Charpentier & Fasquelle (p. 53-54).
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PADOUE


Je déjeune dans le fameux café dont les Padouans sont fiers : le café Pedrocchi. À côté de moi, un abbé maigre et long comme un jour sans viande, un abbate ornatissimo se repaît d’une biscote, trempée dans un dé à coudre de café noir, pendant qu’un enfant qui s’est approché de moi, marmotte je ne sais quoi, tout en pigeant les miettes de pain, tombées dans les plis de mon paletot, qu’il porte avidement à sa bouche, et cela, pendant que le garçon essuie sur les carreaux, avec son mouchoir, la buée de l’haleine des affamés regardant manger du dehors.

Tête de mort enrubannée, à Padoue
Tête de mort enrubannée, à Padoue

Padoue m’a laissé le souvenir de la ville de la faim.