faire une question. N’avez-vous rien remarqué d’étrange dans la conduite de M. l’intendant, depuis son retour de Beaumanoir, c’est-à-dire depuis hier matin ?

— Eh bien ! en supposant que cela fût ?

— Si cela n’était pas, madame, M. Bigot serait encore plus hypocrite que je ne le croyais.

— Hein !

— Car il vous trompe, madame,

— Il me trompe !

— Ou est parfaitement disposé à le faire, ce qui revient au même.

La figure de Mme Péan prit une telle expression d’incrédulité dédaigneuse, que l’astucieux valet comprit qu’il était temps de frapper le grand coup.

Aussi commença-t-il, sans autre préambule, à raconter l’enlèvement de Mlle de Rochebrune, la part qu’il y avait prise et les brusqueries du maître à son égard.

À mesure que Sournois avançait dans son récit, la pauvre femme s’était mise à pâlir de telle sorte que le sang avait fini par fuir complètement son visage pour affluer au cœur. Elle devint aussi blanche qu’une statue d’albâtre.

Il avait à peine fini que se dressant soudain sur ses pieds :

— Ah ! c’est infâme ! s’écria-t-elle.

Depuis le commencement de sa liaison avec l’intendant, ce qui remontait déjà à plusieurs années, Bigot s’était montré si attentif auprès d’elle, que jamais la jeune femme ne l’avait un seul instant soupçonné de lui être infidèle.

Dieu sait pourtant, s’il en faut croire la tradition, que M. Bigot avait bien, en fait d’amour, toutes les idées larges de son siècle, et qu’il dut plus d’une fois, l’occasion aidant, se délasser ailleurs d’un attachement aussi prolongé.

Mais Mme Péan n’en avait su rien, vu que les personnes de sa petite cour avaient le plus grand intérêt à ce que la bonne entente subsistât le plus longtemps possible entre le puissant intendant et leur amie, la femme de l’aide-major.

Aussi, la nouvelle imprévue qu’apportait Sournois la frappa-t-elle comme un coup de foudre.

Ce n’est pas que son amour pour Bigot fût encore aussi vif que dans les commencements. Bien au contraire ; et s’il nous est trop pénible de penser qu’elle avait tout d’abord cédé plutôt à la passion véritable qu’à l’idée d’une spéculation sordide, nous devons aussi constater que son amour, émoussé peu à peu par le temps, avait fini par ne régner qu’à demi dans son cœur, dont l’intérêt et le sentiment se disputaient maintenant la possession.

Cependant, la douleur que ressentit ce reste de passion, jointe à la prévision de perdre à tout jamais, avec les bonnes grâces de l’intendant, ses libéralités splendides, lui arracha un cri de lionne blessée.

Sournois fut tellement effrayé de l’effet terrifiant produit par son indiscrétion, qu’il comprit qu’il lui fallait maintenant rassurer la pauvre femme.

— De grâce ! madame, calmez-vous, s’écria-t-il. Le mal n’est pas aussi grave que vous croyez, puisqu’il est encore réparable.

Puis il lui fit part de la conversation qu’il avait eue avec son maître, durant l’après-midi même, et de la conviction qu’il en avait acquise que Bigot n’avait pas été heureux dans son entreprise galante auprès de sa jeune captive.

— Ah ! ce n’en est pas moins indigne de vouloir me trahir ainsi !

Elle fondit en larmes.

Sournois, ne sachant quelle contenance garder devant l’effusion de cette douleur, eut recours à son expédient ordinaire dans les circonstances embarrassantes et se mit à frotter doucement son nez avec la seconde jointure de l’index.

Soulagée par ses pleurs, Mme Péan revint bientôt à elle.

D’une main que la colère, autant que l’émotion, rendait tremblante, elle essuya les larmes qui voilaient ses beaux yeux, et releva la tête.

— Ne m’avez-vous pas dit, Sournois, que vous retournez à Beaumanoir ?

— Oui, madame.

— Quand y serez-vous ce soir ?

— Il est maintenant… près de six heures. Avant que je me sois préparé et mis en route, il en sera bien six-et-demie. De sorte que je n’arriverai guère au château avant huit heures.

— Bien ! À présent, écoutez-moi. Consentez-vous à me servir en cette affaire ?

— Oh ! que oui ! madame. Et, non-seulement dans ce cas-ci, mais toujours et partout, j’exécuterai les ordres que vous voudrez bien me donner.

— C’est bon ! je saurai vous en récompenser. D’ailleurs, c’est le seul parti qui vous reste à prendre après les dangereuses confidences que vous venez de me faire. Sur un seul mot à votre maître, je vous perdrais à tout jamais.

— Je le savais pardieu bien ! — Excusez ce juron, madame ; … vieille habitude ! — Aussi avais-je l’intention de vous offrir mes services.

— Alors, rendez-vous de suite à Beaumanoir et attendez-y mes ordres. Peut-être même m’y verrez-vous ce soir. Dans tous les cas, rapportez-vous-en à ma discrétion pour détourner de vous les soupçons de M. Bigot. Ah ! attendez un instant.

Mme Péan sonna et sa fille de chambre apparut.

— Lisette, lui dit sa maîtresse, apporte-moi donc ma bourse que j’ai dû laisser, en me couchant, sur le pied de mon miroir.

L’instant d’après revint la soubrette avec une de ces longues bourses en soie que nos porte-monnaie ont remplacées, plus ou moins bien. Elle était toute brodée en perles, et deux anneaux d’or la fermaient par le milieu.

— Merci, Lisette, et retirez-vous.

Lorsque la servante eut refermé la porte, elle prit cinq louis d’or qu’elle offrit à Sournois en lui disant :

— Prenez cet à-compte, et tenez-vous prêt.

Le valet sortit après s’être incliné jusqu’à terre.

— Allons ! Sournois, mon ami, se dit-il en regagnant l’intendance, je crois que vous venez de faire une bonne spéculation en vous avisant de servir deux maîtres à la fois. Quant à ma petite vengeance, elle va marcher son train maintenant.

Durant le quart-d’heure qui suivit le départ de Sournois, Mme Péan descendit dans les plus intimes profondeurs de la réflexion.

Assise sur le divan, la fossette de son menton perdue dans sa main droite, son joli index sur les lèvres, et fronçant de temps à autre l’arc si léger de ses sourcils qu’il semblait avoir été créé d’un léger coup de pinceau du miniaturiste Liotard, elle rumina une de ces bonnes petites vengeances de femme, d’autant plus perfides qu’elles se cachent sous des fleurs.

Apparemment qu’elle eut bientôt trouvé ce qu’elle cherchait, car un fin sourire de méchanceté caressa ses lèvres lorsqu’elle se leva pour quitter le boudoir.

— Lisette, dit-elle en entrant dans sa chambre à coucher, va dire au cocher de tenir mes chevaux et ma voiture prêts pour sept heures, et reviens vite m’habiller. Ensuite, pour perdre moins de temps, je souperai de viandes froides.

Sept heures venaient de sonner, lorsque s’ouvrit la porte cochère du logis de M. l’aide-major Péan.

On se souvient que ce brave major était en France.

Deux chevaux traînant un lourd carrosse sortirent en faisant piaffer leurs sabots ferrés sur le pavé de la cour.

À l’intérieur de la voiture était Mme Péan qu’enveloppait une large mante.

Le carrosse venait à peine d’entrer dans la rue Saint-Louis, que le cocher arrêta ses chevaux et se penchant vers une ouverture pratiquée dans la partie supérieure de la botte :

— Madame sait-elle, par hasard, quel est le mot d’ordre à donner aux soldats qui gardent le nouveau pont de bateau jeté sur la rivière Saint-Charles ?

— Non.

— C’est dommage, parce que ça aurait raccourci le chemin, si on avait pu passer par là.

— Nous ferons comme s’il n’y avait point de pont. Le vieux passeur Pierre traversera la voiture sur le bac des Sœurs,

— C’est bien, madame.

Et le cocher fouetta ses chevaux qui partirent au grand trot.

Sur les neuf heures-et-demie, M. l’intendant Bigot, glorieux, poudré, parfumé à outrance, faisait retentir le lourd marteau de la porte de Mme Péan de ces coups fermes et sonores qui annoncent le maître ou l’habitué très-sûr d’être bien accueilli.

On ouvrit la porte.

— Madame est chez elle ? dit en entrant Bigot, qui déposa un double baiser sur les joues fraîches de la soubrette.

— Non, monsieur.

— Hein !

— Madame est sortie.

— Sortie !!

— Oui, monsieur ; et depuis plus de deux heures.

— Mais où donc est-elle allée ?

— À Beaumanoir, monsieur.

— À Beaumanoir !!!

Bigot faillit tomber à la renverse.

— Que diable est-elle allée faire au château ? Elle devait pourtant bien savoir que je n’irais pas là ce soir !

— Oh ! si, monsieur, elle le savait. Mais madame a entendu dire que les Anglais sont débarqués cette après-midi à l’île d’Orléans.[3] Elle en a eu tant de peur qu’elle n’a pas voulu coucher en ville et qu’elle s’en est allée à votre château de Charlesbourg.

— Malédiction ! cria Bigot, qui descendit quatre à quatre les marches du perron. Elle va tout savoir en occupant sa chambre de la tourelle ! Oh ! sacristi ! quelle maudite idée a-t-elle eu là ! Mille millions de tonnerres ! c’est à en devenir fou !

Il courait à toutes jambes.

Arrivé à cette porte de la ville qui coupe en deux la côte du Palais, il lui fallut s’arrêter.

La porte était fermée depuis le coucher du soleil.

— On ne passe pas sans le mot d’ordre, lui dit la sentinelle en croisant son arme.

— Le mot d’ordre est Carillon ! Allons, vite !

Durant tout le temps qu’on mit à lui ouvrir, Bigot, impatienté du retard, jura comme un troupier.

À l’intendance il tomba comme une bombe.

— Vite ! vite ! qu’on me selle un cheval ! cria-t-il d’une voix à faire trembler les vitres.

Trois minutes après, il sautait en selle.

Revenant un peu sur ses pas, il descendit ensuite au grand galop la rue Saint-Nicolas, au bas de laquelle il fut arrêté par une barricade qui obstruait le passage.

On saura bientôt pourquoi.

Ce nouveau retard lui causa un autre accès de rage.

— Carillon ! pendard ! cria-t-il au factionnaire. Allons ! plus vite que ça, ou je te passe sur le ventre !

À peine avait-on décroché deux ou trois chaînes que Bigot éperonna son cheval et lui fit, d’un seul bond, franchir un amas de poutres qui s’élevaient à cinq pieds au-dessus du sol, et qu’on n’eut pas le temps de ranger.

— Enfin ! dit-il en lançant sa monture à fond de train dans la direction du pont de bateaux qui se trouvait à peu près au même endroit que notre pont Dorchester.

Mais il n’avait pas fait trente pas, qu’une double détonation qui éclata en avant et non loin de lui, fit faire un écart à son cheval.

En même temps, des cris de femmes effrayées percèrent le silence de la nuit.


  1. Au dire de M. James Lemoine, Mme Péan demeurait dans la rue Saint-Louis, au lieu où s’élève aujourd’hui la caserne des officiers. La tradition nous dit que la maison qu’elle habitait lui avait été donnée par Bigot.
  2. J’ai sous les yeux une copie de l’acte de mariage, tirée des registres de N. D. de Québec, de « Michel-Jean-Bugues Péan, Ecr., Sr. de Saint-Michel, officier des troupes du détachement de la marine entretenu en ce pays et aide-major de Québec, fils de Hugues-Jacques Péan, Ecr., Seigneur de Livaudière, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, etc.… d’une part, et Dlle Angélique Renaud d’Avenue, fille de feu Marie-Nicolas Renaud d’Avenue, vivant, Ecr., Sr. de Meloise, seigneur de Neuville, etc.… »

    M. Péan et Mlle des Meloises furent mariés à Québec, le trois janvier mil sept cent quarante-six, par Monseigneur du Breil de Pontbriand.

  3. En effet, « le vingt-sept juin, la flotte anglaise débarqua une partie de ses hommes vers le haut de l’Île. » M. Ferland.