L’Encyclopédie/1re édition/VOILE
VOILE, (Hist. & Critiq. sacrée.) piece de crêpe ou d’étoffe qui sert à couvrir la tête & une partie du visage.
Il y auroit bien des choses à dire sur le voile, soit au propre, comme littérateur, soit au figuré, comme chrétien, qui considere l’état des filles qui prennent le voile, c’est-à-dire qui se font religieuses. Bornons-nous cependant à quelques faits un peu choisis sur cette matiere.
L’usage d’avoir la tête couverte ou découverte dans les temples, n’a point été le même chez les différens peuples du monde. Les anciens romains rendoient leur culte aux dieux la tête couverte. Caligula voulut qu’on l’adorât comme un dieu, la tête voilée ; ensuite Dioclétien prescrivit la même chose. Alexander ab Alexandro témoigne que selon l’ancienne coutume dans les sacrifices & autres cérémonies sacrées, celui qui sacrifioit, immoloit la victime, la tête voilée ; cependant ceux qui sacrifioient à l’Honneur & à Saturne, comme à l’ami de la vérité, avoient la tête découverte ; dans les prieres qu’on faisoit devant le grand autel d’Hercule, c’étoit l’usage d’y paroître la tête découverte, soit à l’imitation de la statue d’Hercule, soit parce que cet autel & le culte d’Hercule existoient avant le tems d’Enée, qui le premier introduisit la coutume de faire le service divin avec un voile sur la tête.
Et capite ante aras phrygio velatus amictu.
Les mages avoient dans leurs cérémonies un voile qui leur couvroit la tête. Hyde en allegue une raison, c’est afin que leur haleine ne souillât pas le feu sacré, devant lequel ils récitoient leurs prieres. Cornelius à Lapide remarque que les sacrificateurs des Juifs ne prioient ni ne sacrifioient point à tête découverte dans le temple, mais qu’ils la couvroient d’une tiare qui leur faisoit un ornement.
Quant aux prêtres modernes, M. Assemani rapporte que le patriarche des Nestoriens officie la tête couverte : que celui d’Alexandrie en fait de même, ainsi que les moines de S. Antoine, les Cophtes, les Abyssins & les Syriens maronites. Mais S. Paul décida que les hommes doivent prier la tête découverte, & que les femmes soient voilées dans les temples. Or qu’arriva-t-il dans la primitive église, de cette ordonnance de S. Paul ? Une chose bien singuliere à l’égard des femmes ; on suivoit son précepte pour celles qui étoient veuves ou mariées, mais on en dispensa les filles, afin de les engager par cette marque d’éclat à prendre le voile spirituel, c’est-à-dire à se faire religieuses.
Quand on se fut mis dans l’esprit d’élever le célibat au-dessus du mariage, comme un état de perfection au-dessus d’un état d’imperfection, on n’oublia rien pour y porter le beau sexe ; & pour le gagner plus surement, on employa entr’autres moyens, le puissant motif des distinctions & de la vaine gloire. Voilà du moins ce qui se pratiquoit en Afrique, au rapport de Tertullien, dans son livre de velandis virginibus.
Les femmes alloient à l’église voilées ; on permit aux filles d’y paroître sans voile, & ce privilege les flatta. Ceux qui prenoient la défense de cet abus, dit Tertullien, soutenoient que cet honneur étoit dû à la virginité, & que cette prérogative qui caractérisoit la sainteté des vierges, ne devoit point leur être ôtée, parce qu’étant remarquables dans les temples du Seigneur, elles invitoient les autres à imiter leur conduite. Aussi quand la question de voiler les vierges fut mise sur le tapis, plusieurs représenterent qu’on manqueroit de ressources pour engager les filles au vœu de virginité, si on détruisoit ce motif de gloire ; mais, dit Tertullien, là où il y a de la gloire, il y a des sollicitations ; là où il y a des sollicitations, il y a de la contrainte ; là où il y a de la contrainte, il y a de la nécessité ; & là où il y a de la nécessité, il y a de la foiblesse ; or, ajoute-t-il, la virginité contrainte est la source de toutes sortes de crimes. Hæc admittit coacta & invita virginitas.
Enfin les raisons de Tertullien commencerent à prévaloir, moins par leur solidité, que parce qu’il les appuya du passage de S. Paul, que la femme devoit porter un voile dans l’église à cause des anges ; ce pere africain avoit la dans le fabuleux livre d’Enoch, que les anges devenus amoureux des filles des hommes, les avoient épousées, & en avoient eu des enfans. Prévenu de cette imagination commune à plusieurs autres anciens, il se persuada que S. Paul avoit voulu dire que les femmes, & à plus forte raison des filles, devoient être voilées, pour ne pas donner de l’amour aux anges qui se trouvoient dans les assemblées des fideles. Il faut excuser ces ridicules interprétations qui ne regardent point la foi ; mais en même tems il faut se souvenir qu’une infinité de fausses explications de l’Ecriture n’ont point d’autre cause que les erreurs dont on se nourrit, & qu’on cherche à appuyer. Clement d’Alexandrie a été plus heureux que Tertullien dans l’interprétation du mot d’anges employé par S. Paul. Ce sont les justes, selon lui, qui sont les anges. Ainsi, continue-t-il, les filles doivent porter le voile dans l’église comme les femmes, afin de ne pas scandaliser les justes. Car pour les anges du ciel, ils les voient également, quelques voilées qu’elles puissent être ; mais la modestie doit être l’apanage de tout le sexe en général & en particulier.
Voilà pour ce qui regarde le voile des femmes, dans la signification propre de ce mot ; qu’il me soit permis d’y joindre quelques traits tirés de notre histoire, concernant le voile pris dans le sens figuré, pour l’état de religieuse. On voit par des lettres de Philippe le long, datées l’an 1317, un usage qui paroît bien singulier ; on donnoit alors le voile de religion à des filles de l’âge de huit ans, & peut-être plutôt ; quoiqu’on ne leur donnât pas la bénédiction solemnelle, & qu’elles ne prononçassent pas de vœux, il semble cependant que si après cette cérémonie elles sortoient du cloître pour se marier, il leur falloit des lettres de légitimation pour leurs enfans, afin de les rendent habiles à succéder : ce qui fait croire qu’ils auroient été traités comme bâtards sans ces lettres. Regître 53 du trésor des chartes, piece 190.
Un fait bien différent, c’est que plus de deux cens ans auparavant, vers l’an 1109, S. Hugues, abbé de Cluni, dans une supplique pour ses successeurs, où il leur recommande l’abbaye de filles de Marcigni qu’il avoit fondée, leur enjoint de ne point souffrir qu’on y reçoive aucun sujet au-dessous de l’âge de vingt ans, faisant de cette injonction un point irrévocable, comme étant appuyé de l’autorité de toute l’église.
On ne doit pas non plus, par rapport aux religieuses, omettre un usage qui remonte jusqu’au douzieme siecle ; on exigeoit qu’elles apprissent la langue latine, qui avoit cessé d’être vulgaire ; cet usage dura jusqu’au quatorzieme siecle, & n’auroit jamais dû finir. Un autre usage plus important n’auroit jamais dû commencer, c’est celui de faire des religieuses. Abrégé de l’histoire de France, p. 276. (D. J.)
Voile de religieuse, s. f. (Draperie.) espece d’étamine très-claire, dont on fait les voiles des religieuses, d’où elle a pris son nom. Elle sert aussi à faire des doublures de juste-au-corps en été, & même des manteaux courts pour les gens d’église & de robe, qui sont très-commodes pour leur légéreté. (D. J.)
Voile, (Marine.) assemblage de plusieurs lés, ou bandes de toile cousues ensemble, que l’on attache aux vergues ou étais, pour recevoir le vent qui doit pousser le vaisseau. Chaque voile emprunte le nom du mât où elle est appareillée. Ainsi on dit voile du grand mât, du hunier, de l’artimon, de misaine, du perroquet, &c. Celle de beaupré s’appelle la civadiere ou sivadiere. Voyez Civadiere. Il y a encore de petites voiles qu’on nomme bonnettes, qui servent à alonger les basses voiles, pour aller plus vîte. Voyez. Bonnettes. Presque toutes les voiles dont on fait usage sur l’Océan, sont quarrées, & on en voit peu de triangulaires, qui sont au contraire très-communes sur la Méditerranée.
Les voiles doivent être proportionnées à la longueur des vergues, & à la hauteur des mâts ; & comme il n’y a point de regles fixes sur ces dimensions de mâts & des vergues (Voyez Mat & Mature), il ne peut y en avoir pour les voiles.
Voici cependant la voilure qu’a un vaisseau ordinaire ; & pour plus d’intelligence Voyez la Pl. XXII. Marine, les proportions & figures des principales voiles pour un vaisseau du premier rang.
Voilure d’un vaisseau de grandeur ordinaire.
aunes de toile. | |
Grande voile, 22 cueilles de large, 16 aunes & demie de hauteur, avec sa bonnette ; entout | 363. |
Voile de misaine, 19 cueilles de large, 14 aunes de haut ; en tout | 266. |
Voile d’artimon, 18 cueilles de large, & 9 aunes de hauteur à son milieu ; en tout | 260. |
Grand hunier, 13 cueilles de large à son milieu, & 20 aunes de hauteur ; en tout | 260. |
Petit hunier, 11 cueilles de large à son milieu, & 17 aunes & demie de hauteur ; en tout | 193. |
Civadiere, 16 cueilles de large, & 10 aunes de haut ; en tout | 160. |
Grand perroquet, 7 cueilles de large, & 8 aunes de battant ; en tout | 60 |
Perroquet de beaupré, 9 cueilles à son milieu, & 19 aunes de battant ; en tout | 160. |
Perroquet de misaine, 6 cueilles, de large, & 9 aunes de battant ; en tout | 45. |
Perroquet d’artimon, 18 cueilles de large, & 9 aunes de battant ; en tout | 77. |
Le tout ensemble fait | 1766 |
Il n’y a point de regles pour les étais, ni pour les bonnettes.
Voici quelques remarques sur la forme & l’usage des voiles.
1°. Plus les voiles sont plates, plus est grande l’impulsion du vent. sur elles. Parce que premierement, l’angle d’incidence du vent sur elles est plus grand ; en second lieu, parce qu’elles prennent plus de vent ; & enfin parce que l’impression qu’elles reçoivent du vent est plus uniforme.
2°. Les voiles quarrées ont plus de force que les triangulaires, parce qu’elles sont plus amples ; mais aussi elles ont un plus grand attirail de manœuvres ; sont plus difficiles à manier, & ne se manient que très-lentement.
3°. Les voiles de l’avant, c’est-à-dire de misaine & de beaupré, servent à soutenir le vaisseau, en empêchant qu’il ne tangue, & n’aille par élans.
Elles servent aussi à le faire arriver, quand elles sont poussées de l’arriere par le vent. Voyez Manege du navire.
4°. L’usage de la voile d’artimon ne consiste pas seulement à pousser le vaisseau de l’avant, mais à le faire venir au vent. Voyez l’article ci-dessus. Voilà pourquoi on la fait triangulaire, parce qu’on la cague plus vite ; qu’elle présente plus au vent, & que ses haubans ne la gênent pas.
A l’égard des usages des autres voiles, comme les voiles d’étai, les bonnettes, ils concourent à ceux dont je viens de parler.
Les Grecs attribuent l’invention de la voile à Dédale ; quelques autres peuples à Eole, & Pline en fait honneur à Icare : tout cela est fort vague & sans preuve. J’ai eu occasion de rechercher autrefois l’origine de la voile, & j’ai expliqué une médaille qui paroît avoir été frappée au sujet de cette origine.
J’ai représenté cette médaille dans les Recherches historiques sur l’origine & les progrès de la construction des navires des anciens. On y voit une femme qui est debout sur la proue d’un navire, tenant avec ses deux mains élevées & étendues, son voile de tête qui semble flotter au gré des vents. Un génie paroît descendre du haut d’un mât, posé au milieu du navire ; après y avoir attaché une voile à une vergue surmontée de deux palmes. Un autre génie est debout derriere la pouppe de ce navire, montrant d’une main la voile attachée au mât. Sur la pouppe est un troisieme génie, sonnant de la trompette ; & en dehors un quatrieme génie, qui tient une sorte de luth ou de guittare.
Telle est l’explication que j’ai donnée de cette médaille, d’après le trait d’histoire suivant, que j’ai tiré de Cassiodore.
On lit dans la xvij. épître du liv. V. de cet auteur, qu’Isis ayant perdu son fils qu’elle aimoit éperduement, se proposa de mettre tout en œuvre pour le trouver. Après l’avoir cherché sur terre, elle veut encore visiter les mers. A cette fin elle s’embarque dans le premier bâtiment que le hasard lui fait rencontrer. Son courage & son amour lui donnent d’abord assez de forces pour manier de lourdes rames ; mais enfin épuisée par ce rude travail, elle se leve, & dans la plus forte indignation contre la foiblesse de son corps, elle défait son voile de tête : pendant ce mouvement les vents font impression sur lui, & font connoître l’usage de la voile.
C’est précisément Isis qui est représentée dans la médaille dont il s’agit, & dont on a voulu transmettre cette action singuliere à la postérité. En effet, par ce génie qui descend du mât, on a voulu apprendre que le voile d’lsis a donné lieu à l’usage de la voile. Le génie qui montre cette voile avec la main, signifie que c’est le sujet de remarque de cette médaille. Le génie sonnant de la trompette, instrument dont on se servoit sur mer, annonce & publie cette importante découverte. Celui qui tient cette sorte de luth, ou de guittare, représente les instrumens au son desquels on faisoit voguer les rameurs, & indique que malgré l’usage de la voile, les navires sentiront toujours le coup des avirons. Enfin les deux palmes que l’on voit au haut du mât, sont le signe de la victoire qu’à la faveur des voiles on remporte sur la violence des flots, & sur la fureur des mers. Rech. hist. sur l’orig. &c. pag. 19 & 20.
Anciennement les voiles étoient de différentes figures. On en voit dans des médailles & sur des pierres gravées, de rondes, de triangulaires & de quarrées. Elles étoient aussi de différentes matieres ; les Egyptiens en faisoient de l’arbre appellé papyrus ; les Bretons du tems de César, en avoient de cuir, & les habitans de l’île de Bornéo en font encore aujourd’hui de la même matiere : on en faisoit aussi de chanvre. Sur le Pô, & même sur la mer, on en voyoit de joncs entrelacés, Plin. l. XVI. ch. xxxvij. La plante que les Latins appellent spartum, & que nous appellons genêt d’Espagne, étoit encore une matiere pour les voiles ; mais le lin étoit celle dont on se servoit ordinairement, & voilà pourquoi les Latins appelloient une voile carbasus.
Aujourd’hui les Chinois en font de petits roseaux fendus, tissus, & pasfés les uns sur les autres ; les habitans de Bantam se servent d’une sorte d’herbe tissue avec des feuilles ; ceux du cap de Los tres Puntas en font beaucoup de coton.
Suivant Pline, on plaça d’abord de son tems, les voiles les unes sur les autres ; on en mit ensuite à la pouppe & a la proue, & on les peignit de différentes couleurs, Plin. l. XIX. c. j. Celles de Thésée, quand il passa en Crete, étoient blanches ; les voiles de la flotte d’Alexandre, qui entra dans l’Océan par le fleuve Indus, étoient diversement colorées ; les voiles des pyrates étoient de couleur de mer ; celles du navire de Cléopatre, à la bataille d’Actium, étoient de pourpre. Enfin on distinguoit les voiles d’un vaisseau par des noms différens ; on appelloit epidromus, la voile de pouppe ; dolones, les voiles de la proue ; thoracium, celle qui étoit au haut des mâts ; orthiax, celle qui se mettoit au bout d’une autre ; & artemon, la trinquette.
Les voiles étoient attachées avec des cordes faites avec leur même matiere. On y employoit aussi des feuilles de palmier, & cette peau qui est entre l’écorce & le bois de plusieurs arbres. Théoph. Hist. plant. 4 & 5.
Des courroies tenoient encore lieu de cordes, comme nous l’apprend Homere, ainsi cité par Giraldus.
Cet auteur rapporte les noms de différens cordages dont se servoient les Grecs. C’est un détail sec, qui ne peut être d’aucune utilité dans l’histoire même.
Il me reste à expliquer quelques façons de parler au sujet des voiles, & à définir celles qui ont des noms particuliers.
Avec les quatre corps des voiles ; maniere de parler à l’égard d’un vaisseau qui ne porte que la grande voile, avec la misaine & les deux huniers.
Faire toutes voiles blanches ; c’est pirater, & ne faire aucune différence d’amis & d’ennemis.
Forcer de voiles ; c’est mettre autant de voiles qu’en peut porter le vaisseau, pour aller plus vîte.
Ce vaisseau porte la voile comme un rocher ; on veut dire par-là qu’un vaisseau porte bien la voile, qu’il penche peu, quoique le vent soit si violent, qu’un autre vaisseau plieroit extrémement.
Les voiles sur les cargues ; c’est la situation des voiles qui sont dessélées, & qui ne sont soutenues que par les cargues.
Les voiles sur le mât ; cela signifie que les voiles touchent le mât ; ce qui arrive quand le vent est sur les voiles.
Régler les voiles ; c’est déterminer ce qu’il faut porter de voiles.
Toutes voiles hors ; c’est avoir toutes les voiles au vent.
Les voiles au sec ; on entend par-là que les voiles sont dessélées & exposées à l’air, pour les faire secher.
Les voiles fouettent le mât ; mouvement de la voile, qui lui fait toucher le mât par reprises.
Voile ; ce mot se prend pour le vaisseau même : ainsi une flotte de cent voiles, est une flotte composée de cent vaisseaux.
Voile angloise ; c’est une voile de chaloupe & de canot, dont la figure est presque en losange, & qui a la vergue pour diagonale.
Voile d’eau ; c’est une voile que les Hollandois mettent dans un tems calme, à l’arriere du vaisseau, vers le bas, & qui plonge dans l’eau, afin que la marée la pousse, & que le sillage en soit par-là augmenté. Elle sert aussi pour empêcher que le vaisseau ne roule & ne se tourmente, parce que le vent & l’eau, qui la poussent de chaque côté, contribuent à l’équilibre.
Voile défoncée ; voile dont le milieu est emporté.
Voile de fortune ; voyez Treou.
Voile de la relingue ; voile dont la ralingue qui la bordoit a été déchirée.
Voile en banniere ; c’est une voile dont les écoutes ont manqué, & qui voltige au gré des vents.
Voile en patenne ; voile qui ayant perdu sa situation ordinaire, se tourmente au gré des vents.
Voile enverguée ; voile qui est appareillée à sa vergue.
Voile latine, ou voile à oreille de lievre ; voyez Latine.
Voile quarrée ; c’est une voile qui a la figure d’un parallélogramme ; telles sont les voiles de presque tous les vaisseaux qui naviguent sur l’Océan.
Voiles basses, ou basses voiles ; on appelle ainsi la grande voile & la voile de misaine.
Voiles de l’arriere ; ce sont les voiles d’artimon & du grand mât.
Voiles de l’avant ; voiles des mâts de beaupré & de misaine.
Voiles d’étai ; voiles triangulaires, qu’on met sans vergues aux étais. Voyez Étai.
Voile, (Charpent.) on appelle ainsi dans la Lorraine ce qu’on nomme ailleurs des trains. Ils sont composés de planches qui se scient dans les montagnes de Vosge, & qu’on conduit & fait flotter sur la Moselle, pour les mener à Nanci ou à Metz. (D. J.)
Voiles, (Jardinage.) sont certaines feuilles qui étant épanouies forment une espece d’étendarts. Les fleuristes se servent assez de ce terme.
Voile, (Peinture.) est un crépe de soie noire trés-fin & serré, au point qu’on puisse cependant voir facilement les objets au-travers : les peintres s’en servent lorsqu’ils veulent faire quelques copies. On coût au-tour de ce crêpe une bande de toile, & on le tend sur un chassis de bois : on applique ce crépe sur le tableau ou dessein qu’on veut copier, & comme on voit au-travers les objets du tableau, on les dessine sur le voile avec un crayon de craie blanche : lorsque cela est fait, on couche par terre la toile sur laquelle on veut transmettre ce dessein, & on applique dessus ce voile, qu’on a ôté de dessus le tableau sans le secouer, on l’y assujettit de façon qu’il y pose également, avec un linge en plusieurs doubles, dessus tous les traits tracés sur le voile, qui passant au-travers s’impriment sur la toile. Après on ôte le voile, & on le frotte de nouveau avec le linge, pour en faire tomber ce qui pourroit y rester de craie.