L’Origine des Cons sauvages (éd. 1797)/7

Chez Jean de la Montagne (A Lyon) (p. 40-49).

BAIL

DES CONS.


Excellent pour ceux qui ont vouloir de bailler et livrer semblable chose (y contenue) sens et rentes d’une jeune dame aux beaux yeux, de son devant, qu’elle constitue aux sens et rentes, devoirs, propriétés convenables, ci-après mentionnées et déclarées audit présent bail à ferme, qui s’ensuit ci après :


Fut présente en sa personne, dame de jeunesse aux beaux yeux, grande maîtresse de son con, et grande dame de la Saussaye-qui-Pissote ; laquelle confesse avoir baillé, et s’offre en laisser jouir à toute heure, à tiltre de croist et de sens, à Symphorien de la Fesse, maistre apprenti de remuer trippes, demeurant à Sainct-Sanxon, à ce présent preneur audit tiltre de sens, pour lui et pour tous ceux qui voudront habiter audit lieu seigneurial, ci-après déclaré :

C’est assavoir, un con, en tous sens, duement borné, et bordé par voyes et sentier, ainsi qu’il se poursuit de toutes ses superfluités, à présent exempt de toutes parts, assis au lieu de la Motte, soubs le Ventre ; qui se consiste en la grande salle, cuisine, plusieurs chambres, et garde-mangers, tant d’hyver que de l’esté, court, jardin fumé et en toutes saisons, cloisonnés de plusieurs et riches tapisseries d’or jaune et changeant. Esquelles dites chambres sont les meubles et immeubles qui s’ensuivent :

ET PREMIER,

Assavoir, à l’entrée une barre d’or glissant, un entrepet ridé, legimbandant pelé, le grand caquenard, le trou remmanché tout à neuf et la ballole rabattue forte, et puissante, et ès environ dudict lieu, taillis à tondre quatre fois l’an, pour le moins, sans les balliveaux pendans par les raciens, et l’aisance au puis profond qui ne tayrist jamais, ains fournist à boire aux voisins ordinairement. Le tout contenant deux quartiers en montaigne, et deux arpens en vallées obscures et ténébreuses, tendant d’une part à la rue de Mordelle, et d’autre part aux deux Cuisses, aboutissant d’un bout par le bas à la fente et corne du Cul, près la rue des Fesses, d’autre bout au petit Ventre, le grand sentier entre deux. Et en la censive de M. Culton, et chargé envers lui de sens et rentes qu’il doit, sans autres charges que celles ci-après : Lequel sens ledict seigneur de Culton, et du Grand-Cul, sera tenu souffrir et endurer passer les eaues et immondices dudict Con, sans pour ce faire aucune diminution dudict sens, à la charge aussi que ledict preneur sera tenu labourer, cultiver autres substances, et entretenir de fonds en rive ledict Con, en si bon estat, labeur et valeur, que ledict sens s’y puisse prendre, engaiger, bailler à autres sens, ni autrement aliéner ne transporter partie ne portion dudict Con, sans le tout. Mais de tout icelui con eslargir, croistre, augmenter et non diminuer, le ramoner, fourbissant et substantant souvent, de jour en jour, et d’heure à autre, ainsi qu’il est bien requis et très-nécessaire. Et où le preneur voudroit laisser ledict lieu, et s’en trouve trop chargé et lassé, sera tenu le rendre en substance, bon estat et deu, avec les ustenciles et meubles ci-après déclarés, autres menues drogueries qui se pourront trouver. Et pour seureté dudict sens et entretenement et restitution, ledict preneur alié et obligé un lieu appellé Couillard, garny de deux bonnes pieces fortement encloses, avec sa forte et ronde lance, dont il a accoustumé combattre. Et, si accordé par ce faisant, qu’il sera tenu souffrir en l’une des chambres dudict Con, et lieu baillé à sens, loger les pauvres aveugles qui y voudront habiter, en y faisant par eux à l’entrée amende honorable à deux genoux, teste déchapperonnée, la torche au point, en baisant ledict Con, aussi le plus dignement que faire se pourra, selon la dignité dudict lieu ; lesquels aveugles seront tenus, avant que de sortir, pleurer, et laisser la bourse vuide, pour récompence et bon sentiment qu’ils auront receu en icelui lieu, flustes et joyeux instrumens qui les ont fait danser : car ainsi a esté accordé ; autrement ne se fut le marché fait entre les dictes parties, qui à l’entretenir se sont submis, à peine de trois fois le jour, amasser les gringuenaudes tombant des taillis estant des dépendances de la seigneurie du Cul, et lieu baillé à sens, par celui qui contreviendra à autre substance dudict bail ; qui fut passé en présence du seigneur de la Vessieres, Colin Mordant, Grosjean le Morfondu, Guillemin Croquefolle, Antoine Cassemotte, et un vénérable docteur (en cornardise) duquel je ne sai le nom, je m’en enquerrai en dormant. Le mardi-Gras après souper, l’an mil dict jamais. Aussi signé, Baise-mon-Cul, et Garde-bien-le-Trou.


Fin sans fin, attendez la
farce.