L’Internationale, documents et souvenirs/Tome I/I,4

L’INTERNATIONALE - Tome I
Première partie
Chapitre IV
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IV

Le second Congrès général de l’Internationale, à Lausanne
(2-7 septembre 1867).


Le second Congrès général de l’Internationale devait avoir lieu à Lausanne, du 2 au 7 septembre. La semaine suivante s’ouvrait à Genève un Congrès convoqué par la Ligue de la paix et de la liberté, qui venait de se fonder à Paris sur l’initiative d’Émile Acollas ; à ce Congrès de la paix devait prendre part l’élite de la démocratie européenne, — on annonçait entre autres la présence de Garibaldi, d’Edgar Quinet, de Bakounine, — et l’Internationale avait été invitée à s’y faire représenter.

La Section du Locle me nomma son délégué, comme l’année précédente, et je réussis à obtenir un congé pour me rendre à Lausanne et à Genève. À Lausanne, je fus l’un des secrétaires du Congrès, chargé spécialement de la rédaction des procès-verbaux, et je reçus la mission d’en surveiller ensuite l’impression en un volume[1] ; en outre le Congrès me désigna comme l’un des trois délégués — les deux autres étaient Tolain et César De Paepe — chargés de porter au Congrès de la paix l’adhésion conditionnelle de l’Association internationale des travailleurs.

Pendant l’automne de 1867, je publiai en feuilleton dans le Diogène des Souvenirs des Congrès de Lausanne et de Genève. J’extrais de ces Souvenirs quelques pages où sont retracées des scènes familières et esquissés des portraits : ces croquis — d’une allure humoristique, comme l’exigeait le caractère spécial du journal auquel ils étaient destinés — peuvent offrir, m’a-t-il semblé, un certain intérêt documentaire :


Souvenirs du Congrès de Lausanne[2].

… Ma première bonne chance a été, le dimanche 1er septembre, de faire route de Neuchâtel à Lausanne avec les délégués anglais. Ce sont des gens qui valent la peine que je vous les présente en détail.

D’abord le citoyen Alfred A. Walton, architecte, de Brecon (principauté de Galles), président de la Ligne nationale de la Réforme, qu’il ne faut pas confondre avec la Ligue de la Réforme actuelle, dont il est également l’un des vice-présidents. La Ligue d’aujourd’hui est une association éclectique, ouverte à tous ceux qui sont disposés à lutter pour une extension du droit de suffrage ; tandis que la Ligue nationale, qui a joué un rôle important lors des événements de 1848, se compose exclusivement de chartistes (républicains) et de socialistes. Walton a fait deux cents lieues de chemin pour venir présenter au Congrès ouvrier un projet d’organisation du crédit, telle que la conçoivent ses commettants anglais.

Ce long personnage, à la barbe inculte, dont les cheveux tombent négligemment jusque sur les yeux, et qui se bourre constamment le nez de tabac, c’est le tailleur Eccarius, membre du Conseil général de l’Association internationale, l’ami et le disciple du socialiste allemand Marx. Allemand aussi d’origine, mais fixé depuis vingt ans à Londres[3], Eccarius, dont l’extérieur peu avenant cache une des plus hautes intelligences que je connaisse, a été un de ceux qui ont le plus contribué au puissant mouvement socialiste qui agite aujourd’hui l’Angleterre. Nous le retrouverons.

Cet autre géant, dont on devine immédiatement la nationalité à ce je ne sais quoi qui trahit l’Anglais, c’est Daniel Swan, le délégué des rubaniers de la ville de Coventry (Warwickeshire).

Enfin, le quatrième, qui le cède pour la taille à ses compagnons, mais qui n’en semble pas moins avoir l’étoffe d’un tribun, véritable type de démocrate barbu, aux yeux ardents, c’est le fougueux Lessner[4]. Allemand et tailleur comme Eccarius, comme lui devenu Anglais depuis de longues années, comme lui membre du Conseil général de l’Association. Le rôle de Lessner semble être de protester perpétuellement. Dans la discussion, Eccarius parle lentement, avec un phlegme imperturbable ; Lessner ne se contient pas, et exhale son cœur passionné en un torrent de paroles amères et violentes ; devant un contradicteur inintelligent, Eccarius lève les épaules, Lessner bondit et semble vouloir dévorer son adversaire. Dans la conversation cependant, ses yeux s’adoucissent, et il trouve un sourire aimable qui rassure les timides.

En voici encore un qu’il faut se garder d’oublier, car c’est le futur président du Congrès, Eugène Dupont. C’est un jeune homme d’une trentaine d’années, qui ressemble à tous les jeunes gens portant moustache, et qui est délégué de la branche française de Londres. En ce moment, je ne remarque en lui qu’un innocent penchant aux calembours.

D’autres délégués anglais ont pris une autre route, et n’arriveront au Congrès que plus tard.

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Nous sommes fatigués, nous soupirons après un logement et un souper… On m’assigne pour gîte l’hôtel du Raisin, où je me trouve en compagnie des Anglais, et de plusieurs Français dont vous serez peut-être bien aise de faire la connaissance : ce sont le Dauphinois, le Marseillais et le Bordelais. Le Dauphinois est un tailleur sérieux, Ailloud, délégué de Vienne (Isère), à la faconde toute française, parlant vite et haut, crâne républicain. Le Marseillais s’appelle Vasseur, ferblantier et chansonnier, un petit homme né dans le département du Nord et bruni par le soleil de Marseille ; il porte une immense crinière noire rejetée en arrière et qui lui couvre les épaules, et de toutes les vieilles croyances du passé il n’a conservé qu’un dogme, le plus inoffensif et auquel il s’attache avec opiniâtreté, c’est que « la chanson n’est pas morte ». Quant au Bordelais, dont j’aime le parler méridional vif et accentué, c’est le citoyen Vézinaud, cordonnier, qui a fait ses sept ans de service militaire et qui n’en est pas plus fier ; c’est un ancien disciple du père Cabet, mais il est converti maintenant, avec toute la France, aux doctrines mutuellistes ; bon républicain également, mais pas blanquiste.

Vézinaud et moi, qui avons besoin de repos, nous nous emparons d’une chambre à deux lits, et bientôt le sommeil nous fait oublier notre impatience d’être au lendemain.

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Arrivé l’un des premiers au Casino[5], je me place au quatrième ou cinquième banc, et je commence à examiner mes collègues. Voici à ma gauche le petit groupe des Parisiens, où se distingue l’intarissable Chemalé. C’est un jeune homme de trente ans, qui parle beaucoup, et qui, chose plus difficile, parle bien[6]. À côté de lui sont Murat, le mécanicien, qui m’est tout d’abord sympathique[7] ; Martin, imprimeur sur étoffes ; Garbe, ferblantier ; Pioley, mécanicien ; Reymond, lithographe. Là aussi se trouve un vieux socialiste italien, le marquis Tanari, délégué des sociétés ouvrières de Bologne et de Bazzano… Voici un grand jeune homme qui donne une vigoureuse embrassade à un petit jeune homme : le grand c’est Charles Longuet, l’ancien rédacteur de la Rive gauche, qui est sorti récemment de prison, et qui vient comme délégué de la Section de Caen ; l’autre, c’est César De Paepe, un Belge, typographe et étudiant en médecine, l’une des meilleures têtes du Congrès.

J’entends parler allemand derrière moi : c’est un jeune homme qui me demande un renseignement. Je suis frappé de sa figure intelligente, de sa tournure distinguée. Nous causons, et j’apprends qu’il s’appelle Kugelmann, docteur en médecine, de Hanovre[8]. À côté de lui est assis un homme âgé déjà, de petite taille, au front élevé et chauve, aux yeux pénétrants, à la barbe rousse grisonnante. Je demande au docteur Kugelmann le nom de son voisin.

— C’est le docteur Louis Büchner, de Darmstadt.

— Quoi ! l’auteur de Force et Matière ?

— Lui-même.

Le docteur Büchner et moi nous nous donnons une chaleureuse poignée de mains. Pendant que les délégués continuent à s’installer, nous parlons du livre célèbre qui en est aujourd’hui à sa huitième édition. Le docteur Büchner me raconte son échange de lettres avec le trop fameux Frédéric de Rougemont, de Neuchâtel, qui, dans sa brochure L’homme et le singe[9], avait cité à faux une phrase du philosophe allemand, qu’il n’avait jamais lu, il l’a avoué lui-même !

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Un bureau provisoire vérifie les pouvoirs des délégués. Il y a là un banquier de Lausanne, envoyé par la Société industrielle et commerciale de cette ville. Schettel, de Lyon, demande si nous permettrons à un banquier de siéger parmi des gens qui sont assemblés pour faire la guerre à l’ordre de choses dont les banquiers sont les principaux défenseurs ? — Pourquoi pas ? dit le Congrès ; laissez venir à nous les banquiers, nous avons à leur dire quelques bonnes vérités.

On nomme ensuite le bureau définitif. Murat, de Paris, qui avait présidé avec intelligence à la vérification des pouvoirs, mais qui avait le défaut de ne savoir que le français, est remplacé par Dupont, qui parle le français et l’anglais. On adjoint à celui-ci deux vice-présidents, Eccarius, qui parle l’anglais et l’allemand, et le célèbre publiciste et démocrate allemand J.-Ph. Becker, qui réside à Genève depuis la défaite de 1849. Puis on élit quatre secrétaires : le docteur Büchner et le capitaine Bürkly[10] de Zurich, pour l’allemand ; le chansonnier Vasseur et le professeur James Guillaume, du Locle, pour le français[11].

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J’ai rarement assisté à une discussion plus embrouillée que celle qui s’engagea, l’après-midi, sur la fixation de l’ordre du jour… Il y eut un instant de trêve lorsqu’on vit entrer un personnage de haute taille, la canne à la main et le chapeau en arrière ; il n’avait pas assisté à la séance du matin, il arrivait. Le nom du nouveau venu court de banc en banc, et les délégués le saluent par une salve spontanée d’applaudissements.

« Qu’est-ce qu’il y a donc chez ce diable de Coullery qui fait battre des mains à des gens dont la plupart ne le connaissent pas ? » me demandais-je.

Mais l’interruption ne fut pas longue, et on se remit bien vite à discuter avec acharnement…

… Enfin on nomma une commission qui fut chargée de mettre tout le monde d’accord. Elle se réunit le soir dans une petite pièce attenante à la salle du Congrès… Ce fut Chemalé qui parla le premier : il présenta un projet d’ordre du jour, et le développa avec une telle lucidité, un tel bon sens, que, lorsqu’il eut fini, on s’écria tout d’une voix : « C’est ça ! » Chemalé avait profité de la discussion ; ses propositions conciliaient tout, faisaient droit à toutes les demandes, et, au bout d’une demi-heure de séance, la commission avait adopté à l’unanimité le projet de l’intelligent Parisien…

Pendant que nous délibérions, un citoyen était venu porter à Coullery le message suivant de la part du peuple assemblé dans le jardin du Casino : « Nous sommes là un millier, hommes et femmes, qui nous sommes réunis pour entendre des discours ; or, personne n’ouvre la bouche, et cela nous dépite ; nous voulons de l’éloquence, de gré ou de force : des discours ou la mort ! — C’est bon, dit Coullery, j’y vais. » Et il y va comme il le dit, et leur fait un discours superbe, si j’en crois les applaudissements frénétiques qui viennent jusqu’à nos oreilles.

Dix minutes après, Coullery vient tranquillement reprendre son siège à la commission, comme si de rien n’était. Mais la foule ne le tient pas quitte, elle est affriandée et demande à recommencer. Un second citoyen apporte bientôt un second message : « Encore un discours, et toujours des discours, ou la mort ! — C’est bon, dit Coullery, j’y vais. » Et l’infatigable orateur retourne à la besogne, et je crois, ma foi, qu’il est éloquent, car on l’applaudit encore plus fort.

La séance de la commission est terminée ; nous allons au jardin entendre Coullery, et d’autres orateurs qui, mis en verve par lui, se sont décidés à monter à la tribune, c’est-à-dire sur une table. Une foule curieuse et sympathique écoute avidement ces étrangers…

Je regagne enfin mon logis, fort désireux de me mettre dans mon lit. Dans notre chambre, je trouve Vézinaud griffonnant à la lueur d’une chandelle fumeuse. Cet ennemi de la famille écrivait une lettre à sa femme.

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Je ne vous raconterai pas comment, le mardi matin, le Congrès adopta, sans un mot de discussion, le projet d’ordre du jour élaboré par Chemalé et ses collègues ; comment neuf commissions furent désignées pour préparer des rapports sur les neuf questions qui composaient cet ordre du jour :… comment toutes ces commissions présentèrent leur rapport au Congrès, et quelles furent les conclusions prises… : la raison, c’est que toutes ces belles choses, et bien d’autres, se trouveront dans le volume des procès-verbaux, qui est sous presse et que je désire que vous achetiez… Je ne vous parlerai pas du drame de Stanislas Charnal ;[12], lu par l’auteur dans une soirée spécialement consacrée à cette audition, pour l’excellent motif que je n’en ai pas entendu la lecture. En effet, empêtré de besogne de sept heures du matin à minuit, j’ai eu bien rarement l’occasion, en dehors des séances du Congrès, de voir ou d’entendre quelque chose.


J’interromps ici l’extrait du feuilleton du Diogène pour donner les résolutions votées par le Congrès sur les questions qui formaient son ordre du jour :


1re QUESTION. — Quels sont les moyens pratiques de rendre l’Association internationale un centre commun d’action pour la classe ouvrière dans la lutte qu’elle soutient pour s’affranchir du capital.

Sur cette question, le Congrès vota diverses résolutions d’un caractère purement administratif, recommandant au Conseil général, s’il ne pouvait publier un bulletin, de faire chaque trimestre une communication écrite au bureau central de chaque pays ; fixant la cotisation centrale pour l’année à dix centimes ; stipulant que les délégués des branches et des sections qui n’auraient pas payé leur cotisation centrale ne pourraient pas prendre part au Congrès.


2e QUESTION. — Comment les classes ouvrières peuvent-elles utiliser pour leur émancipation le crédit qu’elles donnent à la bourgeoisie et aux gouvernements ? — Crédit et banques populaires. — Monnaie et papier monnaie. — Assurances mutuelles. — Sociétés ouvrières.

Le rapport, présenté par Longuet, ne contenait pas de résolution : il se bornait à affirmer le principe de l’organisation mutuelliste du crédit en service public ; il recommandait l’institution de banques nationales fournissant aux travailleurs le crédit gratuit à prix de revient, et l’organisation de sociétés d’assurance mutuelle. Ces conclusions furent complétées par une résolution présentée par Eccarius, invitant les sociétés de métier à appliquer leurs fonds à la coopération de production, au lieu de les placer dans les caisses de la bourgeoisie.


3e QUESTION. — Les efforts tentés aujourd’hui par les associations pour l’émancipation du quatrième état (classe ouvrière) ne peuvent-ils pas avoir pour résultat la création d’un cinquième état dont la situation serait beaucoup plus misérable encore ? — La mutualité ou réciprocité considérée comme base des rapports sociaux. Équivalence des fonctions. Solidarité. Sociétés ouvrières.

1. Le Congrès pense que les efforts tentés aujourd’hui par les associations ouvrières (si celles ci se généralisent en conservant leur forme actuelle) tendent à constituer un quatrième état ayant au-dessous de lui un cinquième état plus misérable encore.

Le danger supposé d'un cinquième état, amené par les efforts actuels des associations ouvrières, s'évanouira à mesure que le développement de l'industrie moderne rendra impossible la production sur une petite échelle. La production moderne sur une grande échelle fusionne les efforts individuels et fait du travail coopératif une nécessité pour tous. (Alinéa ajouté à la résolution sur la proposition d'Eccarius.)

2. Pour obvier à ce danger, le Congrès pense qu'il est nécessaire que le prolétariat se convainque bien de cette idée : que la transformation sociale ne pourra s'opérer d'une façon radicale et définitive que par des moyens agissant sur l'ensemble de la société et conformes à la réciprocité et à la justice.


Coullery avait proposé d'ajouter ici un alinéa ainsi conçu : « Pour arriver à ce but, nous ne voyons pour le moment qu'une seule espèce de moyen pratique au service des travailleurs, c'est la création et le développement, puis la fédération des sociétés coopératives sous leurs diverses formes possibles, afin d'arriver à l'échange des produits au prix de revient, ce qui affranchira de la spéculation et de l'usure le travail et les objets de consommation, et transformera un jour la société entière en une seule classe, la classe des producteurs-consommateurs ». Sur la proposition de Tolain, l'addition de Coullery fut écartée par la majorité, comme faisant double emploi avec le troisième paragraphe (ci-après) de la résolution.


3. Néanmoins, le Congrès pense que tous les efforts des associations ouvrières doivent être encouragés, sauf à faire disparaître autant que possible du sein de ces associations le prélèvement du capital sur le travail, c'est-à-dire à y faire pénétrer l'idée de mutualité et de fédération.


4e QUESTION. — Travail et capital. — Chômage. — Les machines et leurs effets. — Réduction des heures de travail. — Division du travail. — Transformation et extinction du salariat. — Répartition des produits.

Sur cette question, le Congrès se borna à réitérer la déclaration votée l'année précédente par le Congrès de Genève :


Le Congrès déclare que dans l'état actuel de l'industrie, qui est la guerre, on doit se prêter aide mutuelle pour la défense des salaires, mais qu'il croit de son devoir de déclarer qu'il y a un but plus élevé à atteindre, qui est la suppression du salariat. Il recommande l'étude des moyens économiques basés sur la justice et la réciprocité.


5e QUESTION. — Fonctions sociales. — Rôle de l'homme et de la femme dans la société. — Éducation des enfants. — Enseignement intégral. — Liberté d'enseignement. — Phonographie.

I. Enseignement scientifique, professionnel et productif. Mise à l'étude d'un programme d'enseignement intégral. (La seconde phrase de ce paragraphe y fut ajoutée sur la proposition de Longuet.)

2. Organisation de l'école-atelier.

3. Considérant que le mot enseignement gratuit est un non-sens, puisque l'impôt prélevé sur les citoyens en fait les frais ; mais que l'enseignement est indispensable, et que nul père de famille n'a le droit d'en priver ses enfants : le Congrès n'accorde à l'État que le droit de se substituer au père de famille, alors que celui-ci est impuissant à remplir son devoir. En tout cas, tout enseignement religieux doit être écarté du programme. (La rédaction de ce paragraphe est due à Tolain ; la commission avait présenté cette autre rédaction : « Liberté de l'enseignement, tout en approuvant l'enseignement obligatoire et gratuit par l'État ».)

4. Le Congrès est d'avis qu'une langue universelle et une réforme de l'orthographe serait un bienfait général, et contribuerait puissamment à l'unité des peuples et à la fraternité des nations. (L'introduction, dans ce paragraphe, des mots « une langue universelle » est due à Walton.)


6e QUESTION. — Définition et rôle de l'État. — Services publics, transports et circulation. — Intérêts collectifs et individuels. — L'État considéré comme justicier et gardien des contrats. Droit de punir.

1. L'État n'est ou ne devrait être que le strict exécuteur des lois votées et reconnues par les citoyens.

2. Les efforts des nations doivent tendre à rendre l'État propriétaire des moyens de transport et de circulation, afin d'anéantir le puissant monopole des grandes compagnies...

3. Nous formulons le vœu que l'homme coupable soit jugé par des citoyens nommés par le suffrage universel.


7e QUESTION. — La privation des libertés politiques n'est elle pas un obstacle à l'émancipation sociale des travailleurs, et l'une des principales causes des perturbations sociales ? Quels sont les moyens de hâter ce rétablissement des libertés politiques ?

Sur la première partie de la question, le Congrès, considérant que la privation des libertés politiques est un obstacle à l'instruction sociale du peuple et à l'émancipation du prolétariat, déclare :

1° Que l'émancipation sociale des travailleurs est inséparable de leur émancipation politique ;

2° Que l'établissement des libertés politiques est une mesure première d'une absolue nécessité.

Sur la seconde partie de la question, le Congrès décide :

1° De renouveler solennellement chaque année la déclaration qui précède ;

2° De donner communication officielle de cette déclaration à tous les membres de l'Association internationale des travailleurs, ainsi qu'à ceux du Congrès de la paix, en leur demandant leur concours énergique pour investir enfin tous les peuples des droits imprescriptibles de 1789.


La septième question avait été mise à l'ordre du jour du Congrès à la demande d'une assemblée populaire tenue à Genève quelques jours auparavant. Elle devait, dans l'intention des délégués genevois, servir en quelque sorte de pierre de touche pour éprouver la sincérité républicaine de certains délégués parisiens, sur lesquels planait depuis l'année précédente le soupçon d'être des agents bonapartistes. Naturellement les délégués de Paris votèrent tous la résolution proposée.


8e QUESTION. — Adresse collective au Congrès de la paix à Genève, de la part des travailleurs réunis en Congrès à Lausanne.

Le Congrès de l'Association internationale des travailleurs, réuni à Lausanne,

Considérant :

Que la guerre pèse principalement sur la classe ouvrière, en ce qu'elle ne la prive pas seulement des moyens d'existence, mais qu'elle l'astreint à verser le sang du travailleur ;

Que la paix armée paralyse les forces productives, ne demande au travail que des œuvres inutiles, et intimide la production en la plaçant sous le coup des menaces de guerre ;

Que la paix, première condition du bien-être général, doit à son tour être consolidée par un nouvel ordre de choses qui ne connaîtra plus dans la société deux classes, dont l’une est exploitée par l'autre[13].

Décide d'adhérer pleinement et entièrement au Congrès de la paix qui se réunira à Genève le 9 septembre, de le soutenir énergiquement, et de participer à tout ce qu'il pourrait entreprendre pour réaliser l'abolition des armées permanentes et le maintien de la paix, dans le but d'arriver le plus promptement possible à l'émancipation de la classe ouvrière et à son affranchissement du pouvoir et de l'influence du capital, ainsi qu'à la formation d'une confédération d'États libres dans toute l'Europe.


Tolain fit voter l'adjonction suivante à la résolution ci-dessus, adjonction à laquelle se rallia De Paepe :


Le Congrès,

Considérant que la guerre a pour cause première et principale le paupérisme et le manque d'équilibre économique ;

Que pour arriver à supprimer la guerre, il ne suffit pas de licencier les armées, mais qu'il faut encore modifier l'organisation sociale dans le sens d'une répartition toujours plus équitable de la production.

Subordonne son adhésion à l'acceptation par le Congrès de la paix de la déclaration ci-dessus énoncée.


9e QUESTION. — Discussion sur le siège du Conseil général et sur le lieu du prochain Congrès.

Le procès-verbal du Congrès dit à ce sujet :

« L'ordre du jour appelle le choix de la ville où résidera le prochain Conseil général. Londres est proposé par Bürkly, de Zurich, De Paepe, de Bruxelles, Becker, de Genève, connue réunissant le mieux les conditions demandées, qui sont en particulier la facilité des communications et la présence d'un groupe d'hommes appartenant aux diverses nationalités européennes. Murat dit que devant ces considérations il renonce à demander pour cette année que le Conseil général change de ville.

« Londres est adopté à l'unanimité.

« On passe à la nomination du Conseil général. Chemalé, de Paris, propose de laisser la Section de Londres en choisir elle-même les membres, attendu qu'elle connaît mieux que nous les noms qui seraient les plus convenables. Eccarius, de Londres, insiste au contraire pour que le Congrès nomme lui-même le Conseil général, parce que cette élection donnera au Conseil plus d'autorité.

« Le Congrès décide de nommer lui-même le Conseil général. Sont désignés pour faire partie de ce Conseil les anciens membres qui ont assisté le plus régulièrement à ses séances, savoir : Besson, Bobcynski, Buckly, Carter, Dell, Dupont, Eccarius, Fox, Harriet Law, Howell, Hales, Jung, Lucraft, Lessner, Lassasie, Lafargue, Lawrence, Marx, Morgan, Maurice, Odger, Shaw, Stainsby, Williams, Weston, Yarrow, Zabicki[14]. Le Congrès ajoute à cette liste le citoyen Walton, de Brecon, South Wales.

« Le Conseil général est autorisé à s'adjoindre d'autres membres, s'il le trouve nécessaire[15].

« L'ordre du jour appelle la fixation du lieu où se réunira le prochain Congrès.

« De Paepe propose Bruxelles. Longuet, de Caen, appuie cette proposition ; Bruxelles avait été désigné comme devant être le lieu de réunion du premier Congrès ; on y avait renoncé à cause d'une loi sur l'expulsion des étrangers, qui venait d'être promulguée... ; mais l'année prochaine cette loi ne sera plus en vigueur... Eccarius, de Londres, se prononce aussi pour Bruxelles... Il est donné lecture d'une proposition signée Büchner, Kugelmann, Hafner, Becker, Neubrand, qui demande que Zurich soit choisi pour lieu de réunion du Congrès : Becker motive cette proposition en disant qu'il est bon que le Congrès change une fois de langue et se transporte en pays allemand... Chemalé, de Paris, et Tolain, de Paris, acceptent Bruxelles, à défaut de Paris, où des raisons majeures empêcheraient le Congrès de se réunir. Bürkly, de Zurich, déclare qu'il n'a point reçu la mission de demander le Congrès pour cette ville ; il croit au contraire que le Congrès sera mieux placé à Bruxelles, au centre du mouvement social.

« L'assemblée, à l'unanimité moins deux voix, se prononce en faveur de Bruxelles. »


Je reviens maintenant à mon feuilleton :


Une intéressante conférence fut donnée, le mercredi soir je crois, par le docteur Büchner[16] dans la grande salle du Casino, sur les deux systèmes opposés de Schulze-Delitzsch et de Lassalle. Une foule compacte, composée surtout d'ouvriers allemands, se pressait sur les bancs pour entendre la parole de l'éminent philosophe. Il montra les défauts et les lacunes des deux écoles qui se partagent en ce moment l'Allemagne. Il n'eut pas à insister beaucoup sur les vices du système de Schulze-Delitzsch, parce que, en dehors de la bourgeoisie, cet économiste compte peu d'adhérents ; mais il montra, avec une critique pénétrante, les dangers de la théorie de Lassalle : il fit voir, en particulier, que la création par l'État d'établissements industriels, demandée par le célèbre révolutionnaire, aurait pour résultat de diviser les travailleurs en deux classes facilement hostiles, les ouvriers employés par l'industrie privée et les ouvriers employés dans les ateliers de l'État ; avec cette organisation, d'ailleurs, le salariat n'est pas supprimé. Malheureusement, après cet exposé critique, le docteur Büchner n'émit pas de vues personnelles ; il se borna à affirmer la nécessité d'une réforme sociale, sans indiquer la voie à suivre.

Lorsque Büchner eut fini, le tailleur Eccarius, qui était placé près de lui, demanda à ajouter quelques mots. Ce qu'il dit alors est mon plus vivant et mon plus beau souvenir du Congrès de Lausanne. Je vois encore Eccarius assis sur une table, une de ses longues jambes repliée sous lui et l'autre pendante, les bras ballants, les yeux baissés et presque cachés sous ses cheveux. Il commença à parler[17] d'une voix monotone, sans grâce : il acquiesçait d'abord à ce qu'avait dit le docteur Büchner. Puis, reprenant l'exposition au point où celui-ci l'avait laissée, il se mit à développer, sur les ruines des systèmes critiqués par Büchner, la grande théorie historique de Karl Marx. Peu à peu sa voix prit de l'expression, son regard, relevé de terre, s'anima, sa parole revêtit une éloquence familière et pittoresque d'un effet incomparable. Nous étions sous le charme, et Eccarius, transfiguré, tenant ces centaines d'hommes suspendus à ses lèvres, allait toujours, puisant de temps en temps, de ses grosses mains osseuses, une prise dans sa tabatière, ou se baissant sans façon pour ramasser son chapeau qui était tombé, sans interrompre un instant son discours. Cela dura près de deux heures, et, quand il eut fini, l'assemblée, transportée, éclata en bruyants applaudissements. Grand spectacle ! dans cette joute oratoire, entre le savant illustre et le pauvre ouvrier, la palme était restée au second ; et le docteur Büchner joignit ses félicitations à celles de l'auditoire, en serrant dans ses mains aristocratiques la main du tailleur meurtrie par l'aiguille[18].

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Notons encore quelques petites choses qui me reviennent à la mémoire. Choses insignifiantes, si l'on veut ; mais il faut bien que le public soit instruit de la manière dont les « énergumènes[19] » de Lausanne ont passé leur temps.

J'ai le souvenir d'un dîner fait à l'hôtel du Raisin, en compagnie de la délégation parisienne, dîner où quelqu'un fit de curieuses révélations sur la plupart des membres de la gauche du Corps législatif : Jules Favre, Garnier-Pagès, Pelletan, et surtout Jules Simon, le philanthrope ; il n'y eut guère d'épargné que le petit père Glais-Bizoin, l'infatigable et incorruptible vétéran.

Puis le souvenir d'une conversation particulière avec les deux délégués italiens : Tanari, de Bologne, le marquis socialiste, et Gaspare Stampa, de Milan, un beau vieillard, doux comme un enfant. Il s'agissait d'aller à la rencontre de Garibaldi[20], et de l'amener incognito au Congrès. Les deux Italiens se mirent en campagne : mais le retard apporté au voyage du général fit échouer leur plan ; en effet, Garibaldi ne traversa Lausanne que le dimanche 8 septembre.

Le souvenir encore d'une matinée passée « sur Montbenon » à contempler le lac et à causer politique, en compagnie des trois docteurs, Kugelmann, Büchner et Coullery. C'était une matinée de vacances, l'unique, hélas ! Le bureau nous avait licenciés pour permettre à quelques commissions de se réunir et d'achever leur travail.

Quelquefois, le soir, vers minuit, après avoir achevé de noircir mon papier[21], j'allais, la tête tout en feu, demander à mes voisins les Anglais un peu de distraction. Ils me recevaient avec une cordialité sans façon : Walton m'offrait un verre de vin, Lessner une chaise, et Eccarius interrompait sa correspondance du Times pour me développer la théorie de Marx. Heureux moments ! Je remplirais un volume de ce que j'ai appris en huit jours avec ces vieux champions du droit et de la justice. Puis, quand décidément l'heure devenait indue, j'allais rejoindre Vézinaud, que mon arrivée réveillait. Nouvelle conversation. Et lorsque enfin, fatigué, je me mettais à mon tour dans mon lit, survenait invariablement Coullery, qui s'asseyait sur une malle à côté de nous et discourait de omni re scibili jusqu'à deux heures du matin.

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Je comprends que Proudhon ait écrit un traité en faveur de la célébration du dimanche. Après une semaine de consciencieuse besogne, avec quelle inexprimable volupté ne savoure-t-on pas les délices d'un jour de trêve !

Les délégués du Congrès ouvrier devaient consacrer leur dimanche à une promenade en bateau à vapeur à Chillon, et certes ils avaient bien gagné ce délassement. À huit heures du matin, un nombreux cortège, que précédait une excellente musique, et dans lequel flottaient une trentaine de drapeaux, se rendit à Ouchy. La journée était splendide, la joie brillait sur tous les visages. Le bateau nous emporta rapidement sur les flots limpides du lac ; ceux de nos amis pour qui la vue de l'admirable paysage était nouvelle ne pouvaient en détacher leurs yeux ; et nous aussi, quoique familiers avec ces belles choses, nous les regardions avec un ravissement inépuisable : les coteaux verdoyants de la rive vaudoise, les cimes hardies des Alpes du Valais, et surtout la ligne si harmonieuse des montagnes de Savoie.

... Au retour, tandis que nous contemplions de nouveau le paysage, un train de chemin de fer, venant de Villeneuve, passa sur la rive : ce train conduisait Garibaldi à Genève. Nous le savions, et une impatience fiévreuse nous prit d'être au lendemain, car c'était le lundi 9 septembre que s'ouvrait le Congrès de la paix.

Un banquet populaire réunit le soir les délégués et leurs amis au Casino. Deux ou trois mille personnes des deux sexes se pressaient dans la grande salle pour entendre les discours et les chansons. Bientôt la foule devint telle que, la fête ne m'intéressant que médiocrement, je me fis scrupule de continuer à occuper une place à table, et je me retirai loin du bruit au jardin, où je passai très agréablement la moitié de la nuit avec De Paepe à causer du socialisme belge et de Colins, de la philosophie positive et d'Auguste Comte.



  1. Ce fut Coullery, propriétaire de l’imprimerie de la Voix de l’Avenir, qui fut chargé par le Congrès de l’impression de ses procès-verbaux. Le volume ne parut que dans le courant de l’année 1868.
  2. Diogène, numéros du 27 septembre au 24 octobre 1867.
  3. Georg Eccarius était déjà à Londres en 1840, année où il fonda, avec Schapper, Heinrich Bauer et Joseph Moll, le Kummunistischer Arbeiterbildungsverein. [Dans cette note, j’ai écrit qu’Eccarius se trouvait déjà à Londres en 1840. J’avais pris ce renseignement — qui est inexact — à la p. 32 de l’Introduction historique à la traduction française du « Manifeste communiste » par Charles Andler (Paris, 1901). Friedrich Lessner a eu l’obligeance de me faire parvenir à ce sujet la rectification suivante : Lessner est arrivé lui-même à Londres pour la première fois en avril 1847 ; et il se souvient très bien qu’Eccarius (qui était de Friedrichsroda, Saxe-Gotha ; Lessner est de Blankenheim, Saxe-Weimar) était venu dans cette ville quelques mois seulement avant lui, vers février 1847.]
  4. Friedrich Lessner avait figuré dans le procès des communistes, à Cologne, en 1851, et avait été condamné à trois ans de prison. [Dans cette note, j’ai confondu la date de l’arrestation de Lessner et celle de sa condamnation. Lessner fut arrêté le 18 juin 1851 ; mais le procès des communistes s’ouvrit seulement le 4 octobre 1852, et les condamnations furent prononcées le 12 novembre 1852.]
  5. Le Congrès se tenait dans la grande salle du Casino de Lausanne.
  6. Chemalé, commis architecte métreur-vérificateur, avait alors vingt-huit ans ; c’était le plus intelligent parmi les mutuellistes parisiens. Après le Congrès, il vint avec un autre Parisien, Fribourg, rendre visite à Coullery et à moi, à la Chaux-de-Fonds et au Locle ; ils rentrèrent en France par Morteau, en faisant la contrebande d’écrits politiques, et aussi, je crois, d’horlogerie, pour payer leurs frais de voyage.
  7. Je l’avais rencontré au Congrès de Genève l’année précédente.
  8. Le Dr Kugelmann m’avait beaucoup plu, et son souvenir m’était resté sympathique. Malheureusement, la publication posthume des lettres à lui adressées par Marx m’a révélé qu’il se prêtait, à l’instigation de celui-ci, à ce triste jeu d’intrigues et de diffamation où se complaisait l’auteur du Kapital. Après le Congrès de la paix à Genève, Marx lui écrit, le 11 octobre 1867 : « Vos manœuvres contre Vogt à Genève m’ont causé beaucoup de satisfaction. (Ihire Manöver gegen Vogt zu Genf haben mich sehr satisfait.) »
  9. L’homme et le singe, ou le matérialisme moderne ; publié par la Mission intérieure de Neuchâtel ; Neuchâtel, Delachaux, 1863, in-18.
  10. Karl Bürkly, phalanstérien endurci, excellent homme, tout rond, avait accompagné Considérant au Texas, et en était revenu avec une foi intacte. Il était tanneur (propriétaire d’une tannerie) ; mais on l’appelait à Zurich le capitaine Bürkly, parce qu’il avait ce grade dans la milice : il était Landwehrhauptmann. Je l’avais déjà rencontré au Congrès de Genève l’année précédente.
  11. Mon feuilleton n’étant pas signé, j’avais cru devoir, lorsque j’étais obligé d’y écrire mon nom, parler de moi à la troisième personne. — La plupart des délégués de langue française ne connaissaient que le français ; les Anglais ne comprenaient ni le français ni l’allemand, la plupart, des Allemands ne comprenaient ni le français ni l’anglais. Il fallait donc traduire. Je traduisais en français les discours allemands et anglais ; à l’usage des Anglais, les discours français étaient résumés par Dupont, les discours allemands par Eccarius ; à l’usage des Allemands, les discours anglais étaient traduits par Eccarius, les discours français par Büchner et Bürkly.
  12. Stanislas Charnal était un homme de lettres lyonnais, un peu détraqué ; il fut, en 1870, rédacteur d’un journal intitulé le Gnafron.
  13. De Paepe fit observer, au sujet de ce considérant, qu'en parlant de la paix comme d'une « condition première » et de la suppression de l'exploitation comme d'une conséquence, on mettait la charrue devant les bœufs.
  14. Sur ces vingt-sept noms, il y en a deux, ceux de Buckly et de Miss Harriet Law, qui ne figurent pas sur la liste des soixante-trois membres élus au Congrès de Genève en 1866. De ces soixante-trois membres, trente-huit se sont trouvés éliminés.
  15. Dans l'édition des Statuts généraux qu'il publia à Londres en 1867 après le Congrès de Lausanne, en anglais et en français, et dont je parlerai plus loin (p. 57), le Conseil général transforma cette résolution, qui ne s'appliquait, dans la pensée du Congrès, qu'à l'élection de 1867, en une disposition statutaire, en l'incorporant à l'article 3, sous cette forme : « Tous les ans, le Congrès.... désignera le siège et les membres du Conseil général, en lui laissant le droit de s'adjoindre de nombreux membres supplémentaires ».
  16. En allemand, naturellement.
  17. En allemand.
  18. Ni Eccarius ni le docteur Büchner n'ont connu les lignes qui précèdent. Plus tard, Eccarius, que je revis au Congrès de Bâle (1869), et avec qui j'ai toujours entretenus d'excellents rapports personnels, se sépara de Marx au congrès de la Haye (1872), où il vota avec la minorité autonomiste. Il assista ensuite comme délégué au Congrès de Genève (1873), où fut réorganisée l'Internationale, et à celui de Bruxelles (1874).
  19. Épithète par laquelle le Journal de Genève et la Gazette de Lausanne désignaient volontiers les délégués de l'Internationale.
  20. Garibaldi devait passer par Lausanne en se rendant à Genève au Congrès de la paix.
  21. Je rédigeais chaque soir les procès-verbaux des séances.