L’Orbe pâle/Parce que je pleure un soir de lune

Eugène Figuière et Cie (p. 9).


PARCE que je pleure un soir de lune, je sais que je ne peux pas vivre selon mon temps. Je suis inguérissable.

Pourquoi ai-je tout pris à ma race ?

L’activité, l’audace, l’avidité des grands capitaines et aussi toute la mélancolie des aïeules, qui suivaient les arabesques de leurs rêves sur celles de leurs tapisseries interminables… les broderies de l’attente.

Pourquoi ne suis-je pas l’une d’elles ? Pourquoi ne suis-je pas l’un d’eux ? Pourquoi suis-je la monstrueuse androgyne de l’action et du rêve, celle que deux vies rongent sans qu’elle consente, en en sacrifiant une, à être vaincue pour vaincre ?