L’attrait de la tombe
Œuvres de Sully Prudhomme, poésies 1872-1878, Alphonse Lemerre, éditeur, s.d., Poésies 1872-1878 (p. 209-210).
L’attrait de la tombe
Celui que n’ont pu soulager
Les voluptés et leur mensonge,
Rêve un linceul frais et léger
Où sa lassitude s’allonge.
Son âme, que des jours nouveaux
Ne sauraient plus rendre joyeuse,
Aspire à la paix des caveaux
Sous la pâleur de la veilleuse.
Son âme qu’aimer et penser
Vainement ici brûle et ronge,
N’aspire qu’à s’en dispenser
Par le grand somme exempt de songe.
Son âme avide de repos
Et dans tous les lits malheureuse,
Rêve pour elle et pour les os
Une alcôve infiniment creuse.