L’amour saphique à travers les âges et les êtres/02

(auteur prétendu)
Chez les marchands de nouveautés (Paris) (p. 9-11).

L’Amour saphique, Bandeau de début de chapitre
L’Amour saphique, Bandeau de début de chapitre

II

ÉTYMOLOGIE DES MOTS SAPHISME,
LESBIEN, ETC.


Dans l’antiquité, l’île de Lesbos était célèbre pour la préférence que les femmes de ce lieu marquaient en amour pour les autres femmes.

Les Lesbiennes étaient donc renommées pour leur goût pour l’amour unisexuel ; qui disait « amour lesbien » entendait dire passion de femme pour une autre femme. De même l’expression « faire un voyage à Lesbos » voulait dire, si l’on parlait d’une femme, que celle-ci se disposait à aimer une de ses pareilles.

Ces expressions se sont perpétuées jusqu’à nos jours et désignent les mêmes choses, car chez les modernes aussi bien que chez les anciens la mode lesbienne s’est continuée et fleurit pour beaucoup de femmes.

C’est à Lesbos que naquit et vécut la célèbre poétesse Sappho, qui pratiqua l’amour féminin de façon si éclatante et le célébra avec tant de beaux vers que son nom est devenu synonyme de passion lesbienne.

Une tradition, d’ailleurs erronée, veut que Sappho ait inventé l’amour de la femme pour la femme. C’est faux ; elle ne fit que suivre la coutume de son peuple, mais elle y introduisit une maestria qui lui vaut, à juste titre, la maternité de la passion qu’aujourd’hui l’on qualifie indifféremment de « lesbienne » ou de « saphique ».

Joueuse de lyre, poétesse, Sappho dirigeait une sorte d’académie musicale et poétique où elle ne recevait que des élèves femmes. Celles-ci arrivaient en foule auprès de la célèbre maîtresse, et la plupart d’entre elles partageaient la couche et se disputaient les caresses enflammées de la docte Sappho, qui n’avait guère pour elle que sa gloire, son ardeur et son grand génie poétique, car la tradition la dépeint comme petite, très noire de peau et fort maigre.

Chez les anciens, l’on regardait comme absolument légitime de prendre l’amour où on le trouvait, sans se préoccuper du sexe, ni des lois naturelles. Et, parmi ces peuples méridionaux, au remarquable raffinement intellectuel, la sensualité tenait une place prépondérante, qui paraît absolument exagérée aujourd’hui, où nos facultés cérébrales sont appelées vers des questions plus hautes et des buts plus élevés.


L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre
L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre