C. Meyrueis (Volume 2p. 326-339).


CHAPITRE XLIV.


Ainsi les âmes trop élevées par leur nature,
Trop abaissées par la souffrance,
Trouvent dans les douceurs de la religion,
Un juste milieu entre la joie et la douleur ;

En écoutant la Parole de Dieu,
Qui les console dans leurs maux,
Elles sont reconnaissantes pour ce qui leur est pardonné,
Et humiliées par tout ce qu’elles reçoivent.

(Année chrétienne.)


Une belle après-midi, vers la fin d’avril, Charles, ouvrant la porte du cabinet de toilette, s’arrêta en souriant. Amable était assise sur le tapis, devant le feu, étendant les mains et retenant la petite Mary, qui poussait des cris de joie, et agitait sa petite tête blonde et bouclée, ses bras potelés et ses pieds mignons. Elle venait de remporter une grande victoire sur sa maman, en s’emparant de ses cheveux, et en les faisant sortir de dessous le bonnet qui les cachait d’ordinaire. La figure rougissante de la jeune mère, à demi cachée sous ses boucles brillantes, rappelait tout à fait la petite Amy d’autrefois.

— Voilà qui est bien ! s’écria Charles enchanté. Tirez-les toutes dehors, que nous voyions encore les cheveux bouclés de votre maman !

— Non ! je ne porterai plus mes cheveux bouclés ! dit-elle si tristement, que Charles fut fâché d’en avoir parlé. Elle s’en aperçut et s’efforça de sourire en cachant ses cheveux sous son bonnet.

— Madame Henley est-elle arrivée ? demanda-t-elle.

— Oui, on en ferait deux Philippe, car elle est aussi grande et deux fois aussi large. J’ai cru voir Junon s’approcher de moi à la station.

— Comment vous êtes-vous arrangés ensemble ?

— À merveille, je lui ai parlé de tout, et je lui ai répété, ce qu’elle ne pouvait croire, que ce sera une réunion des plus tranquilles, où il n’y aurait que la famille et Mary Ross. Elle pense que c’est à cause de vous, et je ne lui ai pas dit que c’était leur désir. Il est heureux que ces Kilcoran aient dégoûté mon père des mariages à grand fracas, car Philippe n’a jamais pu les souffrir.

— Oh ! la petite méchante ! encore mes cheveux ?… Vous savez que Philippe est fort ennuyé de ce M. Fielder. Lord Kilcoran le prie de l’aider à chercher une place.

— Il en cherchera une le reste de sa vie ! dit Charles. Un homme qui cherche une place est un homme perdu. Ces Fielder seront toujours un ver rongeur pour Philippe et Laura ; car l’un se reproche d’avoir introduit M. Fielder dans la maison, et l’autre d’avoir donné à Éva le mauvais exemple.

— Je voudrais, dit Amy, qu’Éva s’éloignât de ses parents. Ce que notre tante Charlotte écrit à son sujet fait à Laura une peine infinie.

— Fort bien ! Elle espérait être madame Fielder et continuer cependant à tenir le rang de fille d’un comte ! Elle verra bientôt ce que c’est que d’être la femme d’un pauvre homme.

— Je suis sûre qu’une position difficile fera briller les bonnes qualités d’Éva.

— Oui, si elle ne les a pas déjà gâtées à l’heure qu’il est… comme cette petite fillette gâte vos cheveux ! Voyons, petit chat, qu’avez-vous à dire à votre oncle ?

— Il faut lui dire bonsoir, dit Amy en se levant pour l’emporter ; il est temps d’aller chercher Anne. Bonne nuit, oncle Charles !

Comme Amable venait d’emporter son enfant, madame Edmonstone et Charlotte entrèrent, après avoir conduit madame Henley à sa chambre. Madame Edmonstone demanda où était Amy.

— Elle vient d’emporter sa fille. Je voudrais que vous l’eussiez vue jouer avec elle tout à l’heure. Cette chère petite avait fait tomber tous les cheveux de sa maman autour de sa figure, en sorte qu’elle avait tout son air d’autrefois.

— Je suis heureuse qu’Amy supporte si bien l’approche de ce mariage. Elle s’est occupée tout le jour des préparatifs. Qui aurait pu le prévoir ?

— Et qu’enfin nous garderions Amy avec nous ? dit Charles. Je ne puis me reprocher la joie que j’éprouve de la posséder, à présent qu’elle est si paisible et si calme.

— Viendra-t-elle à l’église demain ? Je n’ai pas osé le lui demander.

— Ni moi non plus.

— Elle m’a dit qu’elle y viendrait, dit Charlotte.

— J’espère qu’elle n’en sera pas trop affectée.

— Elle nous gronderait, si elle nous voyait plus occupés d’elle que de la mariée.

— Pauvre Laura ! dit madame Edmonstone. Je suis bien heureuse que tout finisse bien : ils ont tant souffert !

— Et ce n’est pas en vain, dit Charles. Philippe est…

— Oh ! je ne dis rien contre lui ! s’écria madame Edmonstone. Il est très distingué, il est excellent ; il la rendra heureuse.

— Assurément, reprit Charles, il est fait pour tenir un rang élevé dans la société, justement parce qu’il est au-dessus de ce désir ; la seule raison qui nous empêche de lui rendre une complète justice, c’est que nous le comparons à un autre qui était trop bon pour ce monde.

— Si maman le compare à notre hôte d’aujourd’hui, elle le trouvera parfait, dit Charlotte. Heureusement elle est obligée de retourner chez elle après-demain.

— Quoique j’aie pardonné à Philippe de tout mon cœur, continua madame Edmonstone, je ne pourrais jamais l’aimer comme je l’aimais autrefois.

— Moi, je l’aime beaucoup mieux, dit Charlotte.

— Et moi, ajouta Charles, je puis dire qu’autrefois je ne l’aimais pas du tout. Je ne pouvais le souffrir, et, si Walter ne m’avait présenté l’exemple d’un autre genre de mérite, il m’aurait complétement aigri contre tout ce qui avait l’air de la vertu. C’est ce que j’ai senti aussi longtemps qu’on a admiré Philippe, et c’est seulement après avoir vu son profond repentir que j’ai compris la grandeur et la noblesse de son caractère.

— C’est vrai, ajouta madame Edmonstone. Je ne l’aurais jamais cru capable de regrets si profonds.

Cependant madame Henley était très satisfaite de l’impression qu’elle croyait avoir produite sur la famille de sa tante, surtout sur Charlotte et Charles. La première annonçait de l’esprit, et le second était un jeune homme distingué, qui pourrait être fort utile à Philippe. Elle trouvait que Laura était belle et ressemblait à sa propre famille, et que, malgré la différence de fortune, elle conviendrait mieux à son frère que cette pâle et silencieuse petite Amy. Si madame Henley l’avait vue seule avec son enfant elle aurait été bien surprise.

— Un baiser pour papa et un pour maman, disait-elle en levant de son berceau l’enfant dont le sommeil avait rougi les joues. Matin et soir elle lui répétait ces mêmes paroles, et recevait avec joie le double baiser que Mary avait appris à lui donner. Elle était heureuse aussi de lui montrer le portrait de son père et de lui faire dire : Papa, en sorte que ce nom et cette idée devenaient familiers à l’enfant dès son bas âge.

Après qu’Amable eut un peu joué avec elle, Anne vint la prendre, et la jeune veuve s’habilla pour la première fois sans crêpe. Elle revêtit le costume qu’elle comptait porter le reste de sa vie : une robe de soie noire, et un simple petit bonnet de dentelle sur ses cheveux en bandeaux.

— Non ! je ne veux pas soupirer, dit-elle ; cela ne m’éloignera pas de lui, et il aurait été si heureux aujourd’hui !

Puis elle mit le bracelet que Charles lui avait donné, et cette broche d’argent qu’elle avait portée à Recoara, le jour de sa dernière promenade avec Walter. Elle se rendit bientôt après chez Laura, l’aida à s’habiller, et la calmait, la soutenait par de douces paroles. Le costume de mariée de Laura était bien plus simple que ne l’avait été celui d’Amy ; les époux avaient désiré que leur mariage fût aussi différent que possible de celui de Walter. Ensuite Amy descendit pour voir si tout était prêt. Elle trouva que la table du déjeuner n’avait pas un air de fête ; elle appela Charlotte pour l’aider à l’orner de fleurs. Charlotte était surprise que sa sœur eût oublié combien la vue des fleurs l’attristait l’été précédent. Amable courait d’une plante à l’autre, choisissant les plus belles, et faisait, avec son goût accoutumé, de petits bouquets pour chaque convive ; puis elle les mit à la place de chacun. On eût dit qu’elle seule pouvait sourire ce jour-là, excepté M. Edmonstone, qui était ravi de la voir gaie dans son nouveau costume. Il dit à part à madame Henley que sa petite Amy était un vrai bijou, et la meilleure des filles avec Laura.

Madame Henley était magnifique avec sa plus belle robe de soie. Madame Edmonstone avait les larmes aux yeux ; elle était aimable avec chacun, sans parler beaucoup. Charlotte était grave, attentive, et prête à se rendre utile. Charles observait tout le monde, et donnait quelques directions. Laura avait cet air composé qu’elle savait prendre depuis longtemps. Philippe arriva le dernier, et sa figure annonçait seulement qu’il souffrait d’un grand mal de tête.

Ce mal était si violent qu’il fut contraint de se coucher sur le canapé du cabinet de toilette. Amable sortit, disant qu’elle allait lui chercher du camphre ; Laura demeurait assise, en s’efforçant de paraître calme. Le père s’agitait, et la présence de sa fille l’empêchait seule de dire que Philippe n’était pas assez bien pour que le mariage pût avoir lieu ce jour-là. Charles parlait d’un ton gai, disant que la santé de Philippe était cependant beaucoup meilleure, et que ce mal n’était qu’une chance malheureuse.

Madame Henley l’écoutait et répondait, mais elle n’y comprenait rien. Après déjeuner, elle entendit Amable parler à Laura dans l’antichambre. « Il est mieux, dit-elle ; portez-lui cette tasse de café, et je vous appellerai quand il sera temps de partir. » Amable et Charlotte firent mettre dans la voiture tout ce qui lui était nécessaire pour le voyage ; car les nouveaux mariés devaient partir au sortir de l’église, sans revenir à Hollywell.

Au dernier moment, Amable vint avertir Philippe qu’il était temps de se mettre en chemin, s’il voulait aller à pied à l’église, ce qui vaudrait mieux pour sa tête.

— Dois-je vous dire adieu à présent ? demanda Philippe.

— Non, je vous reverrai à l’église, si vous ne craignez pas de m’y voir comme je suis.

— Pourrions-nous nous passer de notre ange gardien, Laura ? demanda Philippe.

— Vous savez qu’il y serait allé, dit Amable ; personne n’aurait été plus heureux que lui, ainsi je vous remercie.

— C’est nous qui vous remercions de vouloir bien venir, s’écria Laura. C’est une consolation.

Ils la quittèrent. Elle demeura seule un moment à regarder sa petite fille, que sa bonne promenait dans le jardin. Elle allait ouvrir la croisée pour attirer son attention et la faire pousser un de ses joyeux « maman ! » lorsque Philippe entra dans le jardin et traversa la pelouse. Mary l’aimait beaucoup ; elle était flattée des attentions qu’avait pour elle le plus grand personnage de la maison. Elle lui tendit les bras en faisant entendre un petit cri de joie. Philippe s’approcha, la prit des mains de sa bonne, et l’embrassa tendrement, pendant qu’elle entourait son cou de ses petits bras. Elle ne voulait pas retourner vers Anne ; et, quand il s’éloigna, elle le regarda encore, en lui offrant les primevères et les violettes qu’elle tenait dans sa main.

Lorsque Amable revit Philippe à l’église, il avait ces fleurs à sa boutonnière, et comprit que ce témoignage spontané d’affection de la fille de Walter lui était plus précieux que toutes les preuves d’amitié qu’il pouvait recevoir d’elle-même.

On partit bientôt après pour l’église. Mary Ross vint au-devant de la société jusqu’à l’entrée du cimetière ; elle offrit son bras à Charles, et lui demanda comment était Amy.

— Joyeuse au dehors, dit-il, et je crois aussi au dedans. Rien ne lui fait autant de bien que de le représenter. Êtes-vous surprise de la voir ici ?

— Non ; je pensais qu’elle viendrait pour montrer mieux encore qu’elle lui pardonne.

— Elle a pardonné, dit Charles, au point qu’elle a oublié tous ses torts.

Philippe Morville et Laura Edmonstone se présentèrent devant M. Ross. Ce mariage était bien différent du précédent. Les époux étaient plus beaux, cette fois, quoiqu’ils eussent déjà perdu l’apparence de la première jeunesse. Philippe était toujours un fort bel homme, mais on l’eût pris pour un homme de trente-cinq ans, tant les soucis avaient ridé son front ; et Laura, vêtue d’une simple robe de mousseline blanche et d’un chapeau blanc, avait à peine l’air d’une mariée. Cependant elle avait beaucoup de fraîcheur, et c’était seulement son expression soucieuse et réfléchie qui la faisait paraître plus âgée qu’elle ne l’était réellement. Tout le monde était grave, et, contre toute attente, on ne versa pas une larme. Madame Edmonstone était moins préoccupée de la mariée que de la jeune femme en noir, debout à ses côtés, la tête baissée, et pressant de sa main droite son anneau de mariage sous son gant blanc.

Le service terminé, Laura se jeta au cou de sa mère.

— Votre pardon ! chère maman ! Je comprends aujourd’hui combien j’ai été coupable.

Pauvre jeune fille ! Elle avait trop offensé ses parents, pour les quitter avec un cœur aussi serein et aussi rempli d’espérance que sa sœur l’avait fait. Le baiser que madame Edmonstone lui donna fut une réponse plus que suffisante. Il y avait bien des mois qu’elle ne l’avait embrassée ainsi !

Philippe dit à peine quelques mots, et ne répondit guère que par des regards et des gestes aux paroles affectueuses qu’on lui adressa. Mais, quand il prit congé d’Amable, il lui dit :

— Ma sœur, à présent !

— Et son frère, répondit-elle. Adieu !

Dès qu’Amable fut seule avec Charles dans la voiture, elle versa un torrent de larmes.

— Amy ! lui dit-il, était-ce un trop grand effort ?

— Non, dit-elle en se remettant, je suis heureuse ; c’était son plus grand désir. À présent, tous ses vœux sont accomplis.

— Et vous êtes délivrée d’un grand souci. Désormais Laura soignera Philippe ; il ne vous restera que votre fille, et nous allons commencer notre vie de famille.

Amable sourit.

— Amy, je voudrais être sûr que vous êtes heureuse.

— Je le suis, Charles, croyez-moi. Vous êtes tous si bienveillants pour moi, et c’est une si grande bénédiction, que je sois recueillie avec mon enfant sous le toit paternel ! Vous savez quelle douceur c’était pour lui de me rendre à vous.

— Vous n’êtes donc pas heureuse uniquement parce que vous croyez devoir l’être ?

— Non, certainement. Ne dois-je pas être heureuse en me souvenant qu’il l’a été ? Et, quand je vois tous les soucis qui accablent Philippe, puis-je les regretter pour Walter ? Ne vaut-il pas mieux qu’il n’ait eu de la vie que sa fraîcheur et sa beauté ? Nous avons été heureux ensemble ; maintenant, j’ai le plaisir et l’honneur de porter son nom, et la consolation d’élever notre enfant. Oh ! Charles, je dois être heureuse !… je le suis ; croyez-le. Avec vous et mes parents, et tous les autres encore ! Ne vous figurez plus que je m’afflige en secret ; je sais qu’il est heureux, et son souvenir me rend doublement précieux les biens qui me restent.

— Oui, dit-il en contemplant sa figure animée, et dont l’expression rappelait plus que jamais celle de son mari, oui, Amy, je crois que vous êtes heureuse, et que rien, dans ce monde, ne pourra détruire votre paix.

— Rien que mes fautes, rien d’autre ne peut me séparer de lui.

— Il avait en effet le don de répandre la joie et la paix sur ses alentours, dit Charles d’un air pensif. Amy, je ne sais si vous devez à votre époux autant que je lui dois. Vous étiez bonne à quelque chose avant de l’avoir connu ; mais moi, quand je me rappelle ce que j’étais avant son arrivée, je me dis qu’il m’a fait entrer dans une meilleure voie. Quel être misérable je serais à présent sans lui ! Mais grâce au rayon céleste dont il m’a éclairé, je suis plus heureux, en vérité, que si j’avais de bonnes jambes comme tout le monde !

— Plus heureux ?

— Oui ; personne n’est aussi choyé que moi, personne n’a moins de soucis. Personne n’a une maman pareille, sans parler de ma petite Amy, de Charlotte et de miss Morville. Et quant à ce qui en est de n’être bon à rien, comme je m’en désolais autrefois… Eh bien, quand le député de Moorworth gouvernera le pays, moi, je gouvernerai le district de Moorworth !

— Vous nous avez été toujours très utile à tous, répondit Amable. Ni papa, ni Philippe ne peuvent se passer de votre aide pour écrire. Et puis je compte sur votre secours quand ma fille grandira !

— Est-ce là le résultat de vos réflexions sur ce gros livre d’éducation que je vous voyais tenir l’autre jour ? Pourquoi ne demandez-vous pas des avis à madame Henley ?

Amy se mit à rire comme elle riait autrefois.

— Il est donc certain que vous demeurerez avec nous ?… Ce n’est pas que je me sois figuré vous voir établie de notre côté, ma petite Amy ; mais il faut décider, ce me semble, quels arrangements seront pris au sujet d’un personnage aussi important que lady Morville.

— Oui. il vaut mieux nous entendre, dit Amable. Papa comprendra que je ne puis redevenir une jeune fille ; Charlotte ira dans le monde avec lui, pour jouer le rôle de mademoiselle Edmonstone ; elle nous fera honneur à tous par son esprit et sa jolie figure. Moi, j’élèverai ma fille, je remplacerai Laura à l’école, et je n’aurai pas besoin de voir du monde : quel soulagement ! Et c’est là justement ce que Walter aurait désiré.


Telle fut dès lors la vie d’Amable Morville. On peut deviner aussi quelle fut celle de Philippe et de Laura. Philippe se distingua par ses talents et ses vertus, et devint l’un des hommes les plus honorés de son pays. On le regardait en général comme comblé des faveurs de la fortune, puisqu’il était dans une position si différente de celle à laquelle il pouvait s’attendre au commencement de sa carrière, et toute sa famille était fière de lui. Cependant son existence était extrêmement fatigante et laborieuse, et Laura, partagée entre les soins qu’exigeaient la santé délicate de son mari et les soucis d’une maison où l’on devait recevoir beaucoup de monde, avait peu de temps pour goûter les plaisirs de la vie domestique et pour s’occuper de ses enfants, qu’elle connaissait plus par les observations de sa sœur que par les siennes propres. Aussi malgré l’affection tendre et dévouée qu’ils conservèrent toujours l’un pour l’autre, on s’étonnait quelquefois de voir Philippe continuellement grave et mélancolique. Mais il y eut quelqu’un qui ne put jamais comprendre pourquoi les autres le trouvaient froid et sévère, et pourquoi ses propres enfants n’avaient pour lui qu’une affection craintive et respectueuse, quelqu’un à qui il montra toujours une indulgence extrême et une tendresse presque respectueuse… c’était Mary Verena Morville.



fin.