G. Charpentier (p. 298-312).

XXI

MADAME DEVINOL


« Monsieur Vingtras, quand Jacques sera premier, je l’emmènerai au théâtre avec moi.

Voulez-vous ? »

C’est madame Devinol qui demande cela. Elle a un fils dans la classe de mon père, qui est un cancre et un bouzinier. Si M. Devinol n’était pas un personnage influent, riche, on aurait mis le moutard à la porte depuis longtemps.

Mais sa mère est distinguée, un peu trop brune peut-être, les yeux si noirs, les dents si blanches ! Elle vous éclaire en vous regardant. Elle vous serre les mains quand elle les prend. C’est doux, c’est bon.

« Pourquoi deviens-tu rouge ? me demanda-t-elle brusquement. »

Je balbutie, et elle me tape sur la joue en disant :

« Voyez-vous ce grand garçon !… Oui, je l’emmènerai au théâtre chaque fois qu’il sera premier. »

Cela flatte mon père qu’on me voie dans la société d’une si importante personne, mais cela étonne beaucoup ma mère.

« Vous n’avez pas peur qu’il vous fasse honte ?

— Honte ! — Mais savez-vous qu’il a de la tournure, votre fils, un petit mulâtre, et qui marche comme un soldat !

— Il a un bien gros ventre ! dit ma mère. On ne le dirait pas… mais Jacques a beaucoup de ventre. »

Moi, du ventre ! Je fais des signes de protestation.

« Oui, oui, c’est comme ça, peut-être moins maintenant, mais tu as eu le carreau, mon enfant. (Se tournant vers madame Devinol.) Je dissimule ça par la toilette. »

Madame Devinol sourit en me regardant.

« Moi, il me plaît comme il est. Veux-tu prendre ton chapeau, mon ami, et m’accompagner ?

Quel chapeau ? Le gris ? Celui des classes moyennes, qui me fait ressembler à Louis-Philippe ?

Ma mère consent à me laisser sortir avec ma casquette.

J’ai par hasard un habit assez propre, gagné à la loterie. Il y avait une tombola. Une maison de confection avait offert un costume ; ma mère avait pris un numéro au nom de son enfant.

Le numéro est sorti.

« Tu le vois, mon fils, la vertu est toujours récompensée.

— Et ceux qui n’ont pas gagné ?

— Les desseins de Dieu sont impénétrables. Ce n’est pas tout laine, par exemple. »


Madame Devinol m’emmène.

« Donne-moi ton bras, pas un petit bout de rien du tout… Comme ça, là ; très bien ! Je puis m’appuyer sur toi ; tu es fort. »

Je ne sais pas comment je n’éclate pas brusquement, d’un côté ou d’un autre, tant je gonfle et raidis mes muscles pour qu’elle sente la vigueur du biceps.

« Et maintenant, dis-moi, il y a donc une histoire sur ce chapeau gris ? Et puis, tu as eu le carreau ; tu as bien des choses à me conter ! »

Je perds contenance, je rougis, je pâlis. Ah ! bah ! tant pis ! Je lui conte tout.

Elle rit, elle rit à pleine bouche, et elle se trémousse à mon bras en disant :

« Vrai, la polonaise, le gigot ! »

Et ce sont des ah ! ah ! sonores et gais comme des grelots d’argent.

Je lui ai dit mes malheurs.

J’ai jeté mon chapeau gris par-dessus les moulins, et je lui ai dévidé mon chapelet avec un peu de verve ; je crois même que je l’ai tutoyée à un moment ; je croyais parler à un camarade.

« Ça ne fait rien, va, a-t-elle dit en s’apercevant de ma peur. Je te tutoie bien, moi. Vous voulez bien qu’on vous tutoie, Monsieur ? C’est que je pourrais être ta maman, sais-tu ? »

Fichtre ! comme j’aurais préféré ça !

« Je suis une vieille… Me trouves-tu bien vieille, dis ? »

Elle me regarde avec des yeux comme des étoiles.

« Non, non.

— Tu me trouves jolie ou laide ? Tu n’oses pas me répondre ? C’est que tu me trouves laide alors, trop laide pour m’embrasser…

— Non… mais non !..

— Eh bien ! embrasse-moi donc, alors… »


Elle me mène au spectacle chaque fois que je suis premier, comme c’est convenu.

Il y a un mois que nous nous connaissons.

« Tu aimes à venir avec moi ? me demanda-t-elle un jour.

— Oui, Madame, moi j’aime bien le théâtre, je me plais beaucoup à la comédie. »


Une fois, à Saint-Étienne, on m’avait mené voir les Pilules du Diable ; j’étais sorti fou, et je n’avais fait que parler, pendant deux mois, de Seringuinos et de Babylas. C’était des drames, maintenant ; quelquefois de l’opéra. Il n’y avait plus tant de décors ! Mais, comme je prenais tout de même à cœur la misère des orphelins, les malheurs du grand rôle ! Et les Huguenots, avec la bénédiction des poignards ! La Favorite, quand mademoiselle Masson chantait : « Ô mon Fernand ! »

Elle dénouait ses cheveux, tordait ses bras :


Ô mon Fernand, tous les biens de la terre !


Elle disait cela avec son âme, et comme si elle était une de ces chrétiennes dont on nous racontait le martyre au collège. Mais ce n’était pas le ciel qu’elle priait, c’était un grand brun, qui avait une moustache noire, des bottes molles.

Ce n’était donc pas pour le bon Dieu seulement qu’on soupirait fort et qu’on tournait les yeux !


Oh ! viens dans une autre patrie !
Viens cacher ton bonheur…


Mes jambes tremblaient, et mon col se mouillait sur ma nuque ; — la mère Vingtras disait que ces soirées, c’était la mort du linge.


Même avant que le rideau fût levé, je me sentais grandi et pris d’émotion.

J’ouvrais les narines toutes larges pour humer l’odeur de gaz et d’oranges, de pommades et de bouquets, qui rendait l’air lourd et vous étouffait un peu. Comme j’aimais cette impression chaude, ces parfums, ce demi-silence !… ce froufrou de soie aux premières, ce bruit de sabots au paradis ! Les dames décolletées se penchaient nonchalamment sur le devant des loges ; les voyous jetaient des lazzis et lançaient des programmes. Les riches mangeaient des glaces ; les pauvres croquaient des pommes ; il y avait de la lumière à foison !

J’étais dans une île enchantée ; et devant ces femmes qui tournaient la traîne de leurs robes, comme des sirènes dans nos livres de mythologie tournaient leur queue, je pensais à Circé et à Hélène.

Il y avait le gémissement du trombone, le pleur du violon, le pchhh des cymbales, en notes sourdes comme des chuchotements de voleur, quand les musiciens entraient un à un à l’orchestre, et essayaient leurs instruments.


Lorsque mademoiselle Masson était en scène, j’oubliais que madame Devinol était là.

Elle s’en apercevait bien.

« Tu l’aimes plus que moi, n’est-ce pas ?

— Non !… oui !… je l’aime bien. »


Madame Devinol était venue me prendre un peu plus tôt, certain jour, pour faire un tour, et nous flânions près du théâtre.

Nous croisons une dame en chemin.

« La reconnais-tu ?

— Qui ?

— Cette femme, là-bas, qui passe près du café, avec un mantelet de soie. »

Je regarde.

« Mademoiselle Masson ? »

Je ne suis pas encore bien sûr.

« Oui, mon Fernand, » fit Madame Devinol en riant…

Quelle désillusion ! Elle avait presque la figure d’un homme, puis trop de choses au cou : un fichu, une dentelle, un boa, — je ne sais quoi aussi en poil ou en laine, qui pendait à sa ceinture, trop gros, et elle relevait mal sa jupe.

« Eh bien ! » me dit madame Devinol.

À ce moment même, le directeur du théâtre passa et salua l’actrice qu’il vit la première, madame Devinol ensuite.

Elles répondirent à son salut : l’actrice comme tout le monde, madame Devinol avec une inclination de tête, et un jeu de paupières qui lui donnèrent une petite mine de religieuse, mais si jolie, et un air fier, mais si fier !

Le directeur disparu, elle s’appuya de nouveau sur mon bras.

« Eh bien ! l’aimes-tu toujours mieux que moi ?

— Oh ! non ! par exemple !

— Il dit cela de si bon cœur ! grand gamin, va ! On me préfère alors ? »


Quand je suis dans sa baignoire, elle me fait asseoir près d’elle, tout près.

« Encore plus près. Je te fais donc peur ? »

Un peu.


Comme je bûche mes compositions, maintenant !

De temps en temps je rate mon affaire tout de même. Je ne suis pas premier.

Oh ! une fois ! en vers latins !

On nous avait donné à raconter la mort d’un perroquet. J’ai dit tout ce qu’on pouvait dire quand on a à parler d’un malheur comme celui-là : que jamais je ne m’en consolerais, que Caron en voyant passer la cage — cercueil aujourd’hui, — en laisserait tomber sa rame, que d’ailleurs j’allais l’ensevelir moi-même ! — triste ministerium — et que nous verserions des fleurs. Manibus date lilia plenis.

Dans un vers ingénieux, je m’étais écrié : « Maintenant, hélas ! vous pouvez planter du persil sur la tombe ! »

Le professeur a rendu hommage à ce dernier trait, mais je ne dois passer qu’après Bresslair, dont l’émotion s’est encore montrée plus vive, la douleur plus vraie. Il a eu l’idée, comme dans les cantiques, de mettre un refrain qui revient :


Psittacus interiit ! Jam fugit psittacus, eheu !


Eheu, quatre fois répété ! je ne puis pas crier à l’injustice. Oh ! c’est bien !

Je ne suis que second, et je n’irai pas au théâtre. C’est à s’arracher les cheveux : et je m’en arrache. Je les mets même de côté. Qui sait ?

Ils sont gras comme tout, par exemple ! Car je me pommade, maintenant. J’ai soin de moi. Je me rase aussi. Je voudrais avoir de la barbe.


Mon père cache ses rasoirs. J’ai pris un couteau que je fourre sous mon matelas, parce qu’il a le fil tout mince et tout bleu. Je l’ai usé à force de frotter sur la machine.

Le matin, au lever du soleil, je le tire de sa retraite, et je me glisse, comme un assassin… dans un lieu retiré.

Je ne suis pas dérangé. Il est trop tôt !

Je puis m’asseoir.

J’accroche un miroir contre le mur, je fouette mon savon, je fais tous mes petits préparatifs, et je commence.

Je racle, je racle, et je fais sortir de ma peau une espèce de jus verdâtre, comme si on battait un vieux bas.


J’attrape des entailles terribles.

Elles sont souvent horizontales — ce qui fait beaucoup réfléchir le professeur d’histoire naturelle, qui demeure au second, et qui me prend la tête quand il a le temps.

« Ou cet enfant se penche de côté exprès, pour que le chat puisse l’égratigner, ce qui n’est pas dans la nature humaine… »

Il s’arrête pensif et m’interroge.

« Te penches-tu pour qu’il t’égratigne ?

— Quelquefois. (Je dis ça pour me ficher de lui.)

— Pas toujours ?

— Non, M’sieu.

— Pas toujours ! — C’est donc les mœurs du chat qui changent… Après avoir été donné, pendant des siècles, de haut en bas, le coup de patte est donné maintenant de droite à gauche… Bizarrerie du grand Cosmos ! métamorphose curieuse de l’animalisme ! »

Il s’éloigne en branlant la tête.


Nous étions au théâtre. Madame Devinol me dit :

« Tu as l’air tout drôle aujourd’hui. Qu’as-tu donc ? Tu es fâché ?… »


Fâché ! elle croit que je puis être fâché contre elle, moi qui ai quinze ans, des lacets de cuir, qui ai un pensum à faire pour demain, moi l’indécrottable.

Je ne suis pas fâché. Mais je me suis, hier, presque coupé le bout de nez en me rasant, et j’ai une petite place rose comme une bague.

Je dirai tout de même : je suis fâché !

C’est commode comme tout. J’ai un prétexte pour lui tourner le dos et cacher mon nez.


Je m’arrangeai pour n’être pas premier, tant que la cicatrice fit anneau, et pour n’être pas là quand elle venait à la maison. Enfin, il ne resta qu’une petite place blanche d’un côté. Je pus lui parler de profil.

Quelles soirées !

Nous revenons du théâtre ensemble et tout seuls quelquefois. Son mari ne s’occupe point d’elle, il est toujours au Café des acteurs, où l’on fait la partie après le spectacle. C’est un joueur. Elle prend mon bras la première, et elle le presse. Elle languit contre moi. Je sens depuis son épaule jusqu’à ses hanches. Il y a toujours une de ses mains qui me touche la main ; le bout de ses doigts traîne sur mon poignet entre ma manche et mon gant.

Arrivés à sa porte, nous revenons sur nos pas, et nous recommençons ce manège jusqu’à ce qu’elle se dégage elle-même d’un geste lent et sans me lâcher.

« Tu me retiens toujours si longtemps… »

Moi ! Mais je ne l’ai jamais retenue, j’ai même été si étonné le premier jour où, au lieu de rentrer, elle a voulu se promener encore et rôder en chatte sur le trottoir, où sonnaient ses bottines ! Elle relevait sa robe et je voyais le chevreau qui moulait sa cheville, en se fronçant quand elle posait son petit pied ; elle avait un bas blanc, d’un blanc doré comme de la laine, un peu gras comme de la chair.

Elle s’arrêta deux ou trois fois.

« Est-ce que je n’ai pas perdu mon médaillon ? »

Elle cherchait dans son cou mat, et elle dut défaire un bouton.

« Tu ne le vois pas ? dit-elle. — Oh ! il aura glissé ! »

Ses doigts tournaient dans sa collerette, comme les miens dans ma cravate quand elle serre trop.

« Aide-moi… »

Au même moment le médaillon jaillit et brilla sous la lune.

On aurait dit qu’elle en était furieuse.

« Tu as perdu quelque chose aussi, fit-elle, d’une voix un peu sèche, en voyant que je me baissais.

— Non, je lace mes souliers. »

Je lace toujours mes souliers parce que les lacets sont trop gros et les œillets trop petits, puis il y a une boutonnière qui a crevé.


« Jacques, si tu es premier pour le second samedi du mois, je t’emmènerai à Aigues-la-Jolie. Je dirai à mon mari que je vais chez la nourrice de Joséphine, et nous partirons pour la campagne tous les deux, en garçons. Nous mangerons des pommes vertes dans le verger, et puis des truffes dans un restaurant. »

Des truffes ? Ah ! j’ai besoin de lacer mes souliers !

J’ai entendu parler des truffes une fois par un ami de mon père, devant ma mère qui a rougi.


Je suis premier, parbleu !

J’ai accouché d’une poésie latine qui a soulevé de l’admiration.

« Ne croirait-on pas entendre le gallinacé ? » a dit le professeur.

Il s’agissait encore d’un oiseau, — d’un coq.

Et j’avais fait un vers qui commençait :

Caro, cara canens (harmonie imitative.)

Nous irons donc à la campagne, comme c’est convenu.


Nous nous trouverons dans la cour de l’auberge où est la diligence pour Aigues. Le conducteur achève d’habiller les chevaux.

Je m’étais caché au coin de la rue pour la voir venir, et je ne suis arrivé qu’après elle ; j’avais peur de rester là tout seul. Si l’on m’avait demandé ? « Qui attendez-vous ? »

Elle m’a dit qu’il faudrait l’appeler « ma tante » devant le monde. Elle m’a dit cela hier, et elle me le répète aujourd’hui, en montant dans la voiture.

Il arrive une goutte d’eau, comme un crachat, sur la vitre du coucou.

Le ciel devient sombre — un coup de tonnerre au loin, — la pluie à torrents.

Un voyageur de l’impériale demande si on peut lui donner asile. On n’ose lui refuser, mais chacun se fait gros pour ne pas l’avoir à son côté.

Ma tante seule se fait mince et montre qu’il y a de la place à sa gauche, de son côté.

Elle est bonne et se sacrifie ; elle appuie à droite, elle est presque assise sur moi, qui en ai la chair de poule…

À chaque coup de tonnerre, elle fait un saut et paraît avoir bien peur. Je crains qu’elle ne voie la petite cicatrice qui fait anneau, et je ne sais où mettre mon nez. Mais comme c’est doux, cette femme à moitié dans mes bras, et dont le souffle me fait chaud dans le dos !…


Nous sommes arrivés ; il pleut toujours.

Elle se retrousse, sous le porche, pendant qu’on dételle la diligence dont la bâche ruisselle, et que j’étire mes jambes moulues.

« Il n’y a pas moyen d’avoir une voiture ?

— Une voiture, pour aller aux Aigues, avec des chemins larges d’un pied, et des ornières comme des cavernes ! Vous plaisantez, ma petite dame !

— Dis donc, Jacques ! Qu’allons-nous devenir ? »

Elle me regarde, et elle rit.

« S’il y avait une chambre où s’abriter en regardant l’orage.

— Nous en avons une, dit l’aubergiste.

— Ah ! »


DANS LA CHAMBRE


« Je me sens toute mouillée, sais-tu… »

Comment ! le temps d’aller de la voiture sous le porche !

« Toute mouillée. — J’ai de l’eau plein le cou. Ça me roule dans la poitrine. Oh ! c’est froid… Il faut que j’ôte ma guimpe… Tu permets !… Je vous fais peur, Monsieur ? »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Des cris, une explosion de cris !

On m’appelle…

« Vingtras ! Vingtras ! »

Ils sont dix à demander Vingtras.

C’est la seconde étude qui est venue en promenade de ce côté et qui s’est précipitée dans l’auberge.

Je vois cela à travers le rideau.

Madame Devinol saute sur la porte et la ferme à clef ; puis elle se ravise.

« Non, sors plutôt ; va, va vite ! »

Je cherche mon chapeau, qui n’y est pas.

« Avez-vous vu mon chapeau ?

— Sors donc, que je referme !

— Oui, oui ; mais qu’est-ce que je dirai ?

— Tu diras ce que tu voudras, imbécile ! »


Voici ce qui s’était passé.

En entrant dans l’auberge on avait remarqué sur une table un pardessus bizarre, c’était le mien, et mon chapeau à gros poils.

On m’avait reconnu !…


ÉPILOGUE


Je suis forcé de quitter la ville. On a jasé de mon aventure.

Le proviseur conseille à mon père de m’éloigner.

« Si vous voulez, mon beau-frère le prendra à Paris, à prix réduit, comme il est fort, dit le professeur de seconde. Voulez-vous que je lui écrive ?

— Oui, mon Dieu, oui, » dit mon père, qui a envie d’aller faire un tour à Paris. C’est une occasion.

On fixe le chiffre. Je me jette dans les bras de ma mère ; je m’en arrache, et en route !


Nous courons sur Paris.