A. Dragon (p. 45-49).



A spice convexo nutantem pondere mundum,
Terrasque tractusque maris cœlumque profundum ;
A spice, venturo lœtantur ut omnia sœclo.


On disait la race morte…
Mais à tout le jour du ciel
La maison ouvre sa porte,
La ruche est pleine de miel.

 
L’Été roule des montagnes
Avec les torrents gonflés,
On entend dans les campagnes
Ruisseler l’âme des blés.


Pour la future bataille,
Ô pain des forts, tu mûris.
C’est l’avenir qui travaille
Dans le peuple des épis.



Nous pouvons lever la tête,
Nous pouvons tendre nos vers
Comme la coupe de fête
Où vient boire l’univers.

 
On disait la France morte,
Et pourtant jamais, mon Dieu,
Je n’ai vu race si forte
Marcher sous ton grand ciel bleu.


Un soupir gonfle ta gorge,
Ô femme, les temps sont beaux.
L’aire, la grange regorge,
Les fleurs sortent des tombeaux,

 
Et toute la sève abonde
Dans le chêne triomphant.
Tu le sais, il vient. Le monde
Tient dans les yeux d’un enfant.



Ô Mistral, j’ai chanté te contemplant de loin.


Maître, dans une langue où l’avenir respire,
Toi seul as dit les mots dont la France a besoin.
Quand sur Rome qui meurt Lamartine soupire,
Dans tes puissantes mains tu recueilles l’Empire.
Fondateur de cités, tu ne tomberas point.