L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PIII XII

Traduction par E. Lagentie de Lavaïsse.
Pichon et Depierreux (p. 200-201).

SECTION XII.
De la Cause réelle de la beauté.

Aprés avoir tâché de faire voir ce que la beauté n’est pas, il convient d’examiner, au moins avec une attention égale, en quoi elle consiste réellement. La beauté fait une impression trop vive et trop profonde pour ne pas dépendre de quelques qualités positives : et puisqu’elle n’est pas un être de notre raison, puisqu’elle nous trappe sans aucun rapport d’utilité, et même en des circonstances où l’on ne peut discerner aucune utilité, puis que l’ordre et la méthode de la nature diffèrent beaucoup, en général, de nos mesures et de nos proportions, il faut conclure que la beauté est le plus souvent une qualité des corps qui agit mécaniquement sur l’esprit humain par l’intervention des sens. Nous devons donc considérer attentivement de quelle manière ces qualités sensibles sont disposées dans les objets que l’expérience nous fait trouver beaux, et qui excitent en nous la passion de l’amour, ou quelque affection analogue.