Librairie Guillaumin & Cie (p. 260-263).

D’un professeur





J’ai lu votre volume et il m’a charmé, sans aucune espèce d’exagération, par la logique du raisonnement et la rigueur des chiffres ; dans les journaux, il sera difficile de ne pas l’égratigner un peu, car les administrateurs de nos feuilles conservatrices sont peu préparés à entendre la bonne parole. Mais le principal est de faire connaître l’ouvrage ; dès qu’on le lit, on lui devient ami, disait je ne sais qui, en parlant de je ne sais quel auteur ; c’est ce qui vous arrivera dans bien des cas ces temps-ci.

Le trop aimable correspondant a bien fait de me prévenir ; on verra, plus loin, que les égratignures ne m’ont pas manqué, mais je reste indifférent à ces piqûres qui sont inévitables, toutes les fois qu’il s’agit de ce qui touche aux questions de propriété et d’intérêt. Je reste étranger aux choses essentiellement contingentes, comme la politique et la philosophie, et je me cantonne tout spécialement sur le seul terrain d’économie sociale qui se rapproche davantage

des choses exactes.

D’une femme instruite





J’ai rarement lu quelque chose d’un intérêt aussi soutenu, d’aussi net, précis, accessible même aux personnes peu versées dans ces questions si actuelles et toujours si ardues, ailleurs que dans la brochure que vous venez de faire paraître sur l’impôt progressif. Elle éclaire et élargit la vision étroite qu’en général nous avons de cette question sociale qu’instinctivement nous faisons personnelle et restreinte ; les honnêtes gens reconnaîtront que si, en touchant la plaie morale, vous causez une douleur cuisante, c’est que cette douleur est nécessaire. Cependant il me parait exagéré de frapper les propriétés d’agrément.

La réponse est facile. S’il n’y a pas de revenu attaché à la propriété, elle sera exempte de tout impôt sur ce chapitre ; elle ne sera touchée par l’impôt que par rapport à son capital, lequel, en général, est très restreint et inférieur à la somme consacrée à la création de cette propriété.

D’un magistrat





La seule manière, à mon avis, de rendre à la fois praticable et productif un impôt progressif sur le revenu serait d’intéresser le contribuable à élever le chiffre de sa cote en lui donnant dans les élections politiques, une ou plusieurs voix supplémentaire à raison de telle somme dudit impôt.

Je ne partage pas cette opinion qui paraît fondée sur la crainte de donner une trop grande importance législative, en cette matière, à ceux qui paieraient peu ou pas d’impôt. Je crois, au contraire, que, depuis fort longtemps et surtout aujourd’hui, la possession de la richesse, et particulièrement de la grande richesse, est devenue un danger au point de vue législatif et politique, et si on ajoutait encore à cette puissance que donne la richesse, une augmentation de la

puissance politique par la multiplication des voix, le pays serait livré bientôt sans défense à la merci d’une ploutocratie qui l’exploiterait encore davantage.

D’un autre magistrat





J’ai lu avec grande attention votre travail sur l’impôt progressif ; vos raisonnements sont ceux d’un sage et tous les esprits sages les goûteront et les méditeront. Longtemps avant qu’il soit possible aux législateurs de formuler en loi une idée juste et salutaire, il est bon que les penseurs l’examinent et que les publicistes la recommandent et la vulgarisent ; c’est la tâche que vous avez remplie et la publication de votre travail sera certainement utile.