L’art de la teinture du coton en rouge/Chapitre 8

Chapitre VIII

CHAPITRE VIII.

Du Rouge de garance obtenu par d’autres procédés plus économiques.

Je suis convaincu que pour avoir un beau rouge bien solide, on ne peut guère s’écarter des méthodes que nous avons décrites ; du moins jusqu’à ce jour toutes les recherches ont été infructueuses, mais il est possible d’apporter des modifications heureuses, en diminuant la dépense, en abrégeant les opérations, en supprimant ou remplaçant quelques-uns des ingrédiens ; et c’est ce dont nous allons nous occuper dans ce moment.

Lorsque, par exemple, les cotons ne sont pas destinés à recevoir l’action des lessives fortes, on peut les teindre en une assez belle couleur par le procédé suivant :

On décrue le coton, après quoi on le passe au mordant, qu’on compose comme il suit : dans une dissolution de 30 livres (un myriagramme et demi) d’alun, on verse 8 livres (4 kilog.) d’acétate d’alumine, on y ajoute ensuite 4 livres (2 kilogrammes) de soude en poudre, et 2 livres (un kilogramme) de sel ammoniaque.

On sèche le coton, on le lave et on le garance avec une livre et demie de garance par livre de coton.

La couleur qu’on obtient par ce procédé est assez nourrie, assez brillante, assez égale pour pouvoir être employée ; mais on ne peut pas la classer parmi les couleurs solides de garance, parce que les fortes lessives l’altèrent, et qu’elle ne résisteroit pas à l’avivage.

Je me suis servi avec avantage d’un mordant, à l’aide duquel je donne au coton une couleur très-solide sans être brillante, mais susceptible d’être employée dans beaucoup de cas : je fais dissoudre à froid, dans l’acide acétique, de la chaux éteinte à l’air ; lorsque l’acide en paroît saturé, je ramène la dissolution à 2 degrés par une addition convenable d’eau.

Je mêle alors cette dissolution d’acétate de chaux avec parties égales d’acétate d’alumine, préparé par 40 livres (2 myriagrammes) d’alun dissous dans 240 livres (12 myriagrammes) d’eau, et 10 livres (5 kilogrammes) de sel de saturne.

Je décante la liqueur qui surnage le dépôt, et la fais tiédir pour y passer le coton qu’on a décrué avec soin.

Le mordant se trouble lorsqu’on y travaille le coton. Il reste clair à une chaleur quelconque.

On sèche, on lave, on sèche encore et on garance dans un bain d’une livre et demie de garance par livre de coton.

On avive avec la lessive de soude et le savon.

On réavive au savon seul, et puis on passe à la composition d’étain.

En variant les proportions de l’acétate de chaux, on peut varier les nuances de la couleur : moins on en met, plus la couleur est brillante.

Si, au lieu d’employer le coton sortant du décrûment, on passe dans ce mordant le coton sortant des huiles, on obtient une couleur très-foncée et très-solide : la couleur est même brillante et belle, si, avant d’appliquer ce mordant, on donne au coton une huile et trois lessives.