L’Ombre des jours/L’étang porte l’ombre et la lune

Comtesse Mathieu de Noailles ()
Calmann-Lévy, éditeurs (p. 151-154).


L’ÉTANG PORTE L’OMBRE ET LA LUNE


L’étang porte l’ombre et la lune
Sur son eau,
Dans le silence qu’importune
Un oiseau.

Il monte des voix de grenouilles
Des roseaux,
La langueur et le rêve mouillent
Jusqu’aux os,


Les parfums et les bruits de l’heure
Sont sur nous,
La nature s’irrite et pleure
À genoux.

— Le soir, la lune, l’arbre et l’ombre
Ne sont là
Que pour ton cœur, et mon cœur sombre,
— C’est cela.

— Ah ! le mal que ces deux cœurs, certes,
Se feront ;
Le vent éperdu déconcerte
L’arbre rond.

La lune au ciel et sur l’eau tremble,
Rêve et luit ;
Nos deux détresses se ressemblent
Cette nuit.


Il monte des portes de lame
Un encens ;
C’est l’appel du cœur, de la flamme
Et du sang…