L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/Premières guerres contre les Indiens. — Guerre de Philippe.

Traduction par Mathilde Leiris.
E. Johns & Cie (p. 32-39).


Canonchet répondant au jeune officier Anglais.


premières guerres contre les indiens. — guerre des pequots

LEÇON VI.

1. Je vous ai déjà parlé des Indiens qui habitaient l’Amérique lorsque les Européens y arrivèrent. Dans cette leçon je vous entretiendrai des guerres qui eurent lieu entre les Anglais et les Indiens.

2. La première guerre contre les Indiens fut appelée Guerre des Pequots. Elle commença en 1637.

3. Les Pequots formaient une tribu puissante, dont le principal sachem se nommait Sassacus. C’était un grand guerrier.

4. Les Pequots habitaient le Connecticut, et ils y possédaient deux forts près de New-London et de Groton. Ces sauvages ayant tué quelques uns des colons nouvellement établis dans le Connecticut, les Anglais se virent obligés de leur déclarer la guerre.

5. Les habitants de Hartford, de Windsor et de Weathersfield, enrôlèrent quatrevingt-dix hommes. Le capitaine Mason les commandait. Cinq cents Indiens Narragansett se joignirent à eux.

6. Avec ces forces le capitaine Mason attaqua le fort principal des Pequots, y mit le feu et le détruisit de fond en comble. Cette guerre fut déplorable, mais elle était juste de la part des Anglais, parce que les Pequots avaient résolu de les détruire.

7. La seconde guerre des Indiens, commença en 1675. Elle fut appelée guerre du roi Philippe. Il en était le principal moteur.

8. Philippe était le sachem de la tribu des Wam-pa-no-ag. Il avait un fort sur le Mount Hope à Bristol, (Rhode Island.)

9. Le grand père de Philippe avait été l’ami des Anglais, mais Philippe devint leur ennemi parce qu’il ne pouvait souffrir qu’ils prissent ainsi les terres des Indiens, et il résolut de les exterminer.

10. Pour effectuer ce projet il visita presque toutes les tribus de la Nouvelle Angleterre, les engageant à le suivre. Cette guerre fut plus importante et plus désastreuse que celle des Pequots.

11. Plusieurs villes furent surprises et leurs habitants cruellement massacrés. À Brookfield en Massachusetts, les habitants se réfugièrent dans une maison que les Indiens vinrent assiéger. Au bout de deux jours, voyant qu’ils ne pouvaient pas la prendre, ils remplirent une charrette de lin et d’étoupe et y mettant le feu, ils la poussèrent contre la maison ; mais heureusement il survint une grosse pluie, qui éteignit le feu.

12. Une autre fois les Indiens Narragansett, qui avaient pris le parti de Philippe furent suivis par les Anglais dans un marécage. Là se trouvaient un fort, un village des weekwams et une population d’environ quatre mille Indiens. Les Anglais attaquèrent le fort ; un combat sanglant s’engagea, ils furent victorieux. Ils brûlèrent le fort, et les weekwams et presque tous les Indiens furent massacrés ou brûlés.

13. La guerre se termina en 1676 par la mort de Philippe. À cette époque, il fut découvert dans un terrain marécageux, où il s’était caché avec son grand capitaine Anawon, et quelques uns de ses partisans. Le capitaine Church ayant été informé du lieu où Philippe s’était retiré s’y rendit et ordonna à ses troupes d’entourer cet endroit.

14. « Maintenant, » dit-il, « il est impossible que Philippe nous échappe. » Au moment même Philippe, chercha à se sauver. Un soldat anglais lui tira un coup de fusil mais il le manqua. Un Indien tira aussi et la balle traversa le cœur du sachem.

15. Le capitaine Church ordonna qu’on coupât la tête de ce roi sauvage. Cet ordre fut accompli par un Indien, qui levant le bras sur Philippe s’écria : « Vous avez été un très-grand homme, vous vous êtes fait craindre de beaucoup de gens, mais tout grand que vous ayez été je vous taillerai en pièces. »

QUESTIONS.

1. Comment fut appelée la première guerre contre les Indiens ? En quelle année commença-t-elle ?

2. Que dit-on de la tribu des Pequots ? Quel était leur sachem ?

3. Quel pays les Pequots habitaient-ils ? Quels étaient les deux forts qu’ils possédaient. Comment traitèrent-ils les Anglais ?

4. Combien d’hommes les Anglais enrôlèrent-ils ? Quelles sont les villes qui fournirent ces hommes ? Par qui étaient-ils commandés ? Quels furent les Indiens qui se joignirent à eux ? Quel pays habitaient-ils ?

5. Quel fut le sort des Pequots ? Cette guerre était-elle juste de la part des Anglais ? Pourquoi ?

6. En quelle année la seconde guerre des Indiens commença-t-elle ? Comment cette guerre fut-elle appelée ? Pourquoi ?

7. De quelle tribu Philippe était-il le sachem ? Quel fort possédait-il ?

8. Que dit-on du grand-père de Philippe ? Que dit-on de Philippe lui-même ? Pourquoi devint-il l’ennemi des Anglais. Qu’avait-il résolu de faire ?

10. Que fit-il pour effectuer ce projet ? Quelle différence y a-t-il entre cette guerre et celle des Pequots ?

11. Que se passa-t-il pendant cette guerre ? Que firent les habitants de Brookfield ? Que firent les Indiens voyant qu’ils ne pouvaient pas prendre cette maison ?

12. Dans quel endroit les Anglais suivirent-ils les Narragansetts ? Que trouvèrent-ils dans cet endroit ? Que firent les Anglais ? Que devinrent les Indiens, leur fort, et leurs weekwams ?

13. Quand la guerre finit-elle ? Où Philippe fut-il découvert ? Qui était avec lui ? Quel ordre le capitaine Church donna-t-il à ses troupes ?

14. Philippe ne chercha-t-il pas à se sauver ? Que fit un soldat anglais ? Par qui Philippe fut-il tué ?

15. Qu’ordonna ensuite le capitaine Church ? Qui accomplit cet ordre ? Que dit l’Indien en cette occasion ?.



HISTOIRE.

1. Mon Histoire d’aujourd’hui sera au sujet de Canonchet et de Philippe.

2. Canonchet était l’ami de Philippe et le sachem des Narragansetts, qui comme je vous l’ai dit habitaient le Rhode-Island. Canonchet était un chef orgueilleux, et un guerrier hardi.

3. Après le combat du marécage dont je vous ai parlé, quelques troupes anglaises vinrent sur lui. Il s’enfuit devant elles, et allait se plonger dans la rivière lorsque son pied glissa. Il tomba et fut pris. Quand il se vit captif, il s’écria. « Je ne suis plus qu’un arbre desséché bon à jeter au feu. »

4. L’extérieur de Canonchet était noble. Les Anglais furent frappés de la majesté de ses regards. Un jeune soldat anglais lui ayant fait une question, le fier guerrier répliqua. « Vous n’êtes qu’un enfant, je ne répondrai pas à vos questions, faites venir votre chef, c’est à lui que je répondrai. »

5. Canonchet fut condamné à mort. Lorsqu’il entendit sa sentence, il dit : « C’est bien, car je désire mourir avant de proférer une parole indigne de moi. »

6. Philippe était aussi fier que Canonchet et plus grand homme. C’était un guerrier d’un esprit hautain, hardi, puissant et en même temps artificieux et traître.

7. Dès que la guerre commençait son nom inspirait la terreur parmi les Anglais. Partout où il passait on était obligé de fuir. Il ne demandait aucune faveur pour lui ou pour ses partisans, et n’en accordait aucune à ses ennemis.

8. Après tout, ne condamnons pas trop sévèrement Philippe. Il était sauvage, et n’avait pas reçu d’instructions religieuses, c’était un payen et un payen peu éclairé, qui cherchait la gloire dans la guerre et dans la vengeance des injures.

9. D’ailleurs Philippe avait lieu de penser que les Anglais étaient ses ennemis. Il était roi, et ce titre lui donnait de justes droits sur ses états. Il croyait que les Anglais voulaient le chasser ainsi que ses sujets pour s’emparer de leurs terres, et peut-être les Anglais ne cherchèrent-ils pas assez à éloigner ses soupçons.

10. Est-il donc étrange que Philippe prit les armes pour les repousser ? Qui ne voudrait point combattre pour sa patrie, pour sa femme et pour ses enfans ? Ce fut pour eux qu’il combattit, comme un héros, comme un patriote, et nous pouvons ajouter comme un sauvage.

11. Il est à déplorer que Philippe se soit tant méfié des Anglais, puisque cette méfiance causa la guerre la plus meurtrière qu’il y ait jamais eu en Amérique.