L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PII XXII

Traduction par E. Lagentie de Lavaïsse.
Pichon et Depierreux (p. 157-158).

SECTION XXII.
L’attouchement. La douleur.

On ne peut guère dire autre chose de attouchement, sinon que l’idée de la douleur corporelle, dans tous les modes et degrés de travail, de douleur, d’angoisse, de tourment, est une source du sublime, et que rien autre ne peut le produire par ce sens. Il est inutile de rapporter ici de nouveaux exemples ; ceux que j’ai donnés dans les sections précédentes jettent le plus grand jour sur une remarque qu’un chacun aurait pu faire comme moi en arrêtant son attention sur la nature.


Après avoir examiné les causes du sublime par rapport à tous les sens, on trouvera ma première observation (sect. 7) très-voisine de la vérité ; que l’idée du sublime appartient à la conservation de soi ; par conséquent, qu’elle est au nombre de nos idées les plus touchantes ; que sa plus forte émotion est une émotion de souffrance ; et qu’aucun plaisir [1] procédant d’une cause positive ne lui appartient. Outre tous les exemples précédens, nous pourrions, pour appuyer ces vérités, en citer un nombre d’autres presque infini, et même en tirer plusieurs conséquences utiles —

Sed fugit interea, fugit irrevocabile tempu,
Singula dum capti circumvectamur amore.

Fin de la seconde partie.
  1. Voyez partie 1er. sect. 6.