L’Italie d’hier/Paolo Ucelli

Charpentier & Fasquelle (p. 106-107).

Paolo Uccelli qui a exposé aux Uffizi, ce choc de chevalerie au moyen âge, ce combat qui est le heurt simultané de mille duels à l’arme blanche, cette agglomération furieuse d’armures, de lances, de casques, où de grandes plumes rouges et noires se balancent sur cette mystérieuse mêlée masquée, sur ces faces d’hommes voilés de fer, et au milieu desquels des chevaux, à la croupe énorme, sont cabrés, ruant sur les cadavres, ou perdant le pied dans le sang : un tableau qui a le mouvementé des colères de la guerre corps à corps, un tableau dont s’est peut-être souvenu Eugène Delacroix, dans sa Bataille de Nancy ; — ce même Uccelli peignait, dans le même temps, pour Santa Maria Novella, une curieuse fresque : c’est le « Paradis terrestre » représenté par un verger plein de l’exubérant feuillage d’orangers, de figuiers, de pommiers, tout rougissants de fruits. Ici, Dieu tire de la côte d’Adam une Eve qui sort de l’homme, les mains jointes, comme dans le remerciement d’une prière. Là, Ève, dans le gracieux lhanchement du tableau du Guide, qui est à Dijon, tend la pomme à Adam au moment où, entre eux, un long serpent vert s’est enroulé autour de l’arbre de la science : un serpent à tête de femme, les cheveux rejetés derrière les oreilles, et non sans ressemblance avec les sphinx femelles meublant les jardins du dix-huitième siècle.

Mais le vrai grand peintre de cette église Santa Maria Novella, c’est Taddeo Gaddi, qui a peint les fresques de la chapelle des Espagnols.