L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/Fondation de Jamestown par les Anglais

Traduction par Mathilde Leiris.
E. Johns & Cie (p. 8-13).


Le Capt. Smith dans une Île


LEÇON II.

fondation de jamestown par les anglais.


1. Dès que l’Amérique fut découverte, la nouvelle s’en répandit au loin. Des vaisseaux furent équipés et plusieurs hommes entreprenants s’embarquèrent pour faire de nouvelles découvertes. Parmi eux se trouvait Amérique Vespuce, il ne fit pas de grandes découvertes, mais il raconta une si belle histoire, que le Nouveau-Monde fut appelé d’après lui Amérique. Il aurait dû être nommé Colombie.

2. Un autre aventurier, Jean Cabot, s’embarqua d’Angleterre et découvrit en 1497, l’Amérique septentrionale dans laquelle nous vivons.

3. Longtemps après, des Anglais vinrent s’établir en Amérique, au nombre de cent cinq. Ils restèrent quatre mois sur l’eau, et leur voyage fut très désagréable.

4. En arrivant en Amérique, ils entrèrent dans la Baie de Chésapeak, et remontant la rivière de James l’espace d’environ trente deux milles, ils trouvèrent sur ses rives un magnifique endroit où ils résolurent de s’établir. Le village qu’ils bâtirent fut nommé Jamestown.

5. Le pays n’était alors qu’un désert. Il n’y avait ni maisons, ni routes, ni ponts comme il y en a aujourd’hui ; et les seules maisons que les Anglais pussent habiter furent longtemps formées de troncs d’arbres.

6. Pendant quelque temps, ils eurent en abondance des provisions qu’ils avaient emportées avec eux. Mais quand elles furent finies ils souffrirent beaucoup et faillirent mourir de faim, alors ils vécurent de poissons, de glands, de racines et d’un peu de maïs que les sauvages leur donnèrent.

7. Quelquefois ils se trouvaient dans le besoin. Quelquefois ils étaient malades et beaucoup d’entr’eux moururent. Outre cela les Indiens menaçaient de les tuer. Heureusement plusieurs vaisseaux arrivèrent d’Angleterre avec d’autres personnes et de nouvelles provisions.

QUESTIONS.

1. D’après qui l’Amérique fut-elle appelée ? D’après qui aurait-elle dû être appelée ?

2. Qui découvrit l’Amérique septentrionale ? En quelle année Cabot vint-il en Amérique ?

3. Quels furent les premiers européens qui s’établirent en Amérique ? Au nombre de combien étaient-ils ? Leur traversée fut-elle longue ? Firent-ils un voyage agréable ?

4. Dans quelle Baie entrèrent-ils ? Dans quelle rivière ? À quelle distance remontèrent-ils la rivière ? Où s’établirent-ils ? Quel nom donnèrent-ils au village qu’ils bâtirent ?

5. Quel était l’aspect du pays ? Quelles sortes de maisons avaient-ils ?

6. De quoi se nourrirent-ils d’abord ? Que firent-ils lorsque leurs provisions furent finies ?

7. N’eurent-ils pas beaucoup à souffrir ? De quoi souffrirent-ils ? Par qui furent-ils secourus ?



HISTOIRE.

1. Vous venez d’apprendre que plusieurs années après la découverte de l’Amérique, quelques Anglais vinrent s’établir dans cette contrée. Parmi ceux qui arrivèrent sur le premier vaisseau était le capitaine Jean Smith dont je vais vous raconter les aventures.

2. Le capitaine Smith naquit en Angleterre. Dans son enfance il perdit son père et n’ayant que sa mère pour prendre soin de lui, il devint désobéissant et mal élevé.

3. Il fut placé chez un marchand qui le traita avec bonté mais Jean Smith se conduisit fort mal et un beau jour il s’enfuit.

4. Il n’avait que peu d’argent sur lui. Cependant il partit pour la France, car ayant entendu dire que Paris était une très belle ville, il voulait la visiter.

5. Il arriva dans cette ville, et il admira beaucoup ses maisons belles et élevées. Il fut surtout charmé des spectacles dont les Français sont très amateurs. Ici, il voyait des animaux sauvages, des lions, des tigres, des éléphants et des singes : là, un homme qui dansait sur une corde et non loin, des gens qui couraient à cheval, dans une place appelée cirque. Un de ces hommes était debout sur un cheval qui galoppait et un autre avait un pied sur un cheval et l’autre pied sur un autre cheval.

6. Quand Smith eut assez vu la France, il alla en Hollande où il devint soldat, mais n’aimant pas ce genre de vie, il profita d’une nuit obscure pour déserter. Il fut heureux de pouvoir s’échapper, car si on l’avait pris, on l’aurait fusillé, et alors notre histoire serait finie.

7. Après cette désertion il fit un voyage en Italie. À bord du vaisseau dans lequel il voyageait, il y avait d’autres passagers. Un jour le jeune Smith traita quelques uns d’entre eux très rudement, sur quoi ils le jetèrent à la mer. Il plongea profondément, mais étant un excellent nageur, il fut bientôt sur les vagues et atteignit une île. De là il fut pris par un autre vaisseau qui le conduisit en Italie.

8. Lorsque Smith eut assez vu l’Italie, il alla en Autriche où il s’enrôla encore comme soldat, et d’où il partit pour aller combattre les Turcs. Un jour un cavalier turc lui envoya un cartel ; ils se battirent avec une sorte d’épée appelée sabre, Smith tua son adversaire, et après lui deux autres turcs.

9. Ensuite, il fut fait prisonnier dans une bataille, et vendu comme esclave. On l’envoya à cent milles à l’Est, on le chargea de chaînes, et alors il devint très-misérable. Il ne faut pas s’en étonner : les personnes qui se conduisent aussi mal, doivent s’attendre à souffrir. Dieu n’approuve point la conduite des méchants, et il se refuse à les bénir tant qu’ils persistent dans leurs mauvaises actions.

10. Cependant le capitaine Smith s’échappa et retourna en Angleterre. Il avait beaucoup vu et beaucoup souffert. Mais ses infortunes lui avaient fait du bien, et depuis ce temps il fut un homme utile.

11. À peine de retour en Angleterre, il fut invité à accompagner les premiers colons en Amérique. Il accepta avec plaisir cette proposition, et en débarquant en Amérique, il assista à la fondation de Jamestown et servit beaucoup les intérêts de la nouvelle colonie.

12. J’ai quelque chose de plus à vous raconter au sujet du capitaine Smith. Je le ferai dans ma prochaine histoire. Mais avant de lire l’histoire, ayez soin d’apprendre la leçon. Quand j’étais enfant, on me disait : « travaillez d’abord, jouez ensuite. » Je dirai de même à tous mes petits élèves : « apprenez premièrement la leçon, et puis vous lirez l’histoire. »