L’Ombre des roses/Tu le leur as donné


VII


à B. R.


Tu le leur as donné, mon ami,
Ton cœur, ton cœur que j’adorais !
Tu le leur as donné à lire en français
Dans un livre couvert en toile ou en papier :
C’est là-dedans que l’on t’a mis, pauvre ami !

Ah ! pourquoi pas tout simplement dans la terre,
Auprès de ton père, auprès de ta mère…
Où j’aurais pu veiller à l’aise, mon ami,
Et semer du sainfoin et du souci,
Et dessiner un tout petit parterre,
Pour toi, pour ton père et pour ta mère !

Maintenant je cours et je vais partout
Pour empêcher que l’on blasphème, sans savoir,
À cause de ton doux grimoire
Que les gens mettent sur la table ou dans l’armoire
Et que tout le monde peut voir.
Cela est fatigant et triste comme tout !
Mon ami, mon ami, où allons-nous ?

Ah ! les quatre fleurs du petit jardin ;
Ah ! dormir cendre et se réveiller parfum,
Entre les grilles où l’enfant vient le matin
Jouir un peu de n’être qu’un,
Et d’être celui seul qui se souvient !