L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PII XX

Traduction par E. Lagentie de Lavaïsse.
Pichon et Depierreux (p. 153-154).

SECTION XX.
Les cris des animaux.

Les sons qui imitent la voix naturelle et inarticulée de l’homme, ou de tout autre animal en danger ou en souffrance, sont propres à donner de grandes idées, à moins que ce ne soit la voix bien reconnue d’une créature qu’on a coutume de regarder avec mépris. Les tons irrités des bêtes féroces sont également capables de causer une grande et terrible sensation.

Hinc exaudiri gemitus, iraeque leonum
Vincla recusantum, et sera sub nocte rudentum ;
Setigerique sues, atque in prœsepibus ursi
Sævire ; et formæ magnorum ululare luporum.

On pourrait croire que ces modulations du son ont quelque analogie avec la nature des choses qu’elles représentent, et qu’elles ne sont pas purement arbitraires ; parce que les cris naturels de tous les animaux, même de ceux qui nous sont entièrement inconnus, se font toujours suffisamment comprendre : c’est ce qu’on ne peut pas dire du langage. Les modifications du son, capables de faire de sublimes impressions, sont presque infinies. J’en ai cité seulement un petit nombre d’exemples pour montrer sur quel principe elles sont établies.