L’Intelligence des fleurs/Notre devoir social

Eugène Fasquelle (p. 255-276).

NOTRE DEVOIR SOCIAL

Partons loyalement de la grande vérité : il n’y a, pour ceux qui possèdent, qu’un seul devoir certain : qui est de se dépouiller de ce qu’ils ont, de façon à se mettre en l’état de la masse qui n’a rien. Il est entendu, en toute conscience lucide, qu’il n’en existe pas de plus impérieux, mais on y reconnaît en même temps, qu’il est, par manque de courage, impossible de l’accomplir. Du reste, dans l’histoire héroïque des devoirs, même aux époques les plus ardentes, même à l’origine du christianisme et dans la plupart des ordres religieux qui cultivèrent expressément la pauvreté, c’est peut-être le seul qui n’ait jamais été entièrement rempli. Il importe donc, en s’occupant de nos devoirs subsidiaires, de ne point oublier que l’essentiel est sciemment éludé. Que cette vérité nous domine. Souvenons-nous que nous parlons dans son ombre, et que nos pas les plus hardis, les plus extrêmes, ne nous conduiront jamais au point où il faudrait que nous fussions d’abord.

Puisqu’il paraît qu’il s’agit là d’une impossibilité absolue autour de laquelle il est oiseux de s’étonner encore, acceptons la nature humaine telle qu’elle s’offre. Cherchons donc sur d’autres routes que la seule directe, — n’ayant pas la force de la parcourir, — ce qui, en attendant cette force, peut nourrir notre conscience. Il y a ainsi, pour ne plus parler de la grande, deux ou trois questions que se posent sans cesse les cœurs de bonne volonté. Que faire en l’état actuel de notre société ? Faut-il se ranger, a priori, systématiquement, du côté de ceux qui la désorganisent ou dans le camp de ceux qui s’évertuent à en maintenir l’économie ? — Est-il plus sage de ne point lier son choix, de défendre tour à tour ce qui semble raisonnable et opportun dans l’un et l’autre parti ? Il est certain qu’une conscience sincère peut trouver ici ou là de quoi satisfaire son activité ou bercer ses reproches. C’est pourquoi, devant ce choix qui s’impose aujourd’hui à toute intelligence honnête, il n’est pas inutile de peser le pour et le contre plus simplement qu’on ne le pratique d’habitude, et comme le pourrait faire l’habitant désintéressé de quelque planète voisine.

Ne reprenons pas toutes les objections traditionnelles, mais seulement celles qui peuvent être assez sérieusement défendues. Nous rencontrons d’abord la plus ancienne qui soutient que l’inégalité est inévitable, étant conforme aux lois de la nature. Il est vrai ; mais l’espèce humaine paraît assez vraisemblablement créée pour s’élever au-dessus de certaines lois de la nature. Si elle renonçait à surmonter plusieurs de ces lois, son existence même serait remise en péril. Il est conforme à sa nature particulière d’obéir à d’autres lois que celle de sa nature animale, etc. Du reste, l’objection est dès longtemps classée parmi celles dont le principe est insoutenable et mènerait au massacre des faibles, des malades, des vieillards, etc.

On dit ensuite qu’il est bon, pour hâter le triomphe de la justice, que les meilleurs ne se dépouillent pas prématurément de leurs armes dont les plus efficaces sont précisément la richesse et le loisir. On reconnaît suffisamment ici la nécessité du grand sacrifice, et l’on ne met en question que son opportunité. Soit ; à condition qu’il demeure bien convenu que ces richesses et ce loisir servent uniquement à hâter les pas de la justice.

Un autre argument conservateur, digne d’attention, affirme que le premier devoir de l’homme étant d’éviter la violence et l’effusion du sang, il est indispensable que l’évolution sociale ne soit pas trop rapide, qu’elle mûrisse lentement, qu’il importe de la tempérer en attendant que la masse s’éclaire et soit portée graduellement et sans dangereuses secousses vers une liberté et une plénitude de biens qui, en ce moment, ne déchaîneraient que ses pires instincts. Il est encore vrai ; néanmoins il serait intéressant de calculer, — puisqu’on n’arrive au mieux que par le mal, — si les maux d’une révolution brusque, radicale et sanglante l’emportent sur les maux qui se perpétuent dans l’évolution lente. Il conviendrait de se demander s’il n’y a pas avantage à agir au plus vite ; si tout compte fait, les souffrances silencieuses de ceux qui attendent dans l’injustice ne sont pas plus graves que celles que subiront durant quelques semaines ou quelques mois les privilégiés d’aujourd’hui. On oublie volontiers que les bourreaux de la misère sont moins bruyants, moins scéniques, mais infiniment plus nombreux, plus cruels, plus actifs que ceux des plus affreuses révolutions.

Enfin, dernier argument et peut-être le plus troublant : l’humanité, déclare-t-on, depuis plus d’un siècle parcourt les années les plus fécondes, les plus victorieuses, les années probablement climatériques de sa destinée. Elle semble, à considérer le passé, dans la phase décisive de son évolution. On croirait, à certains indices, qu’elle est près d’atteindre son apogée. Elle traverse une période d’inspiration à laquelle nulle autre ne se peut historiquement comparer. Un rien, un dernier effort, un trait de lumière qui reliera ou soulignera les découvertes, les intuitions éparses ou en suspens, la sépare seule peut-être des grands mystères. Elle vient d’aborder des problèmes dont la solution, aux dépens de l’ennemi héréditaire, c’est-à-dire du grand inconnu de l’univers, rendrait vraisemblablement inutiles tous les sacrifices que la justice exige des hommes. N’est-il pas dangereux d’arrêter cet élan, de troubler cette minute précieuse, précaire et suprême ? En admettant même que ce qui est acquis ne se puisse plus perdre comme dans les bouleversements antérieurs, il est néanmoins à craindre que l’énorme désorganisation exigée par l’équité mette brusquement fin à cette période heureuse ; et il n’est pas indubitable qu’elle renaisse de longtemps, les lois qui président à l’inspiration du génie de l’espèce étant aussi capricieuses, aussi instables que celles qui président à l’inspiration du génie de l’individu.

C’est peut-être, comme je l’ai dit, l’argument le plus inquiétant. Mais, sans doute, attache-t-il trop d’importance à un danger assez incertain. Au surplus, il y aura à cette brève interruption de la victoire humaine, de prodigieuses compensations. Pouvons-nous prévoir ce qu’il adviendra lorsque l’humanité entière prendra part au labeur intellectuel qui est le labeur propre à notre espèce ? Aujourd’hui, c’est à peine si un cerveau sur cent mille se trouve dans les conditions pleinement favorables à son activité. Il se fait en ce moment un monstrueux gaspillage de forces spirituelles. L’oisiveté endort par en haut autant d’énergies mentales que l’excès de travail manuel en éteint par en bas. Incontestablement, quand il sera donné à tous de se mettre à la tâche à présent réservée à quelques élus du hasard, l’humanité multipliera des milliers de fois ses chances d’arriver au grand but mystérieux.

Voilà, je pense, le meilleur du pour et du contre, les raisons les plus raisonnables que puissent invoquer ceux qui n’ont point hâte d’en finir. Au milieu de ces raisons se dresse l’énorme monolithe de l’injustice. Il est inutile de lui prêter une voix. Il oppresse les consciences, il borne les intelligences. Aussi ne saurait-il être question de ne le point détruire ; on demande seulement à ceux qui le veulent renverser quelques années de patience, afin qu’après avoir déblayé ses entours, sa chute entraîne de moindres désastres. Faut-il accorder ces années et parmi ces motifs de hâte ou d’attente, quel sera donc le choix de la meilleure foi ?

Les arguments qui demandent quelques années de répit vous semblent-ils suffisants ? Ils sont assez précaires ; mais encore ne serait-il pas juste de les condamner sans considérer le problème d’un point plus élevé que la raison pure. Ce point doit toujours être recherché dès qu’il s’agit de questions qui débordent l’expérience humaine. On pourrait fort bien soutenir, par exemple, que le choix ne saurait être le même pour tous. L’espèce, qui a probablement de ses destinées une conscience infinie qu’aucun individu ne peut saisir, aurait très sagement réparti entre les hommes les rôles qui leur conviennent dans le haut drame de son évolution. Pour des motifs que nous ne comprenons pas toujours, il est sans doute nécessaire qu’elle progresse lentement ; c’est pourquoi l’énorme masse de son corps l’attache au passé et au présent, et de très loyales intelligences peuvent se trouver dans cette masse, comme il est possible à de très médiocres de s’en évader. Qu’il y ait satisfaction ou mécontentement désintéressé du côté de l’ombre ou de la lumière, peu importe : c’est souvent une question de prédestination et de distribution de rôles plutôt que d’examen. Quoi qu’il en soit, ce serait pour nous, dont la raison juge déjà la faiblesse des arguments du passé, un motif nouveau d’impatience. Admettons-en, par surcroît, la force très plausible. Il suffit donc qu’aujourd’hui ne nous satisfasse point, pour que nous ayons le devoir, pour ainsi dire organique, de détruire tout ce qui le soutient, afin de préparer l’arrivée de demain. Alors même que nous verrions fort nettement les dangers et les inconvénients d’une trop prompte évolution, il est requis, pour que nous remplissions fidèlement la fonction assignée par le génie de l’espèce, que nous passions outre à toute patience, à toute circonspection. Dans l’atmosphère sociale, nous représentons l’oxygène, et si nous nous y conduisons comme l’azote inerte, nous trahissons la mission que nous a confiée la nature, ce qui, dans l’échelle des crimes qui nous restent, est la plus grave et la plus impardonnable des forfaitures. Nous n’avons pas à nous préoccuper des conséquences souvent fâcheuses de notre hâte ; cela n’est pas écrit dans notre rôle, et en tenir compte, serait ajouter à ce rôle des mots infidèles qui ne se trouvent point dans le texte authentique dicté par la nature. L’humanité nous a désignés pour accueillir ce qui s’élève à l’horizon. Elle nous a donné une consigne qu’il ne nous appartient pas de discuter. Elle répartit ses forces comme bon lui semble. À tous les carrefours de la route qui mène à l’avenir, elle a mis, contre chacun de nous, dix mille hommes qui gardent le passé ; ne craignons donc point que les plus belles tours d’autrefois ne soient pas suffisamment défendues. Nous ne sommes que trop naturellement enclins à temporiser, à nous attendrir sur des ruines inévitables ; c’est notre plus grand tort. Le moins que puissent faire les plus timorés d’entre nous, — et ils sont déjà bien près de trahir, — c’est de ne point ajouter à l’immense poids mort que traîne la nature. Mais que les autres suivent aveuglément l’élan intime de la puissance qui les pousse plus outre. Quand bien même leur raison n’approuverait aucune des mesures extrêmes auxquelles ils prennent part, qu’ils agissent et espèrent par delà leur raison ; car, en toutes choses, à cause de l’appel de la terre, il faut viser plus haut que le but qu’on aspire à atteindre.

Ne craignons pas d’être entraînés trop loin ; et que nulle réflexion, quelque juste qu’elle soit, ne brise ou tempère notre ardeur. Nos excès d’avenir sont nécessaires à l’équilibre de la vie. Assez d’hommes autour de nous ont le devoir exclusif, la mission très précise d’éteindre les feux que nous allumons. Allons toujours aux lieux les plus extrêmes de nos pensées, de nos espoirs et de notre justice. Ne nous persuadons pas que ces efforts ne sont imposés qu’aux meilleurs ; il n’en est rien, et les plus humbles d’entre nous qui pressentent une aurore qu’ils ne comprennent pas, doivent l’attendre tout au haut d’eux-mêmes. Leur présence sur ces sommets intermédiaires remplira de substance vivante l’intervalle dangereux des premiers aux derniers et maintiendra les communications indispensables entre l’avant-garde et la masse.

Songeons parfois au grand vaisseau invisible qui porte sur l’éternité nos destinées humaines. Il a, comme les vaisseaux de nos océans limités, ses voiles et son lest. Si l’on craint qu’il roule ou qu’il tangue au sortir de la rade, ce n’est pas une raison pour augmenter le poids du lest en descendant à fond de cale les belles voiles blanches. Elles ne furent pas tissées pour moisir dans l’obscurité à côté des pierres du chemin. Le lest, on en trouve partout ; tous les cailloux du port, tout le sable des plages y est propre. Mais les voiles sont rares et précieuses ; leur place n’est point dans les ténèbres des sentines, mais parmi la lumière des hauts mâts où elles recueilleront les souffles de l’espace.

Ne nous disons pas : c’est dans la mesure, dans l’honnête moyenne que se trouve toujours la meilleure vérité. Cela serait peut-être vrai, si la plupart des hommes ne pensaient, n’espéraient beaucoup plus bas qu’il ne convient. C’est pourquoi il est nécessaire que les autres pensent et espèrent plus haut qu’il ne paraît raisonnable. La moyenne, l’honnête moyenne d’aujourd’hui sera prochainement ce qu’il y aura de moins humain. Je trouve, au hasard d’une récente lecture, dans la vieille chronique flamande de Marcus van Warnewyck, un curieux exemple de cette excellente opinion du bon sens ou plutôt du sens commun et du juste milieu. Marcus van Warnewyck était un riche bourgeois de Gand, lettré et extrêmement sage. Il nous a laissé le journal minutieux de tous les événements qui se déroulèrent dans sa ville natale, de 1566 à 1568, c’est-à-dire du premier délire des iconoclastes, à la terrible répression du duc d’Albe. Ce qu’il convient d’admirer dans ce récit authentique et savoureux, ce n’est pas tant la vive couleur, la précision pittoresque des moindres tableaux : pendaisons, scènes de bûchers, tortures, émeutes batailles, prêches, etc., pareils à des Breughels, que la sereine et limpide impartialité du narrateur. Catholique fervent, il blâme d’une plume égale et modérée les excès des Réformés et des Espagnols. Il est le juge incorruptible, le juste par excellence. Il représente vraiment la suprême sagesse pratique et pondérée, la meilleure volonté, l’humanité la plus raisonnable, la plus saine, l’indulgence, la pitié la mieux équilibrée, la plus éclairée de son temps. Il se permet parfois de trouver regrettable que tant de supplices soient nécessaires. Il semble estimer, sans oser ouvertement soutenir une opinion aussi paradoxale, qu’il ne serait peut-être pas indispensable de brûler un si grand nombre d’hérétiques. Mais il ne paraît pas se douter un instant qu’il serait préférable de n’en point brûler du tout. Cette opinion est si extravagante, se trouve à de telles extrémités de la pensée humaine, qu’elle ne lui vient même pas à l’esprit, qu’elle n’est pas encore visible à l’horizon ou aux sommets de l’intelligence de son époque. C’est pourtant l’humble opinion moyenne d’aujourd’hui. N’en va-t-il pas de même, en ce moment, dans nos questions irrésolues du mariage, de l’amour, des religions, de l’autorité, de la guerre, de la justice, etc. ? L’humanité n’a-t-elle pas encore assez vécu pour qu’elle se rende compte que c’est toujours l’idée extrême, c’est-à-dire la plus haute, celle du sommet de la pensée qui a raison ? En ce moment, l’opinion la plus raisonnable au sujet de notre question sociale, nous invite à faire tout le possible afin de diminuer peu à peu les inégalités inévitables et répartir plus équitablement le bonheur. L’opinion extrême exige sur l’heure le partage intégral, la suppression de la propriété, le travail obligatoire, etc. Nous ne savons pas encore comment se réaliseront ces exigences ; mais il est d’ores et déjà certain que de très simples circonstances les feront paraître un jour aussi naturelles que la suppression du droit d’aînesse ou des privilèges de la noblesse. Il importe, en ces questions d’une durée d’espèce et non de peuple ou d’individu, de ne point se limiter à l’expérience de l’histoire. Ce qu’elle confirme et ce qu’elle dément s’agite dans un cercle insignifiant. La vérité ici se trouve bien moins dans la raison, toujours tournée vers le passé, que dans l’imagination qui voit plus loin que l’avenir.

Que notre raison s’efforce donc de monter plus haut que l’expérience. C’est facile aux jeunes gens, mais il est salutaire que l’âge mûr et la vieillesse apprennent à s’élever à l’ignorance lumineuse de la jeunesse. Nous devons, à mesure que s’écoulent nos années, nous prémunir contre les dangers que font courir à notre confiance, le grand nombre d’hommes malfaisants que nous avons rencontrés. Continuons, malgré tout, d’agir, d’aimer et d’espérer comme si nous avions affaire à une humanité idéale. Cet idéal n’est qu’une réalité plus vaste que celle que nous voyons. Les fautes des individus n’altèrent pas davantage la pureté et l’innocence générales, que les vagues de la surface, vues d’une certaine hauteur, ne troublent, au dire des aéronautes, la limpidité profonde de la mer.

N’écoutons que l’expérience qui nous pousse en avant ; elle est toujours plus haute que celle qui nous retient ou nous rejette en arrière. Repoussons tous les conseils du passé qui ne nous tournent pas vers l’avenir. C’est ce que comprirent admirablement, et pour la première fois peut-être dans l’histoire, certains hommes de la Révolution ; et c’est pourquoi cette Révolution est celle qui fit les plus grandes choses et les plus durables. Ici, cette expérience nous enseigne qu’au rebours de ce qui a lieu dans les choses de vie journalière, il importe avant tout de détruire. En tout progrès social, le grand travail, et le seul difficile, c’est la destruction du passé. Nous n’avons pas à nous soucier de ce que nous mettrons à la place des ruines. La force des choses et de la vie se chargera de reconstruire. Elle n’a même que trop de hâte à réédifier, et il ne serait pas bon de l’aider dans sa tâche précipitée. N’hésitons donc point à user jusqu’à l’excès de nos forces destructives : les neuf dixièmes de la violence de nos coups se perdent parmi l’inertie de la masse ; comme le choc du plus lourd marteau se disperse dans une grosse pierre et devient pour ainsi dire insensible à la main de l’enfant qui soutient celle-ci.

Et ne redoutons pas qu’on puisse aller trop vite. Si, à certaines heures, on semble brûler dangereusement les étapes, c’est pour balancer des retardements injustifiés et rattraper le temps perdu durant des siècles inactifs. L’évolution de notre univers continue pendant ces périodes d’inertie, et il est probablement nécessaire que l’humanité se trouve à tel point déterminé de son ascension au moment de tel phénomène sidéral, de telle crise obscure de la planète ou même de la naissance de tel homme. C’est l’instinct de l’espèce qui décide de ces choses, c’est son destin qui parle ; et si cet instinct ou ce destin se trompe, il ne nous appartient pas d’intervenir, car tout contrôle cesse ; nous sommes au bout et au sommet de nous-mêmes ; et plus haut, il n’y a plus rien qui puisse corriger notre erreur.