Librairie de Ch. Meyrueis et Comp. (Volume 1p. 199-212).


CHAPITRE XIV.


Le mensonge fait des progrès maintenant,
Et la foi, vaincue, se retire.
Cela ne serait pas, si la raison régnait,
Et si la sagesse tissait la toile.
La fille des disputes,
Que la discorde sème,
Ne gagnera rien et ne moissonnera rien où une règle ancienne
Instruit la paix à cultiver.

(La reine Elisabeth.)


Saint-Mildred, le 4 août.

« Mon cher Philippe, je vous remercie des livres que vous m’avez renvoyés par M. Walter. Je suis fâchée que vous ne les appréciiez pas autant que moi. Je croyais qu’avec votre bon sens habituel vous auriez reconnu que l’habitude de raisonner d’après des faits, et de ne rien accorder sans preuves, était le meilleur remède contre cette tendance romanesque et rêveuse à la faiblesse et à la crédulité, que l’on appelle poésie et foi. Il est curieux d’observer à quelles absurdités conduisent ces théories, quand on les met en pratique. Il y a ici deux demoiselles Wellwood, filles de cet infortuné qui succomba dans un duel contre le vieux M. Morville ; elles semblent faire tout leur possible pour se rendre ridicules. Elles élèvent chez elles de pauvres enfants d’une telle manière qu’elle ne les préparent pas du tout pour leur position, et elles leur font suivre des règles aussi sévères que dans un couvent. Elles fatiguent les malades de l’hôpital à force de leur parler : elles vont visiter les pauvres à des heures indues. Le docteur Henley a même trouvé l’une d’elles à minuit dans un logis rempli de gens du plus mauvais caractère. Elles sont cependant encore jeunes, et n’ont ni mère ni aucune personne âgée auprès d’elles pour les diriger. Mais c’est la mode de les admirer parmi la congrégation de la nouvelle chapelle ! — Ce sujet m’a empêchée de commencer ma lettre par ce que j’ai à vous dire du jeune baronnet. Ce que j’en ai vu s’accorde avec votre description, mais je m’attendais à ce qu’un Morville de Redclyffe tiendrait davantage du héros de roman, ou du personnage tragique, comme c’était le cas avec son père, qui était aussi beaucoup plus grand et plus beau que lui. M. Walter est certainement très comme il faut, et plaît par sa vivacité. Je lui crois des talents, mais il me semble superficiel, et sa manie pour la musique le détournera des choses sérieuses. Malgré tout ce que vous m’aviez dit de son impatience naturelle, j’étais loin de m’attendre à la voir si près de se montrer à la moindre provocation. C’est marcher sur un volcan que de vivre avec lui. Je l’ai vu deux ou trois fois se redresser, mordre ses lèvres, et répondre avec une sécheresse qui montrait combien est mince la croûte solide qui recouvre la lave brûlante. Mais il est extrêmement poli et attentif, et parle de ce qu’il vous doit de la manière la plus convenable. J’espère que sa grande fortune ne le gâtera pas ; je crois que notre bonne tante de Hollywell a contribué pour beaucoup à lui donner une bonne opinion de lui-même. Nous serons avec lui aussi polis que possible, et nous lui procurerons l’avantage de voir chez nous une société éclairée. On lui fait parvenir ses lettres ici, parce que la ferme de South-Moor n’est pas dans le rayon connu de la poste. Il me semble qu’il a une correspondance très active avec Hollywell, et la lettre d’un tuteur fut rarement lue avec une émotion aussi visible que celle qu’il éprouva en ouvrant la dernière de mon oncle. Il m’a dit qu’il a été voir Stylehurst. Je suis fâchée pour lui que le colonel Harewood soit chez lui ; ses fils ne sont pas une société bien désirable, et cependant je ne pourrais pas facilement en offrir une plus attrayante que celle de Tom et d’Edward Harewood à un jeune homme. Ils viendront à Saint-Mildred pour les courses de chevaux. On dit que Tom a fait de nouvelles sottises à Cambridge.

« Votre sœur affectionnée,
« Marguerite Henley. »


Saint-Mildred, le 6 septembre.

« Personne ne craint plus que moi de répéter des choses qui puissent faire du tort à quelqu’un ; c’est pourquoi je vous laisse parfaitement libre de faire l’usage que vous voudrez de ce que je vais vous communiquer. M. Walter Morville est venu plusieurs fois à Saint-Mildred avec Tom Harewood, et d’autres fois il y est venu seul, ou accompagné de personnages étrangers qui avaient fort mauvaise façon. De plus, il y a quelques jours, ma femme de chambre l’a rencontré dans une des rues basses, sortant d’une maison dans laquelle il ne pouvait avoir aucune bonne raison d’être allé. Tout ceci cependant pouvait être accidentel, et je ne vous en aurais pas parlé, mais puis-je me taire après ce qui m’est arrivé ce matin ? J’avais quelque chose à faire chez M. Grey, le banquier, et, pendant que je lui parlais, un homme connu pour un joueur, entra et présenta un billet à ordre qu’on lui paya. Comme il le posait sur la table, je reconnus la signature : c’était celle de mon oncle. Je regardai encore, croyant m’être trompée, mais je vis bien cette fois que c’était un billet à ordre de 30 liv. st., sur Drummond, daté du 12 août, pour M. Walter Morville, signé C. Edmonstone, et endossé de la main même de M. Walter, avec le nom de John White. Pour être plus sûre que je ne me trompais pas sur le caractère de cet homme, je demeurai jusqu’à ce qu’il fût parti, et je demandai à M. Grey qui il était. Il me répondit que c’était un nommé Jack White, une espèce de jockey qui fréquente toutes les courses de chevaux du pays, et gagne sa vie en pariant et en jouant. Et maintenant, mon cher frère, faites l’usage que vous voudrez de ce que je viens de vous dire. Mais je crains bien qu’il ne soit déjà trop tard pour arracher ce malheureux jeune homme à la passion fatale qui a été si funeste à toute sa famille. Il faut que cette disposition soit bien forte chez lui, puisque l’éducation sévère qu’il a reçue n’a pas réussi à la détruire. Je confie tout ceci à votre jugement, vous priant seulement de ne pas mettre mon nom en avant, car je serais fâchée d’être la première à apporter cette fatale nouvelle qui fera tant de peine à Hollywell.

« Votre sœur affectionnée,
« Marguerite Henley. »


Le capitaine Morville était seul quand il reçut la dernière de ces lettres. Une expression mêlée d’ironie et de mélancolie passa sur sa figure quand il lut les premières lignes. Arrivé à des faits plus positifs, il parut triomphant. N’avait-il pas prédit juste ? Mais ces nuances firent bientôt place à la sévère rigidité d’un juge. Il parcourut la lettre une seconde fois, la plia et la mit dans sa poche. Le lendemain il prit un billet pour Broadstone, où il alla par le chemin de fer afin de voir son oncle, qui devait s’y trouver pour la session. En effet, il le rencontra devant le bureau de poste, ouvrant une lettre qu’il venait de recevoir.

— Ah ! Philippe, qu’est-ce qui vous amène ? J’ai justement besoin de vous. Viendrez-vous à Hollywell ?

— Non, merci, je m’en retourne ce soir, répondit Philippe.

Et, comme il parlait, il remarqua que la lettre tenue par M. Edmonstone était de la main de Walter.

— Bien ! je suis cependant fort aise de vous avoir rencontré. Voici bien la chose la plus extraordinaire !… Je ne puis comprendre ce qui est arrivé à ce jeune homme. Voilà Walter qui m’écrit pour me prier de lui envoyer mille livres.

— Quoi ! s’écria Philippe surpris. Et il ne donne aucune explication ?

— Pas une. Tenez, lisez vous-même,… ou plutôt,… oui, lisez, ajouta M. Edmonstone, en jetant un coup d’œil rapide sur la fin de la lettre.

Philippe lut :


South Moor, le 7 septembre.


« Mon cher Monsieur Edmonstone !

« Vous serez surpris de la demande que je vais vous faire, après avoir résolu de ne pas dépasser ma pension. Au reste ceci n’est pas pour moi-même, et c’est la seule fois que je vous ferai une demande pareille. Je serais bien reconnaissant que vous me fissiez parvenir 1, 000 livres le plus tôt possible, et de la manière qui vous conviendra le mieux. Je suis fâché de ne pouvoir vous dire ce que j’en veux faire, mais j’ai confiance en votre bonté. Dites à Charles que je lui écrirai dans un jour ou deux ; c’est que, entre le travail et nos courses à Saint-Mildred, où il faut que nous allions chercher nos lettres, il reste peu de temps pour écrire. Mais dans un mois nous serons en vacances ! Dites à Amy que je voudrais qu’elle pût voir ici les collines empourprées par les rayons du soleil matinal ; cela vaut presque la mer. Les courses de chevaux rendent Saint-Mildred fort gai, et nous rions de Wellwood, qui nous a amenés ici pour être tranquilles. Je ne crois pas qu’il y ait sur la terre un lieu où l’on soit plus exposé à perdre son temps.

« Votre très affectionné
« Walter Morville. »


— Eh bien ! que pensez-vous de ceci ? Que feriez-vous à ma place, Philippe ? demanda M. Edmonstone en tourmentant sa cravache et en observant la figure de son neveu, qui semblait peser chaque ligne de la lettre.

— La place n’est pas convenable pour un entretien de ce genre, dit enfin Philippe. Venez au cabinet de lecture, nous n’y trouverons personne à cette heure.

— Eh bien ! reprit encore M. Edmonstone avec impatience, dès qu’ils furent arrivés. Que pensez-vous de cela ? Ce n’est pas un jeune homme comme celui-là qui aurait fait des sottises ?…

— J’ai peur que sa demande ne confirme une chose que l’on m’a rapportée de lui.

— Qui ? votre sœur ? A-t-elle appris quelque chose ?

— Oui ; mais je n’avais pas trop envie de vous en parler, parce qu’elle me demande de ne pas la nommer dans cette affaire. Je suis donc venu exprès pour voir si Walter vous aurait écrit, et s’il serait nécessaire que je parlasse. Mais je vous prie d’abord de ne pas nommer ma sœur, pas même à ma tante.

— Très bien, très bien, je vous le promets. Dites seulement.

— Il paraît que le jeune Harewood l’a conduit dans de mauvaises sociétés, et l’a poussé à jouer.

Philippe était loin de s’attendre à l’effet que ces mots allaient produire. Son oncle se leva soudain en s’écriant :

— Jouer ! Impossible ! C’est une calomnie, je n’en crois pas un mot.

Et il se promenait violemment par la chambre. Philippe attendit patiemment qu’il se calmât : ce qui ne tarda pas, en présence du sang-froid de son neveu.

M. Edmonstone se rassit et continua son raisonnement avec plus de modération.

— C’est impossible. Souvenez-vous qu’il ne se croit pas seulement libre de toucher une queue de billard.

— Je ne le croirais pas non plus, si je ne savais qu’on peut éluder de mille manières une promesse inconsidérée. Des principes solides sont le seul gage sur lequel on puisse compter.

— Des principes ! Je voudrais savoir qui a de meilleurs principes que Walter. Vous l’avez reconnu vous-même cent fois, ainsi que votre tante et Charles. Je me défierais plutôt de moi-même !

Il s’échauffait de nouveau, et dit à Philippe :

— Je ne crois rien sans preuves. Donnez-moi les vôtres, car c’est à peine si je croirais mes propres yeux contre lui.

— Il est triste de placer si mal sa confiance, répondit Philippe. Je voudrais bien me tromper, mais cette demande extraordinaire ne s’accorde que trop avec ce que ma sœur m’écrit.

— Voyons donc, demanda faiblement M. Edmonstone.

Philippe lut une partie de la lettre de sa sœur, sautant seulement les expressions et les phrases qui auraient pu la présenter comme une faiseuse de cancans. Ainsi cette pièce n’en parut que plus digne de foi au pauvre M. Edmonstone. Les preuves étaient si évidentes qu’il en demeura muet, et il y eut un long silence qu’il rompit enfin en disant :

— Qui l’eût cru ! Pauvre petite Amy !

— Amy ? s’écria Philippe.

— Comment ?… C’est vrai… je ne voulais pas en parler, balbutia M. Edmonstone, honteux de son imprudence. C’est entre eux qu’ils ont arrangé cela, en mon absence, je n’ai pu refuser mon consentement.

— Comment ! lui avez-vous promis Amable ?

— Non pas exactement,… cela dépend de sa conduite, vous comprenez ?… J’étais à Broadstone, et la maman a arrangé cela. La pauvre petite l’aime beaucoup ; mais il faudra que cela finisse !

— Il est heureux que nous ayons découvert ceci à temps, dit Philippe, et loin de la plaindre, il faut nous féliciter.

— Oui ! dit M. Edmonstone, d’un air fâché. Qui l’aurait cru !

— Je crains que le mal ne soit plus ancien que nous ne le soupçonnons, dit encore Philippe, résolu de sauver Amy. Il pourrait difficilement avoir perdu autant dans le mois qu’il a passé à Saint-Mildred. Il ne vous avait jamais demandé d’argent ?

— Il avait toujours été satisfait de sa pension, et ne m’a jamais rien demandé de plus, excepté ces 30 livres pour payer son maître et quelques frais à Saint-Mildred.

— Mais vous savez qu’il avait toujours l’air d’être à court d’argent et de ne pouvoir s’accorder aucun petit surcroît de dépense. Puis vous vous souvenez de sa réserve sur son séjour à Londres, où il est resté plus longtemps que vous ne l’auriez voulu. Sans doute le mal a commencé là, sous la direction de son oncle, et, à présent, Tom Harewood continue à l’entraîner aux courses de Saint-Mildred.

— Je voudrais qu’il n’y eût jamais mis les pieds !

— Pour le bien d’Amy, si ce n’est pour le sien, il vaut mieux qu’il ait été démasqué. Jusqu’à présent il avait réussi à vous cacher sa conduite ; mais il s’est enfin mis dans l’embarras. Vous voyez qu’il n’ose vous dire que vous pourriez approuver l’usage qu’il compte faire de cet argent.

— C’est vrai, il n’en a pas l’audace.

— Ceci est pire que je ne m’y attendais ; je l’aurais bien cru étourdi et imprudent, mais non pas trompeur, au point de chercher à gagner le cœur d’Amy, au moment où sa conduite était si condamnable.

— Ah ! s’écria M. Edmonstone complètement hors de lui, voilà ce qui est monstrueux ! M. Walter vous avez cru que vous aviez affaire à un vieux tuteur, qui serait assez bête pour donner sa fille à un mauvais sujet ! Mais vous verrez quel cas je fais de votre rang, de votre fortune, de votre Redclyffe ! Je vais lui écrire comme il le mérite !

— Soyez prudent, dit Philippe. Souvenez-vous de sa violence naturelle !

— Prudent ! quand il a traité ma fille de la sorte !

— S’il avait quelques explications à donner.

— Des explications ! après les preuves que madame Henley a données ! Non ! je vais lui écrire sur-le-champ, et lui dire que je sais tout. Aidez-moi seulement, car je ne sais ce que je fais !

Philippe était bien aise d’assister à la rédaction de la lettre, et de seconder son oncle dans ce travail, pour qu’il ne trahît pas imprudemment sa sœur. Après avoir commencé et déchiré plusieurs lettres, M. Edmonstone écrivit enfin ce qui suit, sous la direction de son neveu :

« Votre lettre de ce matin m’a causé plus de peine que de surprise, et a seulement confirmé des informations qui m’étaient déjà parvenues. Je sais que, soit par faiblesse de caractère, soit par une disposition naturelle, vous vous êtes laissé entraîner à jouer. De là sans doute proviennent les difficultés qui vous forcent à me demander de l’argent. Je suis fâché de découvrir que ni les principes qui semblaient vous diriger, ni vos sentiments pour une personne de ma famille, n’aient eu le pouvoir de vous arrêter sur cette pente fatale. »

— Est-ce là tout ce que je dois dire d’elle ? s’écria M. Edmonstone.

— Puisque, heureusement, il n’y a pas d’engagement, il n’y a rien à rompre. Puis, il ne faut pas lui donner lieu de se dire injustement traité. Demandez-lui d’abord de se justifier s’il le peut. S’il ne le peut, pas, il sera temps d’aller plus loin. Mais attendez, attendez. Vous ne lui avez pas encore dit de quoi vous l’accusiez.

Philippe médita un moment, puis il dicta une nouvelle phrase :

« Je ne puis deviner depuis quand vous êtes entré dans cette mauvaise voie : j’aimerais à croire qu’il n’y a pas longtemps, mais alors comment auriez-vous déjà besoin d’une somme si considérable ? Il faudrait que vous fussiez allé bien vite. Il serait inutile que je vous présentasse à présent les raisons qui auraient dû vous détourner de jouer. Je ne puis que vous exhorter à vous arrêter et à considérer la ruine où conduit ce vice abominable, et, en ma qualité de tuteur, je ferai tout ce qui dépendra de moi pour vous aider à vous relever. Mais, en revanche, j’exige une entière confiance de votre part et surtout que vous me disiez exactement pourquoi vous avez besoin d’une somme si considérable. Rappelez-vous, vous dis-je, qu’une parfaite franchise pourra seule vous tirer de ces difficultés, et vous faire regagner, en partie, la bonne opinion que j’avais de vous. »

Jusqu’ici la lettre avait avancé lentement, car Philippe la composait avec soin ; et, pendant qu’il réfléchissait mûrement, M. Edmonstone écrivait quelque phrase peu mesurée qui obligeait de tout recommencer. Enfin l’horloge sonna cinq heures et Philippe tressaillit ; s’il n’était pas à l’embarcadère dans cinq minutes il manquerait le train. Il promit de venir à Hollywell dès qu’on aurait une réponse, et, satisfait de voir deux pages remplies, il déclara que la lettre n’avait plus besoin que d’être signée, pliée et expédiée.

Cependant M. Edmonstone avait encore une page à son service, et ce fut avec un sentiment de liberté qu’il ajouta :

« Je désire de tout mon cœur que vous puissiez vous disculper. Quand vingt personnes seraient venues me l’assurer avec serment, je ne vous aurais pas cru capable de reconnaître comme vous l’avez fait la manière dont nous vous avons traité à Hollywell, ni de prétendre à la main de ma fille avec un tel poids sur la conscience. Non, je ne l’aurais pas cru sans les preuves que Philippe m’a apportées, et qui l’affligeaient autant que moi-même. Dites-moi seulement la vérité, et je vous aiderai à sortir de ce mauvais pas. Quoique d’autres relations doivent cesser entre nous, je n’en suis pas moins toujours votre tuteur, et mon intention n’est pas de vous traiter avec sévérité. »

Il mit la lettre à la poste, monta son grand cheval et revint à la maison, le cœur oppressé et rempli d’indignation. Il trouva Amy si gaie et si paisible qu’il ne put prendre sur lui de l’attrister, et il se persuada qu’il n’était pas nécessaire de parler de ses soupçons avant la réponse de Walter. Il ne les confia qu’à sa femme, qui, croyant Walter incapable de jouer, n’eut pas le moindre doute qu’il ne se disculpât aisément, et fut aussi d’avis qu’il valait mieux ne parler de rien pour le moment.