Paul Ollendorff, éditeur (p. 103-105).


THALIA


I


À Théodore de Banville


La folle vendangeuse aux yeux de chrysolithe
Bondissait sous le ciel attique à travers champs ;
Térence, dans ses vers gracieux et touchants,
La fit danser devant un spectateur d’élite.

Puis c’est Shakspeare avec tout son monde insolite,
Songes de nuits d’été pleines de joyeux chants,
Belles dames, bouffons sages, gnomes méchants ;
Monde idéal où, seul, le faux Vrai périclite.


Maintenant sur la scène, ô nymphe Thalia !
L’on ne te cherche plus. La brune Italia
Des poètes retient la Rime fantaisiste

Dans les sonnets ambrés de subtils concetti,
Et notre Thalia capricieuse et triste
C’est Rosalinde en son élégant travesti.


II


À Gabriel Vicaire


La Rosalinde gracieuse
Avec ses habits de garçon
Et qui cueille à chaque buisson
Quelque chanson délicieuse,

Sous ta figure soucieuse,
Mercutio, dont la chanson
Toujours folle a toujours raison
D’èire amère et capricieuse :


C’est notre nymphe Thalia,
La Reine de l’Italia
Shakspearienne et fantaisiste

Des sonnets et des concetti,
Muse fantasque, folle et triste,
La Rosalinde en travesti.