L’Encyclopédie/1re édition/YEUSE

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YEUSE, s. m. (Hist. nat. Bot.) ilex, genre de plante décrit sous le nom de chêne-verd. Voyez Chene-verd.

Il est si petit qu’il n’est qu’un arbrisseau ; mais nous ne devons pas le mépriser, puisque c’est sur ses feuilles & ses tendres rejettons, que se forme la coque de kermès, toute remplie de petits œufs & d’insectes, qui étant pressés entre les doigts, donnent une liqueur de couleur écarlate ; on ne trouve ces galles-insectes que sur les yeuses des pays les plus chauds, & seulement au fort des chaleurs, dans les mois de Mai & de Juin. Voyez Kermès.

L’yeuse est nommée ilex aculeata, cocci-glandifera, par C. B. P. 4. 25. Quercus foliis ovatis, dentato spinosis, Van-Royen, Flor. Leyd. Prodr. 81. 8.

C’est un arbrisseau dont la racine ligneuse rampe au loin & au large, couverte d’une écorce de différente couleur, selon la nature du terroir, tantôt noirâtre, tantôt rougeâtre ; elle est grêle, épaisse de quatre ou six lignes, quelquefois fibrée ; elle pousse plusieurs jets de la hauteur de trois ou quatre palmes, ligneux, revêtus d’une écorce mince, cendrée, partagés en plusieurs rameaux.

Ils sont chargés de feuilles placées sans ordre, dont les bords sont sinueux, ondés, armés d’épines, semblables aux feuilles du houx, mais plus petites, longues de huit ou dix lignes, larges de six ou sept, lisses des deux côtés, d’un beau verd ; elles ne tombent pas, & sont portées sur une queue longue d’environ deux lignes.

Cet arbrisseau donne des fleurs mâles & femelles sur le même pié ; les fleurs mâles forment un chaton lâche ; elles sont sans pétales, & ont un calice d’une seule piece, divisé en quatre ou cinq parties, dont les découpures sont partagées en deux, & terminées en pointes ; les étamines sont au nombre de huit ou environ, mais très-courtes, & à sommets à deux bourses. Les fleurs femelles sont aussi sans pétales, & posées sur un bouton sans pédicule, composées d’un calice d’une seule piece, coriace, hémisphérique, raboteux, entier, & que l’on a peine à découvrir.

L’embryon est ovoïde, & très-petit ; il porte deux ou cinq stiles déliés, plus longs que le calice, garnis de stigma simples, & qui subsistent. Le fruit est un gland ovoïde, lisse, couvert d’une coque coriace, attachée dans un petit calice, court, & comme épineux.

Cet arbuste croît dans les collines pierreuses des pays chaux, autour de Montpellier, de Nismes, d’Avignon, & autres endroits du Languedoc, où la graine d’écarlate est d’un grand revenu : il vient aussi en Provence, en Espagne, & en Italie. (D. J.)