L’amour saphique à travers les âges et les êtres/01

(auteur prétendu)
Chez les marchands de nouveautés (Paris) (p. 1-8).


I

L’ANATOMIE SEXUELLE FÉMININE


Nous croyons impossible d’entreprendre les études qui vont suivre sans donner d’abord quelques notions scientifiques et physiologiques sur la femme.

Ces notions devraient être familières à tous les adultes ; cependant, l’observation nous montre qu’elles ne le sont pas toujours, grâce à l’éducation sans largeur qui est donnée aux deux sexes et qui tient dans l’ombre tout ce qui touche aux sexes et à la génération.

Ceci, croyons-nous, va à l’encontre du but moral que l’on se propose, car la plupart du temps c’est de l’ignorance des vérités naturelles que naissent le vice, les habitudes funestes à l’esprit et au corps. C’est assurément l’absence de connaissances positives qui rend les mères absolument incapables de diriger d’une façon discrète, mais énergique, leurs enfants dans la voie de chasteté qui leur permettra de se développer sainement et vigoureusement.

Tout d’abord, il est nécessaire de se convaincre que, dans la nature, l’homme et la femme n’ont pas une organisation sexuelle aussi différente que le vulgaire s’imagine.

C’est dans ce fait que nous découvrirons les véritables causes physiques qui poussent parfois la femme à l’amour anti-naturel avec plus de force encore que des raisons d’ordre purement intellectuel.

L’histoire naturelle nous prouve qu’à l’origine du monde organisé, la cellule se reproduisait par fraction, puis par bourgeonnement ; qu’ensuite, l’individu était hermaphrodite, c’est-à-dire qu’il possédait en même temps les glandes sexuelles mâle et femelle et se reproduisait seul.

Enfin, des êtres possédant l’un ou l’autre sexe seul se formèrent.

Mais, pour comprendre la physiologie et la psychologie de ces mâles et de ces femelles, il est nécessaire de se rappeler qu’au début de la vie utérine, le fœtus a les deux sexes ; ou plutôt, que l’embryon possède un organe primitif d’où proviennent les glandes germinatives mâles ou femelles.

Si l’embryon devient mâle, cet organe se transforme en deux testicules, qui descendent peu à peu dans le canal de l’aine et viennent se placer dans le scrotum. S’il devient au contraire femelle, les deux glandes sexuelles demeurent dans la cavité abdominale et se transforment en ovaires.

Néanmoins chez l’homme et la femme, les organes sexuels ne sont dissemblables que par leur aspect extérieur ; leur structure interne, leur but sont les mêmes. C’est par un phénomène exactement pareil que les glandes mâles sécrètent les spermatozoïdes destinés à féconder les ovules femelles, et que les glandes femelles produisent ces ovules qui, pour être aptes à former un être complet, doivent être préalablement imprégnés par les spermatozoïdes mâles.

Chez l’un ainsi que chez l’autre, l’irritation sexuelle amenée par la formation dans les glandes germinatives des ovules et des spermatozoïdes est de même nature, et c’est elle qui prédispose la femelle comme le mâle aux jouissances amoureuses.

Du reste, si nous examinons la conformation extérieure des deux sexes, nous ne pouvons nier une analogie entre les organes masculins et féminins qui explique les particularités des tendances passionnelles que nous étudierons par la suite.

Les organes génitaux

de la femme.


Chez la femme, l’urètre est beaucoup plus court que chez l’homme et d’un calibre plus large. À son extrémité externe, il présente un petit corps caverneux, appelé clitoris, qui correspond embryogéniquement à la verge de l’homme et particulièrement au gland. Comme ce dernier, il est spécialisé pour l’irritation sexuelle et possède des nerfs extrêmement sensibles.

C’est l’existence du clitoris et sa prédominance chez certaines femmes qui, non seulement provoque l’amour saphique, mais lui donne quelquefois un caractère tout particulier, que nous déterminerons lorsque nous étudierons les inverties.

Plus bas que l’ouverture de l’urètre se trouvent deux replis : l’un extérieur, revêtu de peau et appelé grande lèvre de la vulve ; l’autre intérieur, caché sous le premier, appelé petite lèvre de la vulve et recouvert d’une muqueuse plus fine.

Entre les deux petites lèvres se trouve l’ouverture sexuelle de la femme. L’ensemble des lèvres et de l’ouverture se nomme la vulve. Cette ouverture, distincte de celle de l’urètre, conduit à une cavité intérieure nommée vagin.

Le vagin a une profondeur de dix à douze centimètres, qui se termine en cul-de-sac entourant l’entrée de l’utérus ou matrice, dont le nom scientifique est « museau de tanche ».

Dans l’accouplement sexuel ou coït, la verge en érection de l’homme est introduite dans le vagin par la vulve et vient se poser, au moment de l’émission du sperme, sur l’ouverture du museau de tanche. C’est de cette façon que les spermatozoïdes peuvent pénétrer jusqu’à la cavité utérine, pour y rencontrer l’ovule qu’ils doivent féconder.

Les menstrues.


Toutes les trois semaines environ, un ou plusieurs ovules se forment dans l’ovaire de la femme et descendent dans la matrice pour y attendre la fécondation. Au moment de la formation de ces ovules, la muqueuse de la matrice se gonfle de sang à ce point que celui-ci transsude et s’écoule si l’ovule n’est point fécondé et ne capte point ce sang pour son développement particulier.

Cet écoulement sanguin mensuel de la femme est nommé menstrues ou règles.

Pendant que la femme en est affectée, suivant les tempéraments, son irritabilité sexuelle disparaît ou, au contraire, est infiniment augmentée.

Du reste, quelles que soient les dispositions de la femme, il est nuisible à sa santé de se livrer aux jouissances sexuelles pendant les règles.

Elle doit, de même, éviter toute excitation nerveuse de quelque nature que ce soit, fuir les occasions d’émotion, d’effroi ou de chagrin. Tout ce qui peut la remuer intellectuellement de façon violente se répercute naturellement sur ses organes sexuels et peut exagérer l’afflux sanguin, causer des « pertes », c’est-à-dire un écoulement inusité et trop abondant.

Les menstrues ne sont pas nécessaires pour que la femme soit apte à ressentir le plaisir vénérien.

Les enfants encore non réglées et les femmes ayant dépassé cinquante ans et parvenues à la « ménopause », c’est-à-dire cessation des règles, possèdent néanmoins la faculté de jouir à l’égal des femmes réglées.

De même, les femmes châtrées par un procédé ou un autre sont susceptibles d’éprouver les mêmes sensations que celles qui possèdent leurs organes au complet.

Ce fait provient de ce que la sensibilité sexuelle et les impressions passionnelles prennent naissance dans les fibres nerveuses du clitoris et dans le cerveau, pour se transmettre ensuite à la matrice avec plus ou moins de force.

L’orgasme vénérien.


On appelle orgasme vénérien l’espèce de spasme qui termine ordinairement les attouchements, les frictions, les caresses diverses des appareils génitaux de l’homme et de la femme.

L’orgasme vénérien est naturellement obtenu chez les deux sexes par le coït, c’est-à-dire l’introduction de la verge masculine dans le vagin de la femme ; mais l’homme et la femme l’éprouvent grâce à des moyens factices, qui souvent leur paraissent préférables à l’acte naturel.

C’est de ce fait que pour la femme naissent les deux dangers, qui sont l’onanisme, ou plaisir solitaire ; le saphisme, ou plaisir pris en compagnie d’une autre femme.

Conclusion


De ces quelques notes brèves, il faut conclure pour l’intelligence des pages qui suivront :

1o  Que les glandes sexuelles sont de même origine chez l’homme et la femme ;

2o  Que les organes génitaux mâle et femelle sont plus différents en apparence qu’en réalité, et que le clitoris de la femme est la verge atrophiée de l’homme ;

3o  Que l’orgasme vénérien n’a pas besoin d’être provoqué par le coït ou accouplement naturel, chez la femme aussi bien que chez l’homme.


L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre
L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre