L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PII I

Traduction par E. Lagentie de Lavaïsse.
Pichon et Depierreux (p. 101-102).
PARTIE II.
Section I.
De la passion causée par le sublime.


La passion causée par le grand et le sublime dans la nature, lorsque ces causes agissent le plus puissamment, est l’étonnement ; et l’étonnement est cet état de l’ame dans lequel tous ses mouvemens sont suspendus par quelque degré d’horreur[1]. Alors l’esprit est si rempli de son objet, qu’il ne peut en admettre un autre, ni par conséquent raisonner sur celui qui l’occupe. De là vient le grand pouvoir du sublime, qui, bien loin de résulter de nos raisonnemens, les anticipe, et nous enlève par une force irrésistible. L’étonnement, comme je l’ai dit, est l’effet du sublime dans son plus haut degré ; les effets inférieurs sont l’admiration, la vénération et le respect.

  1. Partie I, sect. 3, 4, 7.