L’Idylle vénitienne/Installation

Georges Crès et Cie, Éditeurs (p. 25-26).


IX

INSTALLATION


Pour les visites furtives, d’une chambre à l’autre, les hôtels du Canal Grande et de la Riva, pleins d’escaliers de parade, de parquets qui crient, de mosaïques qui résonnent, de recoins obscurs où le More peut se cacher, n’offriraient qu’embûche et péril.

Mais il est, à la Misericordia, près de Santa-Maria dell’Orto, un palazzino dont j’ai, depuis hier, la clef dans ma poche… Un jardin l’entoure ; des héliotropes le parfument ; une clématite, tant il est menu, l’étreint tout entier ; et l’on voit, de ses fenêtres, l’église de l’île des Tombes, entre deux façades de marbre, au bout lointain d’un petit rio d’azur, — toute blanche, — comme une fleur de magnolia dans une buire de cristal bleu.