A. Dragon (p. 27-29).



Matri longa decem tulerunt fastidia menses.


 
Dans les rochers entrouverts
Ruissellent les sources vives,
Au fond des chauds lauriers verts
Les colombes sont plaintives.


Le printemps dans les sillons
À pas lumineux s’avance,
Et l’odeur des genêts blonds
Enveloppe la Provence.


Ivres dans les vents nouveaux,
En mordant les jeunes branches
Entends hennir les chevaux,
Les combes sont toutes blanches.



Les grands souilles triomphants
Épousent les forêts vertes
Et de beaux rires d’enfants
Sortent des maisons ouvertes.


Mais toi, dont le sang en fleurs
Germe avec la saison sainte,
Tu sens déjà les douleurs
Qui sacrent la femme enceinte.


Dans le bassin, le laurier
Trempe ses branches, mais lasse,
Toute pâle, entends crier
Au fond de ta chair, ta race.


Gloire au printemps, gloire au jour !
Déchire-toi, sombre terre.
Déchire-toi, ventre lourd.
Enfante, ô nature, ô mère !